Assa Traoré, « une icône fabriquée par les médias » : La mère d’un des gendarmes publie un livre sur l’affaire Adama Traoré

Chang Martin/SIPA

L’affaire Adama Traoré est au coeur d’un livre à paraître jeudi 29 septembre, 6 ans après la mort du jeune homme de 24 ans dans une gendarmerie du Val-d’Oise. Virginie Gautier, la mère d’un des trois gendarmes mis en cause, publie son ressenti sur un dossier qui n’est pas encore bouclé.

Virginie Gautier au Parisien : « Nous ne sommes pas une famille de fachos »

Virginie Gautier est la mère d’un des trois gendarmes mis en cause dans la mort d’Adama Traoré. Elle publie ce jeudi un livre, Mon fils n’est pas un assassin, écrit avec le journaliste du Point Erwan Seznec, aux éditions Robert Laffont. Un ouvrage qui sort alors que le dossier n’est pas bouclé, que la famille Traoré et les trois gendarmes attendent les résultats d’une 10ème expertise médicale sur les causes de la mort d’Adama Traoré. Cette mère de famille parle au Parisien parce que son fils ne peut le faire, soumis à un devoir de réserve. Pour cette femme qui se dit de gauche, syndicaliste, militante anti-raciste et fille de journaliste, la presse et l’opinion publique n’ont entendu qu’un seul son de cloche : celui d’Assa Traoré, la soeur d’Adama et de son avocat.

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« Nous ne sommes pas une famille de fachos » dit-elle. Virginie Gautier explique que les gendarmes ne sont toujours pas mis en examen mais « dans la tête de beaucoup, ils sont coupables ». Elle blâme les médias qu’elle accuse d’avoir fabriqué une icône : Assa Traoré. « Adama, c’est une marque déposée à l’Institut National de la Propriété Industrielle », poursuit-elle, « propriété collective de 10 membres de la famille Traoré qui se décline en photographies, t-shirts, cartes, serviettes de papier ». Elle reproche aux journalistes d’avoir été dupes, et aux artistes comme Omar Sy « d’avoir crié au racisme et à la violence sans savoir ». Plus loin, celle dont le fils a reçu des menaces, est harcelé et a dû quitter son domicile avec sa famille ajoute : « on a volontairement fait un amalgame entre l’affaire George Floyd aux Etats-Unis et l’affaire Adama Traoré. J’ai manifesté pour Black Lives Matters à Nantes et je suis d’accord avec Assa Traoré, 6 ans d’instruction c’est beaucoup trop long. Mais si la justice est trop longue ce n’est pas pour cacher la vérité, c’est parce que l’avocat de la famille Traoré a volontairement utilisé tous les artifices pour faire traîner l’instruction ».

 

Pour Assa Traoré, « la mort de son demi-frère est la chance de sa vie » : la phrase de trop du journaliste Erwan Seznec ?

Dans Le Figaro, Erwan Seznec, journaliste coauteur du livre, va plus loin : il assure qu’Assa Traoré a été entourée dès le début, « pour ne pas dire coachée par des militants semi-professionnels et des révolutionnaires germanopratins ». Il assure que l’entourage de la jeune femme est truffé de militants qui conspuent le racisme d’État, sans aller toutefois jusqu’à démissionner de la fonction publique. Pour le journaliste qui enquête sur l’affaire depuis le début, le dossier est vide et il a ces mots terribles : Adama Traoré est « une grave erreur de casting », ajoutant, « il n’est pas le Georges Floyd français et sa demi-sœur Assa Traoré n’est pas Angela Davis. Même parmi ses amis, le reproche monte : elle a transformé un deuil en rente, accédant à un statut de quasi-rock star. C’est terrible à dire, mais c’est factuellement irréfutable : la mort de son demi-frère est la chance de sa vie ». C’est peut-être le mot de trop dans cette interview, la mort d’un proche n’est pas une chance. Quant au mot de la fin il est sans appel : « le dossier devrait être classé, sauf retournement incroyable mais le comité «Vérité Adama» a déjà gagné ». Selon Erwan Seznec, le doute ne s’éteindra jamais, et quand les faits seront oubliés, il restera la légende : «ils» [les gendarmes] l’ont tué.

David Abiker

 

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