Comment rapper sur du classique ?

Comme le métal, le rap est un genre musical qui peut sembler extrêmement éloigné de la musique classique. Pourtant, des passages existent grâce aux samples : des échantillons de sons mis en boucle sur lesquels on peut rapper. Comment et pourquoi rappe-t-on sur du classique ?

L’épisode :

Ecouter et s’abonner au podcast :
Apple Podcast / Spotify / Deezer / Google podcast / TuneIn / Podbean / Castbox

Un sample, qu’est-ce que c’est ?

Le sample, « échantillon » en français, est un petit bout de son, une mélodie, une rythmique utilisée et adaptée par un autre musicien. Les sources sont infinies : chansons, répliques de film, publicités, musique classique… Ces sons sont généralement mis en boucle et les « beatmakers », ceux qui fabriquent les pistes sur lesquelles on peut rapper, les modifient comme bon leur semble. 

A lire aussi :

 

Grâce au sample, on peut passer de Carl Maria von Weber à Stupeflip : à partir de quelques secondes de l’ouverture de l’opéra Der Freischütz mises en boucles on arrive à la chanson Stupeflip vite !

L’extrait samplé est à 4min 18s :

Le résultat :

 

De James Brown à Orelsan, l’histoire du sample est liée à celle du rap

La pratique du sampling est née à New-York dans les années 1970, elle est indissociable de l’histoire du hip-hop. Des amateurs de musique organisent des « blocs parties », des fêtes de rue, avec de la musique. Lorsque certains passages de morceaux leur plaisent, ils le passent en boucle pour faire danser les participants. Beaucoup viennent de James Brown dont le pont rythmique de Funky drummer, à 5min 18s, a servi de base à des milliers de morceaux recensés par le site de référence du sample WhoSampled.com

Le sample se développe dans les années 1980 grâce aux progrès techniques : les machines utilisées pour faire ces boucles, les sampleurs, ont de plus en plus de capacités et peuvent donc enregistrer des sons de plus en plus longs. Mais à la fin des années 1980 et au début des années 1990, cette pratique connaît un coup d’arrêt : les maisons de disques attaquent en justice les producteurs de hip-hop, qui sont accusés de piller leur catalogue. Il faut désormais payer pour sampler et parfois s’engager à reverser la quasi-totalité ou la totalité des recettes d’un morceau à l’artiste qui a été samplé, ce que beaucoup refusent.

Aujourd’hui, le hip-hop utilise toujours le sample mais ne dépend plus uniquement de cette technique. Le rappeur français Orelsan et ses producteurs ont par exemple samplé « L’hiver » des Quatre Saisons de Vivaldi dans le titre No Life :

Vivaldi, Chopin, Fauré… Comment sampler du classique ?

Les producteurs de rap sont toujours à la recherche d’échantillons sonores originaux, qu’ils peuvent parfois trouver dans la musique classique. Le classique n’est pas une des premières sources de samples mais les passages existent et donnent des résultats parfois étonnants, comme Xzibit qui reprend la Pavane de Gabriel Fauré sur Paparazzi, NTM qui rappe sur le 4ème Prélude de Frédéric Chopin dans That’s my people ou encore Nas qui veut encourager les enfants à suivre leurs rêves et à travailler dur grâce à la fameuse Lettre à Elise de Beethoven :

 

A lire également :

 

Le statut de musique savante ne repousse pas les rappeurs, qui ont une préférence pour les morceaux de piano et de cordes. Ce passage du classique au rap se fait toujours avec respect pour l’œuvre originale et peut permettre aux curieux de découvrir la source de ces morceaux.

Pour en savoir plus plongez-vous dans le livre de de Brice Miclet : Sample ! Aux origines du son hip-hop, paru aux éditions Le Mot et le Reste.

Augustin Lefebvre

 

Retrouvez les derniers articles de Retour Vers le Classique