Etats-Unis : Le sort de la pilule abortive est désormais entre les mains de la Cour suprême

J. Scott Applewhite/AP/SIPA

Depuis presque deux semaines, la pilule abortive est soumise à un ping-pong juridique entre juges fédéraux et le gouvernement de Biden qui fait appel à la Cour suprême. Cette molécule, utilisée pour la moitié des avortements aux Etats-Unis, a été retirée de la liste des autorisations de mise sur le marché par un juge fédéral anti-avortement.

Il y a cette volonté affichée de rendre la pilule abortive indisponible sur tout le territoire, alors même qu’elle n’est déjà plus disponible dans une quinzaine d’Etats ayant interdit les IVG. Pourtant, cette molécule est utilisée depuis l’an 2000 aux Etats Unis et fait consensus parmi les scientifiques du monde entier. « Il y a un risque pour la santé des femmes », était l’unique argument du juge fédéral texan pour demander le retrait de la mifépristone, cette molécule utilisée comme pilule abortive.

Il s’agit d’une hypocrisie totale lorsque l’on sait que 5 millions d’Américaines l’ont prise depuis 20 ans, déplore le professeur Yves Ville, chef du service gynéco-obstétrique de l’hôpital Necker à Paris : « Elle a des effets secondaires comme n’importe quelle molécule. Elle a été adoptée par l’OMS depuis la fin des années 80, parce que justement cela fait moins courir de risque aux femmes. La seule alternative, c’est un avortement dit chirurgical et c’est physiquement plus agressif ».

Ces actions en justice inquiètent les médecins et les agences du médicament

Une Cour d’appel saisie par le gouvernement a finalement réautorisé cette molécule, qui représente la moitié des avortements chaque année. Mais cette fois, avec un encadrement plus strict. Le jugement stipule que les femmes devraient consulter trois médecins différents avant de l’obtenir, et son utilisation serait limitée à 7 semaines de grossesse contre dix auparavant.

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Il s’agit d’une décision idéologique pour limiter l’avortement dans les États qui l’autorise, regrette le professeur : « Ça va mettre plus de femmes dans la difficulté, mais ça ne va pas changer les difficultés auxquelles elles sont soumises, c’est-à-dire de devoir éventuellement changer d’État pour obtenir leur interruption de grossesse. C’est la poursuite vers des termes de plus en plus précoces et l’étape d’après, c’est probablement l’interdiction de la contraception ».

Ces actions en justice, menées par des juges fédéraux conservateurs, inquiètent les médecins et les agences du médicament, avec la crainte que certains produits utilisés pour les procréations médicalement assistées ou que certains vaccins, ne soient remis en cause.

Rémi Pfister

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