REPIN Vadim

(1971- ) Violoniste

Vadim Repin, élève des violonistes Yehudi Menuhin et Zakhar Bron, s’est fait connaître en remportant le 1er Prix Reine Elisabeth à 17 ans en 1989. Ses partenaires à la scène, comme le pianiste Nicolaï Lugansky ou le chef Kent Nagano, aiment sa manière de dialoguer en musique quel que soit le répertoire. Partout, il enchante le public par la diversité des couleurs qu’il sait tirer de son instrument. En 2014, il crée le Festival Transsibérien des Arts de Novossibirsk, une belle manière de rendre à sa ville natale toute la musique qu’elle lui a donnée.

Vadim Repin en 8 dates :

  • 1971 : Naissance à Novossibirsk (Sibérie)
  • 1982 : Concours Wieniawski à Poznan (Pologne).
  • 1984 : Commence à jouer sur un Stradivarius, l’ex-Wieniawski de 1720
  • 1985 : Fait ses débuts à Tokyo, Munich, Berlin et Helsinki
  • 1989 : 1er Prix du Concours Reine Elisabeth
  • 1999 : Prix Echo Klassik pour son disque de concertos de Mozart dirigés par Menuhin
  • 2014 : Crée le Festival Transsibérien des Arts à Novosibirsk
    Professeur honoraire au Conservatoire Central de Pékin
  • 2015 : Professeur au Conservatoire de Shangaï
    Jury au Concours Tchaïkovsky de Moscou

Avec son professeur Zakhar Bron, les cours de violon ont lieu tous les jours.

Vadim Repin passe son enfance dans sa Russie natale. Son père, peintre, dessine des affiches de film pour un cinéma de Novossibirsk. L’enfant commence le violon à 5 ans avec Dmitry Vaks, qui l’aiguille au bout de deux ans vers Zakhar Bron. Cet ancien élève d’Oïstrakh, lauréat du Concours Reine Elisabeth en 1971, enseigne au Conservatoire Glinka de Novossibirsk. C’est un pédagogue sévère, mais extrêmement investi auprès de ses élèves. Les cours ont lieu tous les jours, y compris les week-ends et jours fériés. Dans sa classe, Vadim Repin rencontre un autre violoniste prometteur : Maxime Vengerov, de trois ans son cadet. « La méthode de notre professeur était de nous faire jouer en concert tout le temps. Ça nous motivait, en nous permettant de comprendre pourquoi il fallait travailler ! », rapporte Vadim Repin en 2014 dans le documentaire que lui a consacré Claudia Willke, Un magicien de l’archet.

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A 11 onze, Zakhar Bron le présente au Concours Wieniawski de Poznan en Pologne. Puis au Tibor Varga de Sion en Suisse à 16 ans. Vadim Repin remporte les deux. La compétition semble être dans le caractère du violoniste, qui avoue depuis « avoir toujours aimé les sports où il faut s’affronter, où il y a un enjeu et des risques. »

 

Le public le découvre vraiment lors du Concours Reine Elisabeth de Belgique.

En 1989, Vadim Repin obtient le 1er Prix du Concours Reine Elisabeth de Belgique en subjuguant public et jury dans le Concerto de Tchaïkovsky. Lorsque le journaliste demande au violoniste de 17 ans s’il a « déjà eu l’opportunité de jouer avec un orchestre en URSS », Vadim Repin répond à son interlocuteur médusé qu’il a déjà joué avec le symphonique de Tokyo et l’orchestre de la Radio bavaroise. Car le jeune homme a fait ses débuts à Munich, Berlin, Helsinki et Tokyo à 14 ans, et son premier concert au Carnegie Hall à 15 ans. Il n’habite d’ailleurs plus en Russie, puisqu’il a suivi Zakhar Bron en Allemagne, son professeur ayant été nommé à Lübeck cette année-là. Il suivra encore les cours de son maître pendant deux ans, avant qu’un autre mentor ne prenne le relais.

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Menuhin le prend sous son aile et enregistre avec lui les concertos de Mozart.

L’ancienne assistante de Menuhin, Eleanor Hope, devient son agent. Elle présente donc tout naturellement les deux violonistes. « Menuhin était un professeur très affectueux. Or Vadim avait été élevé dans la tradition russe, plutôt sévère. C’était un vrai changement pour lui, » se souvient-elle dans Un magicien de l’archet. Vadim Repin reconnaît avoir été beaucoup marqué par ce nouveau maître : « J’ai pu voyager avec lui pendant plusieurs années. J’ai eu alors la chance de voir non seulement son talent artistique, mais aussi son attitude face à la vie en général et aux gens. » Il lui demande des conseils sur les œuvres, notamment les concertos de Brahms et de Beethoven. En 1998, un an avant sa disparition, il enregistre sous sa baguette plusieurs concertos de Mozart avec l’Orchestre de chambre de Vienne, un disque primé par un Echo Klassik.

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Martha Argerich, Nikolai Lugansky ou Kent Nagano, ont pu apprécier son sens du dialogue musical.

« Le plus important pour moi est de trouver la respiration juste. Le rythme, la mélodie sont des éléments clé, mais parfois on oublie qu’une phrase est avant tout construite sur un timing – raison pour laquelle j’aime tellement Heifetz. Après vient le son, le vibrato et toutes les couleurs » confie le violoniste à Hugues Rameau-Crays en 2014 pour le webzine Classique c’est cool. Kent Nagano, qui a dirigé l’Orchestre symphonique de Londres pour l’un de ses premiers disques en 1999 sur lequel figurait la Symphonie espagnole de Lalo et le Poème de Chausson, témoigne : « Avec lui, il n’y a pas de risque de routine. Vadim Repin apporte toujours de nouvelles idées, un autre point de vue. On ne peut pas demander mieux en tant qu’artiste, parce qu’on aime les nouveaux défis. » Depuis, on les a vus ensemble sur scène plus d’une fois, comme en 2010 au Canada avec l’Orchestre symphonique de Montréal. Ils se sont retrouvés sur un autre disque en 2012, édité également par Erato : 1er Concerto de Prokofiev et 2ème de Chostakovitch.

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Acclamé sur les scènes du monde entier, Vadim Repin se produit aussi en musique de chambre avec Martha Argerich, Mischa Maisky, Truls Mørk, ou encore Nicolai Lugansky avec lequel il a enregistré pour Deutsche Grammophon la Sonate de Franck en 2010. « Pour moi, la musique est avant tout un dialogue. Peu importe s’il y a trois personnes sur la scène ou quatre-vingt-dix, car c’est de ce dialogue que proviennent le plaisir et l’accomplissement », dit-il en 2020 à Res Musica.

 

En concert, à la tête d’un festival, ou face à ses élèves, Vadim Repin est toujours animé du même but : transmettre la musique.

Auréolé d’une Victoire de la musique en 2010, Vadim Repin analyse en 2019 pour Violin Channel les clés de son succès : « détermination, persévérance et consécration totale à la musique ». Tout en reconnaissant qu’il n’y a pas de formule magique. Aujourd’hui, il a à cœur de transmettre son art. Il est professeur honoraire du Conservatoire central de Pékin depuis 2014, et du Conservatoire de Shanghai depuis 2015. « Il est rare qu’un soliste ait une vocation de professeur. De tous mes élèves, Vadim est celui qui a le plus la fibre pédagogique, » déclare son ancien mentor Zakhar Bron à Claudia Willke.

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2014 voit aussi la réalisation d’un projet particulièrement cher à Vadim Repin : le festival Trans-Sibérien des Arts qu’il a fondé à Novossibirsk, sa ville natale située au milieu de la célèbre ligne de chemin de fer à laquelle, en un sens, le festival rend hommage. « Chaque fois que je monte sur scène, c’est une invitation au voyage. L’artiste emmène son public visiter comme un paysage de musique, notre décor émotionnel. […] Dans le futur, nous espérons ajouter un orchestre composé de jeunes. L’idée serait de faire de la musique par les jeunes pour les jeunes. La musique classique disparaît petit à petit de l’éducation et c’est important de donner une chance de l’expérimenter », confiait-il au webzine Classique c’est cool lors de la première édition.

 

La musique contemporaine voisine les concertos de Brahms, Sibelius ou Beethoven dans le répertoire de Vadim Repin.

C’est au festival Trans-Sibérien des Arts qu’il a créé le concerto De Profundis de Lera Auerbach. La compositrice russe née en 1973 n’est pas la seule artiste contemporaine dont Vadim Repin se soit fait l’interprète. James MacMillan lui a dédié son concerto, de même que Sofia Gubaïdulina pour Dialogue : You and I que Vadim Repin lui avait commandé. Arvo Pärt ajoute pour lui une partie soliste à son œuvre orchestrale La Sindone. Quant à Benjamin Yussupov, il conçoit avec lui Voices of violin, un projet mêlant musique et danse avec l’étoile du Bolchoï Svetlana Zakharova, partenaire du violoniste à la ville et mère de leur fille Anna née en 2011. « Il est impossible d’élargir l’horizon de la pensée et d’avoir un développement sans une extension permanente du répertoire », rappelle Vadim Repin à Res Musica. Et quand Mischa Damev l’interroge en 2011 sur son jeu, le violoniste répond : « J’essaye de suivre cette merveilleuse tradition russe, illustrée par Richter ou Oïstrakh, [qui concerne] la manière dont on traite l’instrument, la musique, et le respect du public. »

1er mouvement du Concerto de Tchaïkovsky (Vadim Repin, Orchestre National de Belgique, dir. Georges Octors, Concours Reine Elisabeth 1989)

 

 

Les violons de Vadim Repin sont signés par les plus grands luthiers italiens.

« Pour jouer tel ou tel son, il faut d’abord se le représenter intérieurement. Ça aide d’avoir un bon violon, mais il faut surtout nouer un dialogue ou une amitié avec cet instrument. Alors, on peut apprendre beaucoup si on est attentif, » révèle l’artiste dans Un magicien de l’archet. La liste des violons joués par Vadim Repin depuis l’âge de 13 ans fait rêver : 3 Stradivarius (ex-Wieniawski, Ruby, et actuellement le Rode ) et 5 Guarnerius del Gesù (Isaac Stern ex-Panette, Il Cannone ex-Paganini, von Szerdahely, Bonjour et Lafont). « Le violon est le prolongement de mon corps, une corde vocale supplémentaire. C’est un plaisir de monter sur scène. On est impatient, on a envie de faire entendre ces belles sonorités. Et le plus merveilleux, c’est quand les sons qui sortent sont exactement ceux qu’on avait imaginés. » Et nul doute que le ravissement du soliste fait alors le bonheur du public.

 

Sixtine de Gournay

 

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