DESSAY Natalie

Artiste lyrique (1965- )

Par son engagement scénique et son originalité, Natalie Dessay a apporté un vent nouveau à l’Opéra. Par sa détermination à « pousser les murs » d’une voix rare mais au répertoire limité, elle a aussi réussi à se réinventer constamment comme artiste.

Natalie Dessay en 6 dates :

  • 1965 : Naissance à Lyon
  • 1993 : entre dans la troupe de l’Opéra de Vienne
  • 2005 : reçoit sa 6ème Victoire de la musique dans la catégorie « Artiste lyrique »
  • 2007 : Lucia di Lammermoor de Donizetti au Met de New York
  • 2008 : prix Laurence-Olivier pour sa Fille du régiment de Donizetti à Londres
  • 2011 : Cléopâtre dans Jules César de Haendel à l’Opéra de Paris

 

À l’adolescence, Nathalie Dessaix modifie son nom et son prénom pour entrer dans une autre peau en restant la même. Le « h » de son prénom disparaît en hommage à Natalie Wood. A Star is born.

Née à Lyon, le 19 avril 1965, sous le signe fonceur du Bélier, elle grandit près de Bordeaux. Elle songe d’abord à être ballerine : « C’est la discipline à l’état pur et le renoncement à toute autre forme d’existence. » Tout en poursuivant des études d’allemand, elle s’adonne au théâtre : « Ma première passion ». Alors qu’elle joue dans une pièce de Molière, elle chante l’air de Pamina (La Flûte enchantée de Mozart). On lui conseille de prendre des cours de chant pour développer sa voix. Elle s’inscrit au Conservatoire de Bordeaux. Elle remporte un premier prix au Concours d’Alès et créé l’événement aux Voix nouvelles de France Telecom. Elle intègre alors l’École d’art lyrique de l’Opéra de Paris. Victorieuse au Concours Mozart en Autriche, elle est reçue dans la troupe du Staatsoper de Vienne.

 

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« J’adore la musique, j’adore en faire, mais ce qui me plaît par-dessus tout c’est de jouer la comédie. Je suis une actrice qui chante. »

Natalie Dessay possède un tempérament volcanique et une détermination de fer. « Je pense être à la fois hystérique et obsessionnelle », déclare-t-elle avec humour. Sa voix de soprano léger colorature la destine malheureusement à un nombre limité de rôles. Elle s’emploie malgré tout à atteindre le sommet. En 1992, elle chante la Poupée des Contes d’Hoffmann d’Offenbach mise en scène par Roman Polanski à l’Opéra de Paris. Au Festival d’Aix-en-Provence, sa Reine de la Nuit sous la direction de William Christie et mise en scène par Robert Carsen déchaîne les vivats. L’Opéra de Vienne monte La femme silencieuse de Richard Strauss pour elle. Elle rêve de travailler avec Carlos Kleiber, mais ne recevra jamais de réponse à sa lettre. Elle multiplie les succès : Zerbinette à Vienne, Lakmé à l’Opéra-Comique… Avec son mari le baryton Laurent Naouri, elle se lance dans l’aventure Offenbach lancée par l’Opéra de Lyon avec Marc Minkowski et Laurent Pelly. Orphée aux enfers fait un tabac : « On ne rigole pas assez à l’Opéra. »

 

Natalie Dessay devient de plus en plus exigeante avec les metteurs en scène. Pour elle, la question « quoi » est moins essentielle que la question « avec qui ».

En 1997, elle chante Rossignol de Stravinski avec le tandem Boulez-Nordey. Sa Reine de la Nuit continue d’affoler les théâtres du monde, du Met de New York au Festival de Salzbourg. À l’Opéra de Paris, elle est Morgana dans l’extraordinaire production d’Alcina de Haendel avec Renée Fleming et Suzan Graham dirigée par William Christie et mise en scène par Robert Carsen. Elle révèle tout son tempérament tragique dans la Lucia di Lammermoor (Donizetti) historique d’Andrei Serban à l’Opéra de Paris. Elle enchaîne avec La somnambule (Bellini) à Milan avec Juan Diego Florez. Natalie Dessay veut des rôles plus intéressants, plus diversifiés, même s’ils ne cadrent pas avec sa voix de soprano léger au registre suraigu.

 

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La nature vient sanctionner ses prises de risque : elle doit annuler pour se faire opérer d’un polype sur les cordes vocales en 2002. Une autre opération sera nécessaire deux ans plus tard.

 

En 2004, Natalie Dessay décide de ralentir son activité et de privilégier la qualité. « Faire moins et mieux. »

Elle commence une collaboration régulière avec l’Opéra de Santa-Fé et son ami Frédéric Chaslin. Elle retrouve Laurent Pelly pour une Fille du régiment avec Juan-Diego Florez qui affole Londres, Vienne et Paris. En 2007, sa Lucia fait l’ouverture du Metropolitan Opera de New York. La représentation est retransmise sur écran géant à Time Square. Puis sa Fille du régiment au Met inaugure une nouvelle retransmission dans les cinémas du monde entier. À Vienne, elle chante sa première Mélisande dans l’opéra de Debussy. Un nouveau rêve se réalise à Santa-Fé avec Traviata (Verdi). Le Prix Laurence Olivier à Londres, celui de l’Académie Charles Cros à Paris, la nomination de Kammersängerin à l’Opéra de Vienne (une première pour une Française) couronne une riche carrière.

Toujours soucieuse d’élargir son champ des possibles, Natalie Dessay entame un travail en profondeur avec Emmanuelle Haïm sur le répertoire baroque et avec Philippe Cassard sur le lied et la mélodie.

En 2013, elle déclare que sa Manon de Massenet à Toulouse sera son dernier spectacle lyrique. Trop de stress, trop de trac et trop de pression l’ont contrainte à annuler des spectacles.

Fan de comédie musicale depuis son plus jeune âge, elle rencontre Michel Legrand qui déborde de projets pour elle.

Natalie Dessay et Laurent Naouri sont les vedettes de la reprise des Parapluies de Cherbourg au Châtelet. Dès lors, elle s’ingénie à diversifier ses activités : une émission de radio sur France Inter, du théâtre à Tours (Und), au Festival d’Avignon (Certaines n’ont jamais vu la mer), à Paris (La légende d’une vie), des rôles de conteuse à la télévision, de récitante… Michel Legrand lui confie un cycle de mélodies écrit autrefois pour Barbra Streisand (son idole). Elle crée donc Between Yesterday and Tomorrow. Lors de la cérémonie en hommage aux victimes des attentats, elle chante Perlinpinpin de Barbara aux Invalides avec Alexandre Tharaud au piano.

Soucieuse de toujours innover dans la chanson, comme elle l’a fait pour l’opéra, elle chante Claude Nougaro avec Yvan Cassar et enregistre Sur l’écran noir de mes nuits blanches. Encore une fois, elle surprend, convainc et innove : « J’aimerais apporter un sang neuf. » Espoir largement comblé.

 

Olivier Bellamy

 

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