VALLIN Ninon

(1886 -1961) Soprano

Sa voix de soprano lyrique et sa qualité de diction ont fait de Ninon Vallin, dans l’entre-deux guerres, la représentante du chant français à l’étranger, particulièrement en Amérique du Sud où elle est adulée, mais aussi dans le monde entier. Dauphinoise comme Berlioz, elle est l’une des grandes interprètes de Marguerite dans La Damnation de Faust. Ses nombreux enregistrements restent une référence pour bien des chanteuses lyriques d’aujourd’hui.

Ninon Vallin en 10 dates :

  • 1886 : Naissance à Montalieu-Vercieu
  • 1911 : Le martyre de Saint Sebastien de Debussy
  • 1912 : Louise de Charpentier à l’Opéra Comique
  • 1916 : Départ pour l’Argentine
  • 1920 : Début à l’Opéra de Paris dans Thaïs de Massenet
  • 1931 : Enregistrement de Werther avec George Thill
  • 1934 : Manon à l’Opéra de Los Angeles
  • 1935 : Tournée en URSS
  • 1947 : Dernière à l’Opéra de Paris dans Les Noces de Figaro
  • 1961 : Mort à Lyon

Ninon Vallin passe sa jeunesse dans le Dauphiné et fait ses études au conservatoire de Lyon.

Née en Isère, non loin de la Côte Saint-André où naquit Berlioz, Joséphine Eugénie dite Ninon passe sa jeunesse dans sa région et découvre la musique au pensionnat où elle est scolarisée. Sa jolie voix incite son entourage à la présenter au conservatoire de Lyon dont elle sortira en 1910 avec un premier prix d’art lyrique.

Remplaçant une soprano dans l’opéra ballet de Debussy Le martyre de Saint Sebastien, créé au Châtelet dans un contexte de scandale religieux, la jeune Ninon Vallin révèle son talent au compositeur qui lui propose d’autres concerts et lance sa carrière. L’Opéra Comique l’engage dans Louise de Gustave Charpentier, qui sera l’un de ses rôles fétiches tout au long de sa carrière, puis dans Pelléas et Mélisande.

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Après Madrid et Buenos Aires, elle fera ses débuts à l’Opéra de Paris dans Thaïs.

Au début de la Première Guerre mondiale, elle part en Espagne, apprend l’espagnol et rencontre Manuel de Falla, ami de Debussy, qui lui confiera plusieurs créations dont La vida breve. Joaquin Nin lui dédiera aussi des chants populaires espagnols. En 1916, elle s’embarque avec d’autres musiciens pour l’Argentine et triomphe au Teatro Colon de Buenos Aires dans Faust de Gounod et Manon de Massenet. De retour en France à la fin de la guerre, elle retrouve l’Opéra Comique et enfin l’Opéra Garnier qui l’engage dans Thaïs puis les deux Marguerite de Berlioz et Gounod.

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Depuis leur rencontre en 1911 jusqu’à la mort de Reynaldo Hahn en 1947, leur complicité musicale fut totale. Le compositeur lui écrit des dizaines de mélodies et l’accompagne au piano en récital. D’autres pianistes seront aussi d’excellents accompagnateurs, de Robert Casadesus à Liliane Cellerier, assurant avec elle des tournées partout dans le monde.

 

Elle voyage dans le monde entier, chante sur les grandes scènes et enregistre beaucoup de disques.

Au faîte de sa gloire, elle parcourt le monde entier, l’Amérique du Nord et du Sud encore et toujours, l’URSS, le Maroc, l’Espagne…Ninon n’a cessé de voyager, aimant cela depuis qu’elle a été fascinée à l’école par les cartes de géographie ! Les grands espaces lui sont nécessaires, elle parcourt les pampas à cheval, apprend les chants populaires péruviens en langue quechua. Il lui faut une santé de fer pour affronter tous ces défis. Dans les années 1930 elle triomphe à Londres sous la direction de Thomas Beecham et enregistre un nombre incalculable de disques très souvent diffusés à la radio et qui la rendent très populaire. Elle innove en tournant des « cinéphonies », ancêtres des clips, tourne aussi dans deux films en 1937 et 1938 et participe à la rédaction d’un rapport sur le théâtre lyrique et l’enseignement musical en France. Pendant la guerre elle reste dans sa propriété proche de Lyon, donne quelques concerts caritatifs, et protège des musiciens juifs poursuivis par la Gestapo. Le pianiste François Lang lui confie sa collection inestimable de manuscrits de partitions, avant d’être arrêté et de mourir à Auschwitz. Après la fin de la guerre, Ninon restitue ce patrimoine à la sœur de François Lang, qui le dépose à la Fondation Royaumont qui en fait une Bibliothèque musicale, haut lieu de consultation et de recherche.

« Sérénade » de Gounod (tournage de 1936)

 

Après sa dernière à l’Opéra de Paris, elle part en tournée en Australie puis se consacre au récital et à l’enseignement.

C’est dans le rôle de la Comtesse des Noces de Figaro que Ninon fait ses adieux à l’Opéra de Paris en 1947, puis elle entreprend une tournée à l’autre bout du monde, à plus de soixante ans, en Australie et Nouvelle Zélande.

Dans les années 1950 elle enseigne l’art lyrique au conservatoire de Montevideo où elle se rend chaque année, mais aussi en France, dans sa propriété de Millery « La Sauvagère », où elle organise des concerts et accueille une véritable académie de jeunes chanteurs, puis au conservatoire de Lyon. Sa générosité et son amour du chant ne l’ont jamais quittée. Elle doit vendre son domaine et meurt à Lyon mais est enterrée à Millery.

 

Philippe Hussenot

 

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