Noël Le Graët a fini par être emporté par le scandale. Il a été « mis en retrait » de la présidence de Fédération française de football (FFF) par son Comité exécutif extraordinaire réuni hier après plusieurs polémiques.
Eric Borghini, membre du comité exécutif : « c’est un peu comme dans un conseil de famille »
Les 14 membres de l’instance, dont fait lui-même partie Noël Le Graët, ont acté la mise en retrait du patron de la FFF jusqu’à la publication d’un rapport de d’audit sur les dysfonctionnements de la fédération. Noël Le Graët a quitté son poste malgré tout très sûr de lui, à en croire Eric Borghini, un des participants à la réunion : « c’est un peu comme dans un conseil de famille. On s’est parlé avec le cœur, on a dit tout ce qu’on avait à dire. Le président a assuré qu’il n’avait rien fait, et se dit certain que le rapport d’audit ne contiendra absolument à rien contre lui ». Pourtant les affaires qui pèsent contre le patron du foot français sont nombreuses. S’il a envoyé une lettre d’excuses à Zinédine Zidane suite à ses propos inappropriés, Noël Le Graët reste accusé de harcèlement sexuel et sa gouvernance de la fédération est décriée.
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« On a vraiment pris la mesure de l’impact de toutes ces affaires qui touchent quand même la fédération sportive la plus importante du pays, et donc parmi toutes les solutions, le statu quo n’était pas possible. La mise en retrait est celle qui a été son choix », poursuit Eric Borghini. Et cette mise en retrait est historique. Selon l’avocat en droit du sport, Christophe Bertrand : « De mémoire en tout cas, ça n’a jamais été vécu à la Fédération française de football. Le poste de président est vacant et les statuts prévoient qu’en ce moment, c’est le vice-président qui assure l’intérim ». C’est donc Philippe Diallo qui prend la tête de la Fédération au moins jusqu’à mi-février et la publication des résultats de l’audit diligenté par le ministère des Sports.
Yoann Lemaire : « C’était inévitable que Noël Le Graët doive se mettre en retrait »
Pour éviter de telles dérives, faut-il changer les modes de gouvernances des fédérations délégataires ? Une loi qui date de 2022 est en passe de rentrer en application comme le rappelle Christophe Bertrand : « Il y a toute une réflexion sur la gouvernance des fédérations et cette loi apporte des éléments nouveaux. Les fédérations délégataires doivent avoir un contrat d’engagement républicain avec l’État, qui prévoit de lutter contre toutes les formes de harcèlement physique, moral, sexiste ou sexuel. La loi de mars 2022 vient ajouter les règles de parité dans les instances dirigeantes des fédérations et également concernant la présidence des fédérations délégataires. Elle prévoit aussi de limiter le nombre de mandats à 3. Il va falloir que ces nouvelles dispositions entrent en application concrète et l’application ne commencera qu’à compter des renouvellements de délégation de 2024. On peut toujours considérer que ça ne va pas assez vite, en tout cas, ça évolue ».
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De son côté Yoann Lemaire, président de l’association Foot Ensemble et symbole de la lutte contre l’homophobie en France appelle à faire le ménage au sein d’une institution pourrie de l’intérieur et de son comité exécutif : « C’était inévitable que Noël Le Graët doive se mettre en retrait. Ce que je déplore, c’est que personne n’a bronché pendant des mois, voire des années à chaque fois qu’il disait une connerie médiatiquement. Tous les gens du comité exécutif l’ont soutenu, ça montre qu’on protège ses copains. Il y a un gros problème à la Fédération française de football et je pense qu’il faut y regarder sérieusement pour changer de politique ». Deux autres décisions importantes ont été prises lors de ce comité exécutif : Florence Hardouin, directrice générale, a été mise à pied à titre conservatoire, et la prolongation de Didier Deschamps comme sélectionneur des Bleus jusqu’en 2026 a aussi été actée.
Léonard Cassette
Ecoutez le reportage de Léonard Cassette (à partir de 3′)