L’Energy observer se lance aujourd’hui dans une expédition de 4 ans. Le premier navire 100% autonome en énergie, véritable laboratoire flottant, va faire le tour du monde pour défendre l’hydrogène vert.
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200m² de panneaux solaires et des éoliennes alimentent l’Energy observer
« C’est un bateau qui ressemble à un vaisseau spatial ». Le chef de l’expédition scientifique Jérôme Delafosse brosse volontiers le portrait du navire Energy observer, qui se lance dans un périple de 4 ans pour démontrer les vertus écologiques de l’hydrogène vert. « Son pont est recouvert de plus de 200 mètres carrés de panneaux solaires. C’est un catamaran avec deux ailes que l’on pourrait comparer à des ailes d’avions, qui sont posées verticalement sur le bateau ». Intelligentes, elles sont capables de s’orienter toutes seules en fonction de l’angle du vent. Trois énergies au total se relayent pour faire avancer le navire. Les moteurs électriques sont rechargés grâce aux éoliennes, aux hélices et aux panneaux solaires.
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Le vent, l’eau de mer et le soleil créent de l’énergie en surplus, que le navire va en partie stocker et transformer en hydrogène. « On pompe l’eau de mer, on la désalinise, on la dé-ionise, on la rend pure et on va l’électroniser ». A savoir, casser la molécule d’eau pour n’en garder que l’hydrogène, ensuite compressé dans des bouteilles à 350 barres. « Et quand on a plus de vent, plus de soleil – la nuit tout simplement – on va utiliser cet hydrogène que l’on va envoyer dans une pile à combustible qui va fabriquer de l’électricité. On va ainsi pouvoir naviguer en totale autonomie ».
L’hydrogène vert encore 3 fois plus cher que celui produit par les énergies fossiles
L’étape phare pour l’Energy observer est le Japon. Le rendez-vous est pris le 24 juillet aux J.O. de Tokyo, qui sera même l’un des porteurs de la flamme olympique. Une flamme, qui sera nourrie elle aussi à l’hydrogène, car depuis la catastrophe de Fukushima, le Japon est devenu l’un des pionniers en la matière. « Au Japon, il y a plus de 250.000 foyers équipés de piles à combustible, détaille le skipper Victorien Erussard, l’un des fondateurs du projet. Il y a déjà 40.000 voitures à hydrogène et 800.000 sont prévues en 2030. Le village olympique va être équipé de station à hydrogène. »
#Environnement @energy_observer ancien bateau de course reconditionné en laboratoire pour pouvoir répondre à l’#urgenceclimatique
s’apprête entame un tour du monde en 4 ans : 1ère escale #Tokyo pour porter la flamme olympique.aux #JO @ParisMatch https://t.co/QNiyrNQhof pic.twitter.com/AOnhrPlScm— Forum Météo Climat ? (@Forumeteoclimat) February 15, 2020
La Corée du Sud, la Chine et à la Californie, où l’Energy observer se rendra également, sont aussi très férus d’hydrogène. Mais pour le produire, il faut des énergies fossiles. C’est ce que l’on appelle l’hydrogène gris. Celui produit par le bateau est dit vert, c’est-à-dire écologique. « Cela coûte encore trois fois plus cher que l’hydrogène gris. Mais les industriels sont en train de s’y mettre. On parle de 20% d’émissions de gaz à effet de serre en moins grâce à ce vecteur d’énergie. et un chiffre d’affaires de plus de 2500 milliards de dollars. »
Une alternative au fioul lourd pour les bateaux de croisière
Et parmi ces industriels prêts à miser sur l’hydrogène vert, Toyota, le constructeur automobile japonais. Sur l’Energy observer, depuis leur premier voyage en 2007, l’entreprise teste une pile à combustible déjà utilisée sur des voitures de la marque et qu’elle voudrait développer sur les bateaux. « On peut imaginer demain soit des navires de loisirs, soit des moteurs hors-bord qui fonctionneraient à l’hydrogène », envisage Jérôme Delafosse.
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« Les navires de croisière qui sont à quai à Venise ou à Marseille polluent énormément, car ils continuent de faire tourner leurs groupes électrogènes qui tournent au fioul lourd et qui émettent énormément de CO2 et de particules fines. Ils pourraient utiliser des groupes électrogènes à hydrogène ». Le départ de l’Energy observer est prévu depuis St-Malo, dès que la météo le permettra, après le passage de la tempête Dennis sur la Bretagne.
Laurie-Anne Toulemont