Emmanuel Macron présente ce mardi 13 septembre sa réforme des lycées professionnels. Il veut faire cohabiter deux ministères qui n’ont pas l’habitude de travailler ensemble, celui de l’Education et celui de l’Enseignement et de la Formation professionnelle.
« En stage, les élèves ne voient pas l’ensemble des savoirs professionnels »
A peine la moitié des élèves issus d’un CAP ou d’un bac pro sont en emploi après 2 ans, un triste constat. Le gouvernement entend améliorer l’insertion avec une « transformation profonde » de la voie professionnelle. Emmanuel Macron avait annoncé fin août devant les recteurs sa volonté de « ré-arrimer très en profondeur et en amont le lycée professionnel avec le monde du travail ». Il a fait de cette réforme une priorité. La première mesure phare est l’augmentation de la durée des stages de 50% dès la rentrée 2023. Sigrid Gérardin, du syndicat enseignant Snuep FSU, redoute ce qu’elle appelle un formatage à l’emploi : « ce qu’il faut bien comprendre, c’est que l’entreprise n’est pas formatrice. Nos élèves, quand ils sont en stage, apprennent des gestes techniques et ne voient pas l’ensemble des savoirs professionnels ».
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Le gouvernement veut par ailleurs accroître le nombre de professeurs associés issus du monde de l’entreprise et renforcer leur place dans les conseils d’administration des lycées. Des idées cohérentes, estiment Laurent Munerot, de l’Union des entreprises de proximité : « ça permettra d’orienter les formations, les besoins en compétences. On parle de formation professionnelle, c’est pas un vilain mot de dire qu’on va embaucher un professionnel pour faire certains cours ». Avec cette réforme, Emmanuel Macron veut rapprocher le modèle du lycée professionnel avec celui de l’apprentissage, et l’idée n’est pas nouvelle, explique l’historien de l’éducation, Vincent Troger : « ça fait plusieurs décennies qu’on est sur ce type de projet, ce qui veut bien dire que c’est compliqué à mettre en œuvre. Il s’agit de faire cohabiter deux ministères qui n’ont pas du tout l’habitude de travailler ensemble ». Les enseignants attendent désormais les concertations avec le gouvernement. L’intersyndicale se réunira le 22 septembre pour décider des actions à mener. Des grèves sont envisagées.
Elodie Vilfrite
Ecoutez le reportage d’Elodie Vilfrite (à partir de 4’30) :