Charles Munch est né à Strasbourg, sur le territoire allemand, avant de devenir français par le Traité de Versailles. Il poursuit longtemps une carrière de violoniste avant de devenir chef d’orchestre permanent. Après un premier poste à Paris, il part à Boston après la guerre, dont l’orchestre symphonique sera sa phalange préférée. Il rentre en France dans les années 1960, et est nommé pour diriger le nouvel Orchestre de Paris, qu’il réussit très vite à hisser au plus haut niveau. Il meurt alors brutalement, en pleine tournée américaine.
Charles Munch en 10 dates :
- 1891 : Naissance à Strasbourg
- 1914 : Mobilisé dans l’armée allemande
- 1919 : Devient Français
- 1925 : Premier violon du Gewandhaus de Leipzig
- 1935 : Directeur de l’Orchestre philarmonique de Paris
- 1938 : Directeur de l’Orchestre de la Société des Concerts du Conservatoire
- 1949 : Directeur de l’Orchestre symphonique de Boston
- 1962 : Retour en France
- 1967 : Directeur de l’Orchestre de Paris
- 1968 : Mort à Richmond (USA)
Musicien lui-même, son père l’encourage à apprendre le violon et le confie au pédagogue Carl Flesch.
Ernest Münch est organiste, chef de chœur et professeur au conservatoire de Strasbourg. Il fait apprendre le violon à son fils Charles, qui suit les cours du conservatoire. Il l’envoie ensuite étudier avec Lucien Capet à Paris et Carl Flesch à Berlin. Lorsque la guerre survient, Charles est enrôlé dans l’armée allemande et combat à Verdun où il est blessé.
Devenu français par le Traité de Versailles, il s’installe à Strasbourg où il joue dans l’orchestre municipal et enseigne le violon au conservatoire. Puis il est recruté comme premier violon solo au Gewandhaus de Leipzig, où il assiste Furtwängler et se prépare ainsi à la direction d’orchestre.
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Munch quitte l’Allemagne en 1932 et devient directeur d’orchestres parisiens.
Munch s’installe à Paris et prend la direction du nouvel orchestre philharmonique, qui ne durera que trois ans, puis celle de l’Orchestre de la Société des Concerts du Conservatoire, jusqu’à la fin de la Seconde Guerre. Le 7 octobre 1944, il dirige à l’Opéra de Paris le concert de la Libération. Ses actes de résistance et de protection de musiciens juifs lui valent la légion d’honneur .
Il est nommé à Boston après une tournée nord-américaine avec l’Orchestre National de la Radiodiffusion française.
En 1948, il part avec l’orchestre de la radio française (futur Orchestre National de France) pour une tournée aux Etats-Unis et au Canada, qui remporte un grand succès. Il est alors engagé à la tête de l’Orchestre symphonique de Boston où il restera jusqu’en 1962. Avec cet orchestre, il poursuit le travail engagé plusieurs années auparavant par Pierre Monteux, fait connaître le répertoire français et effectue les premières tournées d’un orchestre américain en URSS. L’une de ses œuvres de prédilection est la Symphonie fantastique de Berlioz, dont la version enregistrée en 1954 est particulièrement réussie.
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En France, il dirige comme chef invité avant de prendre la direction du nouvel Orchestre de Paris.
Il quitte les Etats-Unis pour revenir en France en 1962. Il retrouve l’Orchestre National de la Radiodiffusion française comme chef invité, ainsi que l’orchestre Colonne, qu’il avait dirigé de 1956 à 1958. Il prend la présidence de l’Ecole Normale de Musique de Paris, après la mort d’Alfred Cortot. Et lorsque l’Etat décide de créer l’Orchestre de Paris, à la place de l’Orchestre de la Société des Concerts du Conservatoire, il en devient le premier directeur musical en 1967, avec Serge Baudo comme chef permanent.
Extrait audio d’une répétition de Charles Munch avec l’Orchestre de Paris (2ème mouvement de la Symphonie fantastique de Berlioz)
Sa mort brutale survient lors d’une grande tournée aux Etats-Unis.
A l’automne 1968, il effectue une grande tournée américaine qui rencontre le succès dans plusieurs villes. Après New York, un concert est prévu à Richmond. Mais Munch meurt dans la nuit précédant le concert. Serge Baudo doit le remplacer, dirigeant avec émotion la Symphonie fantastique. Il a rendu hommage à son collègue en disant de lui qu’il dirigeait l’orchestre par son regard, dans une osmose parfaite avec les musiciens.
Le style lyrique et fougueux de Munch a renouvelé l’interprétation des compositeurs français, de Berlioz à Ravel, de Honegger à Dutilleux. Mais il fut aussi un grand interprète des romantiques allemands de Beethoven à Brahms, ainsi que de Tchaïkovsky, dont témoignent ses enregistrements de 1938 à 1967 publiés sous label Decca. Dans son livre Je suis chef d’orchestre, paru en 1954 (Éditions du Conquistador), il déclarait ne pas exercer un métier mais un sacerdoce.
Philippe Hussenot