Si le gouvernement a commis des fautes pénales, « il faut qu’elles soient sanctionnées » estime Marine Le Pen

Marine Le Pen était l’invitée de la matinale de Guillaume Durand mercredi 20 mai. La présidente du Rassemblement national a estimé que le Conseil scientifique se défausse en ne voulant « pas assumer un avis scientifique » sur la tenue du second tour des  municipales. Elle a jugé qu’Emmanuel Macron « est dans le déni » sur le manque de masques et fait preuve « d’une forme de mépris » à l’égard de ceux qui ont subi les pénuries. Marine Le Pen n’attaquera pas en justice le gouvernement pour sa gestion de crise, mais a jugé que « si des fautes pénales ont été commises, il faut qu’elles soient sanctionnées ».

Le Conseil scientifique « n’est pas à sa place », pour Marine Le Pen

« Ce n’est pas à l’opposition de décider si les élections doivent être maintenues ». Refusant de se prononcer en faveur ou en défaveur d’un report des municipales après le mois de juin, date non-définitive avancée pour l’heure par le gouvernement, Marine Le Pen a toutefois égrainé les conditions sanitaires – les mêmes « qu’avant le 1er tour » – qu’elle veut voir mises en oeuvre pour « garantir la sécurité des électeurs ». Il faudra « accorder aux présidents des bureaux et aux assesseurs des masques FFP2, en quantité suffisante, et donner aux électeurs un masque chirurgical à l’entrée pour qu’ils puissent voter dans des conditions optimales ».

 

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Des recommandations que la présidente du Rassemblement national devrait réitérer ce soir à Matignon, où sont convoqués tous les chefs de partis politiques pour discuter des suites à donner au premier tour des municipales du 15 mars dernier. Avant de trancher la question, le gouvernement attendait le rapport, remis hier, du Conseil scientifique. Si ce dernier ne s’oppose pas clairement à la tenue d’un scrutin en juin, ou même en septembre, il émet un nombre important de bémols à une telle issue.

 

 

Une position floue qu’a dénoncé Marine Le Pen. « Le Conseil scientifique, s’il est contre et qu’il ne le dit pas, alors il n’est pas à sa place. Après tout, il a été opposé à un certain nombre de mesures, ce qui n’a pas empêché le gouvernement de prendre ses responsabilités », a rappelé la député du Pas-de-Calais, faisant référence à l’avis du conseil émis à l’encontre d’une réouverture des écoles avant le mois de septembre.

 

Marine Le Pen pense qu’Emmanuel Macron « n’a pas changé » et qui est « dans le déni » sur les masques

« Plus personne n’est dans son rôle, plus personne ne veut prendre de décisions dans notre pays et les assumer. Le Conseil scientifique ne veut pas assumer un avis scientifique et le gouvernement ne veut pas prendre de décisions politiques », a surenchéri Marine Le Pen, citant une phrase de Georges Clémenceau prononcée au début de la Première Guerre mondiale : « Nous ne sommes ni défendus, ni gouvernés ». A ses yeux, les membres du gouvernement « n’ont eu de cesse de se cacher depuis 2 mois derrière le Conseil scientifique », et seulement « quand son avis allait dans leur sens ».

 

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« La ligne du gouvernement consiste depuis 2 mois à échapper à ses responsabilités. Ce n’est pas digne », a-t-elle déploré. Emmanuel Macron, bien qu’il ait confessé « des ratés » durant la gestion de la crise et qu’il se soit dit prêt à « se réinventer », « n’a pas changé » pour Marine Le Pen. « Ses grandes promesses étaient des déclarations de circonstances. Il est dans le déni, il a toujours raison et tout le monde à tort ». Dans une interview accordée récemment à nos confrères de BFMTV, Emmanuel Macron assurait qu’il n’y a « jamais eu de rupture de stock » sur les masques de protection.

 

 

« C’est une forme de mépris à l’égard de ceux qui se sont retrouvés à travailler sans masque. (…) Dès le départ, (le président et le gouvernement) ont menti. Il n’y avait pas de masques FFP2 en stock », a-t-elle argué, assurant de son côté ne pas s’être « beaucoup trompée sur cette crise » grâce aux médecins et conseils qui l’entourent.

 

Marine Le Pen favorable à « la suspension de Schengen » et à ce que les étrangers arrivant en France soient « mis en quarantaine » 

Marine Le Pen a poursuivi son propos en taclant l’objectif, non-atteint selon ses chiffres, de dépistages censés être menés dès le début du déconfinement. « On nous avait promis 700.000 tests le 11 mai. On est à 150.000″, a-t-elle expliqué, critiquant l’impossibilité de pouvoir se faire tester en l’absence de symptômes, malgré les encouragements du directeur général de la Santé, Jérôme Salomon, à se faire dépister « au moindre doute ».

 

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« Une municipalité ne peut pas mettre en place une campagne de tests ; le gouvernement et la justice leur a interdit de le faire », a également pointé du doigt Marine Le Pen, qui s’est réjouie d’avoir « la chance de ne pas avoir de symptômes ». Le Royaume-Uni, qui en dépit du Brexit n’a pas encore pris toutes les dispositions juridiques de sortie de l’U.E. et donc de l’espace Schengen, souhaiterait interdire les flux d’Européens sur son sols pour les semaines à venir.

 

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« Un état souverain doit maitriser ses frontières et doit pouvoir décider qui entre sur son territoire et qui s’y maintient », a tranché sans surprise Marine Le Pen, qui penche pour la poursuite d’une « suspension de Schengen ». « Les étrangers doivent être mis en quarantaine sur le territoire » et être testés, a-t-elle aussi réclamé. Pour l’heure, par la voix du ministre des Affaires étrangères, il a été indiqué que seuls les Français revenant de pays hors de l’Union Européenne pouvait se soumettre, sur la base du volontariat, à une quarantaine.

 

 

Marine Le Pen a assuré au micro de Guillaume Durand qu’elle ne poursuivra pas en justice le gouvernement

Marine Le Pen a récemment estimé, et pour la 4e fois depuis son accession au pouvoir, qu’Emmanuel Macron devrait dissoudre l’Assemblée nationale. Une décision qui serait évidente « dans une démocratie qui fonctionne normalement » pour elle. « A partir du moment où le président de la République n’a plus de majorité (NDLR : LREM a perdu d’un siège la majorité absolue avec la constitution d’un bloc de députés frondeurs), à partir du moment où il annonce qu’il va radicalement changer de politique, il faut revenir devant le peuple français », a-t-elle justifié.

 

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Si son parti milite politiquement et électoralement contre La République en Marche, Marine Le Pen a assuré au micro de Guillaume Durand qu’elle ne poursuivra pas en justice le gouvernement, dans le sillage des 61 saisines de la Cour de justice de la République à l’encontre de ministres pour leur gestion de la crise sanitaire.

 

 

« Les partis politiques doivent mener le combat sur le plan électoral. Après, que des soignants, parce qu’ils ont été abandonnés à leur sort, que des gens qui ont vu leurs parents mourir dans les Ehpad, que des malades qui n’ont pas été testés et qui ont vu leur état se dégrader, aillent devant la justice, je (le) conçois. Si des fautes pénales ont été commises, il faut qu’elles soient sanctionnées », a-t-elle conclu.

 

Nicolas Gomont

 

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