« Guerre entre races » : Manuel Valls veut « hystériser le débat public », selon Olivier Faure

Olivier Faure était l’invité de la matinale de Renaud Blanc jeudi 18 juin. Le premier secrétaire du Parti socialiste a vivement taclé Manuel Valls, pour qui « la lutte des classes disparaît au profit de la guerre entre races ». Il a jugé que le choix l’ex-Premier ministre de s’exprimer dans Valeurs Actuelles n’était « pas innocent » et a, lui, estimé que « la lutte des classes est omniprésente ». Il a jugé « scandaleux » les suppressions de postes annoncées par Air France et a appelé « à conditionner les aides » publiques. Pour lui, Emmanuel Macron, à Londres ce 18 juin, s’inscrit dans « une course à la récupération » du général de Gaulle.

Manuel Valls a « cette volonté d’hystériser en permanence le débat public », selon Olivier Faure

« Je dénis ce terme de race ». Le récent entretien accordé par Manuel Valls à Valeurs Actuelles a ulcéré le premier secrétaire du Parti socialiste. Dans les pages du mensuel, l’ancien Premier ministre y juge par exemple que « la lutte des classes disparaît au profit de la guerre entre races ». Une phrase qui a interpellé Olivier Faure, tout autant que le média choisi par l’ancien socialiste.

 

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« Je ne comprends pas cette volonté d’hystériser en permanence le débat public. Je ne comprends pas que Manuel Valls ait choisi Valeurs Actuelles pour le faire, ce n’est pas innocent. Il n’y a qu’une seule espèce, c’est l’espèce humaine », a-t-il cinglé, estimant à rebours de Manuel Valls que les conflits sociaux sont plus que jamais dominants en France.

 

 

« Regardez l’actualité sociale ces dernières années, la lutte des classes est omniprésente, avec les Gilets jaunes, le mouvement des soignants, des retraites…. Dire que cette guerre des races supplanterait la lutte des classes est une manière de ne pas traiter le sujet social », a-t-il accusé.

 

« Il faut éviter ce divorce entre une part de la population et les gardiens de la paix », pour Olivier Faure

Hier manifestaient à Paris des soignants en colère, qui craignent que les annonces d’Emmanuel Macron en faveur de l’hôpital fassent long feu. Des débordements n’ont pas manqué de se produire et l’arrestation musclée d’une infirmière, qui avait caillassé et insulté les forces de l’ordre, a fait réagir la classe politique, dans un climat de dénonciation des violences policières. Olivier Faure s’est défendu de renvoyer les deux partis « dos à dos ».

 

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« Tout doit nous choquer. Personne n’a à jeter de projectiles sur la police et la police n’a pas à interpeller de manière aussi violente une femme qui mesure 1,55m. La question du maintien de l’ordre est celle de la proportionnalité », a-t-il jugé, estimant que la « doctrine du maintien de l’ordre ne correspond ne rien à cette nécessité ». Il a ainsi fait référence aux tirs, qu’il réprouve, de LBD et de grenades de désencerclement lors des manifestations.

 

 

« La violence est condamnable partout. Les forces de l’ordre font un boulot extrêmement difficile. J’étais aux Invalides quand les événements se sont produits, j’ai discuté avec des policiers. Il faut éviter à tous prix ce divorce croissant entre une part de la population et les gardiens de la paix », a-t-il alerté, laissant entendre que ces débordements n’auraient pas eu lieu si le gouvernement avait entendu le message des soignants.

 

Emmanuel Macron, à Londres en hommage au général de Gaulle, s’inscrit dans « une course à la récupération », d’après Olivier Faure

« C’est quand même fou qu’après des mois de crise sanitaire, on ait encore besoin de manifester pour  sauver l’hôpital public », s’est-il indigné, lui qui réclame 6 milliards d’euros supplémentaires et par an pour les hôpitaux. Invité à réagir à l’annonce d’Air France, qui devrait opérer entre 8.000 et 10.000 licenciements prochainement, Olivier Faure a martelé que l’Etat ne pouvait « venir au secours d’une compagnie aérienne et accepter que cette compagnie licencie massivement ».

 

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« C’est scandaleux », a-t-il déclaré, appelant à « conditionner les aides » publique à un maintien de l’emploi. Un dossier, que ne gérera pas dans l’immédiat Emmanuel Macron, à Londres ce 18 juin pour célébrer les 80 ans de l’appel à la résistance du général de Gaulle.

 

 

Un déplacement présidentiel « logique » pour le premier secrétaire du PS, qui regrette toutefois « une course à la récupération« , « un peu ridicule » et « qui ne trompe personne ». « Mais évidemment, il faut rendre hommage au général de Gaulle. Il reste un exemple de ce que l’esprit français doit demeurer ».

 

Nicolas Gomont

 

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