Erik Orsenna était l’invité de la matinale de Dimitri Pavlenko ce mardi 1er juin. L’écrivain, membre de l’Académie Française, publie La passion de la fraternité – Beethoven aux éditions Stock / Fayard, une biographie du compositeur mythique par le prisme de ses ambitions humanistes.
Erik Orsenna : « Beethoven était animé par cette espérance absolue de la fraternité »
Suite à ses biographies d’André Le Nôtre, La Fontaine et Beaumarchais, Erik Orsenna a porté son choix sur le mythe Beethoven : « C’est un génie fraternel, ce qui est contradictoire car le génie est inatteignable (…) La seconde raison est qu’il est dans toutes les transitions, il naît en 1770 et a 19 ans quand la Bastille est prise, après cela c’est une suite d’espoir et de désillusion, l’espoir de la révolution et l’arrivée de la terreur, l’espoir de Bonaparte qui devient Napoléon, l’espoir de la paix qui devient la guerre, l’espoir de l’Europe unie qui va se déchirer (…) A chaque fois il y a une immense espérance et une désillusion (…) C’est aussi la transition en tant que musicien, entre le clavecin qui devient pianoforte puis piano ».
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Le personnage de Beethoven, figure centrale dans la musique occidentale et personnification du génie tragique, a profondément touché Erik Orsenna : « Les éléments de sa vie m’ont bouleversés, ce qui l’animait c’est cette espérance absolue de la fraternité, au même titre que l’addiction et la passion totale du Christ (…) Dans sa tête il pense que sa musique va permettre à tous les humains de s’aimer les uns les autres (…) c’est une gigantesque ambition et une fragilité ».
Erik Orsenna : « Beethoven a étendu notre territoire d’humains »
Erik Orsenna dresse le portrait du génie de Beethoven, qui ne tient ni de l’évidence du génie de Mozart, ni du génie heureux et emprunt de classicisme de Haydn : « Certains naissent génies, d’autres se construisent. Beethoven est un génie tardif (…) une lettre merveilleuse de Haydn, qui était son professeur, souligne que Beethoven souhaite apprendre mais également se libérer des règles apprises (…) Haydn voit en Beethoven quelque chose de sombre et d’étrange qui le conduira à inventer des choses que personne n’a inventé mais qui resteront sombres et étranges ».
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Erik Orsenna, qui se considère comme un passeur, poursuit donc avec Ludwig Van Beethoven son cycle de biographies de génies créateurs : « il y a une différence entre un créateur et un promeneur (…) Je suis un professeur, un passeur, ma passion est de faire comprendre, je suis donc à l’affut de ces grands créateurs et c’est pour ça que je fais les biographies des génies (…) Cette figure de créateur pour Beethoven signifie qu’il est le plus fort de tous les êtres humains mais en même temps le plus fragile (…) Beethoven a étendu notre territoire d’humains ».
Rémi Monti
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