Cecilia Bartoli est l’une des chanteuses les plus célèbres aujourd’hui. Dotée d’une voix unique particulièrement souple, elle s’est illustrée dans Rossini et Mozart. Elle a vendu plus de douze millions de CD et de DVD. Sa discographie est jalonnée d’albums thématiques qui ont fait sa réputation et sa spécificité. Cecilia Bartoli dirige par ailleurs le Festival de Pentecôte de Salzbourg, et sera la prochaine directrice de l’Opéra de Monte-Carlo. Elle a fondé son propre ensemble, Les Musiciens du Prince-Monaco, avec lequel elle chante régulièrement.
Cecilia Bartoli en 10 dates :
- 1966 : naissance à Rome
- 1987 : début à Rome dans Rosine du Barbier de Séville de Rossini
- 1988 : audition pour Herbert von Karajan, et signature d’un contrat exclusif chez Decca
- 1992 : enregistrement de La Cenerentola de Rossini, sous la direction de Ricardo Chailly
- 1999 : sortie de The Vivaldi Album
- 2007 : création de la Cecilia Bartoli Music Foundation
- 2012 : directrice artistique du Festival de Pentecôte de Salzbourg
- 2016 : création de l’ensemble Les Musiciens du Prince-Monaco
- 2018 : fondation du label Mentored by Bartoli chez Decca
- 2019 : désignée pour diriger l’Opéra de Monte-Carlo à partir du 1er janvier 2023
Cecilia Bartoli jouait dans les décors d’Aïda à l’âge de 4 ans
Cecilia Bartoli fait partie de ces chanteuses dont le timbre est immédiatement reconnaissable. Elle possède une voix longue et souple, dotée d’une grande virtuosité dans les vocalises. Une voix unique, qui lui permet de chanter aussi bien les rôles de mezzo-soprano que des rôles de soprano. “ J’ai un instrument agile et j’ai dû choisir le répertoire adéquat : le bel canto, Mozart, Haydn, la musique baroque. Chanter Wagner m’a toujours paru impossible, de même que Puccini. Un chanteur doit suivre son instrument, le soutenir jamais l’affronter. Comme en sport : aller demander à un tennisman de jouer au football !” déclarait-elle en décembre 2009 au magazine L’Express. Cécilia Bartoli est née le 6 juin 1966 à Rome, dans un environnement musical, puisque son père et sa mère étaient eux-mêmes artistes lyriques. “C’était mon univers. J’ai grandi avec ça. À 4 ans, je jouais dans les décors d’Aïda pendant que mes parents chantaient un peu plus loin sur la scène. À 6 ans, j’avais déjà vu plusieurs spectacles magnifiques. Et à 8 ans, j’avais même joué un petit rôle de berger dans Tosca” racontait-elle en décembre 2017 dans un interview au journal Le Monde. Un rôle qu’elle a d’ailleurs repris, en version de concert, au Festival de Pentecôte de Salzbourg sous la direction de Zubin Mehta en mai 2021 !
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La trompette et le piano ont été les premiers instruments de Cecilia Bartoli
Mais avant de chanter, Cecilia Bartoli a d’abord appris la trompette, puis le piano. Elle s’est ensuite tournée vers le flamenco, et s’est prise à rêver à une carrière de danseuse. C’est sa mère, qui va l’aiguiller vers le chant, en lui donnant ses premières leçons à l’adolescence. Cécilia Bartoli entre ensuite au Conservatoire Sant Cecilia de Rome, tout en continuant à travailler sa technique vocale avec sa mère. En 1987, à l’âge de 21 ans, elle fait ses débuts dans sa ville natale dans le rôle de Rosine dans Le Barbier de Séville de Rossini. La même année, elle remplace au pied levé une chanteuse qui devait participer à une soirée d’hommage à Maria Callas, au Palais Garnier. Ce gala, présenté par Eve Ruggieri, est diffusé à la télévision. Cécile Bartoli y interprète le rondo final de La Cenerentola de Rossini, sous la direction de Georges Prêtre. Daniel Barenboïm, qui se trouve alors à Paris, voit l’émission et demande à l’auditionner. Un autre spectateur illustre remarque la jeune chanteuse : Herbert von Karajan. Il l’auditionne l‘année suivante à Salzbourg et l’engage dans la Messe en si mineur de Bach. La mort de Karajan en juillet 1989, mettra un terme au projet, mais Cecilia Bartoli a eu l’occasion de répéter à plusieurs reprises avec l’illustre chef d’orchestre. “Il s’occupait en priorité de la phrase musicale, de la difficulté à la tenir jusqu’au bout. Pour lui la forme était capitale” explique Cecilia Bartoli à L’Express à propos de Karajan. De son côté, Daniel Barenboïm lui fait découvrir Mozart. “Il m’a également fait comprendre la nécessité d’avoir une discipline vocale intransigeante, similaire à celle d’un instrumentiste” déclare-t-elle dans cette même interview. Un autre chef sera déterminant dans la carrière de Cécilia Bartoli : Nikolaus Harnoncourt. “ Il m’a fait connaître l’univers des instruments d’époque. Tout y est plus clair, plus doux, plus coloré” raconte-t-elle, toujours à L’Express.
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Cecilia Bartoli a vendu plus de douze millions de disques et de DVD
En 1988, Cécilia Bartoli signe un contrat d’enregistrement exclusif avec Decca. Ces deux premiers disques sont consacrés à Rossini : Un récital d’airs d’opéras avec le Wiener Volksopernorchester dirigé par Giuseppe Patanè et le Barbier de Séville avec l’Orchestre du Théâtre Communal de Bologne, également sous la direction de Patanè. C’est le début d’une très riche discographie, qui comprend une quinzaine d’opéras et une trentaine d’enregistrements solo. Certains ont été des évènements, comme The Vivaldi Album avec l’ensemble Il Giardino Armonico, paru en 1999. Cecila Bartoli fait découvrir des partitions méconnues de Vivaldi. Suivront d’autres “albums concept”, comme Opera proibita en 2005, avec des airs d’oratorios romains, Maria en 2007 en hommage à la cantatrice Maria Malibran, ou Sacrificium en 2009 pour cette fois un hommage aux castrats, suivi de Mission en 2012 pour la redécouverte du compositeur baroque Agostino Steffani, ainsi que de Farinelli en 2020. Pour certains de ces disques, elle n’hésite pas à se mettre en scène, et apparait ainsi sur la pochette, tantôt avec une barbe fournie, tantôt en statue de marbre, en prêtre au crâne rasé, ou encore en Anita Ekberg devant la fontaine de Trevi. Concernant l’opéra, ses enregistrements du Barbier de Séville en 1988, de La Cenerentola en 1992 sous la direction de Ricardo Chailly ou encore du Turc en Italie en 1997 avec là encore Ricardo Chailly, resteront des références. De Mozart, Cecilia Bartoli a enregistré Les Noces de Figaro sous la direction de Daniel Barenboïm puis de Claudio Abbado, Lucio Silla avec Nikolaus Harnoncourt, La Clémence de Titus sous la baguette de Christopher Hogwood, Idoménée avec James Levine, et Mitridate avec Christophe Rousset. A noter aussi, en 2013, l’enregistrement du rôle-titre de Norma de Bellini sous la direction de Giovanni Antonini, rôle qu’elle a par ailleurs interprété sur scène. Au total, Cecilia Bartoli a vendu à ce jour plus de douze millions de disques et de DVD.
« Nacqui all’affanno….Non più mesta.. » de La Cenerentola de Rossini (Cecila Bartoli à Houston en 1995)
Cecilia Bartoli est l’une des rares chanteuses à diriger une maison d’opéra
Sur scène, Cecilia Bartoli a alterné les productions et les concerts. Elle a chanté à la Scala de Milan, au Metropolitan Opera de New-York, à l’Opera de Paris, au Royal Opera House de Londres, au Festival de Salzbourg, ainsi qu’à l’Opera de Zurich ou elle s’est régulièrement produite pendant une trentaine d’années. Au fil des ans, Cecilia Bartoli a développé une autre facette de son métier. C‘est ainsi qu’en 2012 elle est nommée Directrice artistique du Festival de Pentecôte de Salzbourg. En 2016 elle a créé l’ensemble Les Musiciens du Prince-Monaco, dont elle est la Directrice artistique. Elle est par ailleurs la directrice désignée de l’Opéra de Monte-Carlo pour une prise de fonctions en janvier 2023. Autre preuve de son éclectisme, Cecilia Bartoli a fondé en 2018 son propre label : Mentored by Bartoli, qui est le fruit d’une association entre Decca et la Cecilia Bartoli Music Foundation, qu’elle a créée en 2007. Le but est d’aider des chanteurs à enregistrer leur premier disque. Deux albums sont sortis dans le cadre de cette collection : Contrabandista du ténor Javier Camarena et Rhapsody de la mezzo-soprano Varduhi Abrahamyan. La diversité de cette carrière a fait de Cecilia Bartoli l’une des artistiques lyriques les plus connues et les plus atypiques d’aujourd’hui.
Jean-Michel Dhuez
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