Le ministre de la santé François Braun veut instaurer des consultations gratuites pour chaque Français à 25, 45 et 65 ans. Si elle est efficace pour l’espérance de vie, cette politique de prévention serait trop lourde pour les médecins généralistes déjà débordés.
« Le cœur d’un système de santé ne devrait pas être de soigner mais de prévenir »
« Mieux vaut prévenir que guérir » : l’adage est repris par le ministre de la Santé François Braun, qui souhaite la création de consultations médicales gratuites. Cette mesure sera inscrite dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2023, présenté fin septembre en Conseil des ministres. La prévention est un enjeu phare des prochaines années, car elle permettrait de gagner en espérance de vie dans le cas de certaines pathologies. C’est vrai par exemple pour le cancer du poumon.
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Pour les patients de 25 ans, la consultation abordera leur mode de vie. A 45 ans, le médecin se penchera sur le dépistage de certains cancers et à 65 ans, c’est la perte d’autonomie qui sera évoquée. L’objectif est d’établir trois axes de prévention, car « le cœur d’un système de santé ne devrait pas être de soigner mais de prévenir », martèle le professeur Gilbert Deray, professeur honoraire à l’Université Paris 8. Aujourd’hui, l’espérance de vie avoisine les 80 ans mais celle en bonne de santé n’est que de 67 ans. « Même si cette décennie entre 67 et 80 ans se passe plutôt bien grâce à la médecine, il y a les cancers et les maladies métaboliques qui compliquent la vie », poursuit Gilbert Deray.
Cette politique de prévention va se heurter à la pénurie de généralistes, dont certains travaillent 55 heures par semaine
Ces consultations seront prises en charge par le médecin traitant, mais 6 millions de Français n’en ont pas à ce jour. La prévention va donc forcément se heurter à la pénurie de généralistes : « la population médicale essaie déjà de faire face à une demande de soins explosive, il y a des médecins qui travaillent 55 heures par semaine », s’agace Jérôme Marty, président de l’Union Française pour une Médecine Libre. « L’urgence est plutôt de relancer cette profession pour qu’il y ait plus d’effectifs ». L’autre urgence selon les médecins est d’appliquer cette nouvelle politique au public précaire, très exposé aux maladies chroniques. Cette population a cependant peu de contact avec le monde de la santé et ces consultations gratuites n’y changeront rien.
Rémi Pfister
Retrouvez le reportage de Rémi Pfister à partir de 02:30