Un consortium d’ONG européennes a publié hier une étude inédite sur le coût de la pollution de l’air. Ce coût est exorbitant, atteignant chaque année près de 166 milliards d’euros à l’échelle des grandes villes européennes. Il est estimé à plus de 3 milliards et demi d’euros à Paris.
Londres en tête du classement avec 11 milliards d’euros par an, Paris 7e
Les auteurs du rapport ont passé au crible 432 villes européennes, dont 67 en France et ont associé à la pollution de l’air des coûts socio-économiques, liés aux traitements médicaux des maladies chroniques, les journées de travail perdues ou encore la baisse de l’espérance de vie. Olivier Blond est le président de l’association Respire, le partenaire français de cette étude européenne et explique cet impact : « on sait qu’il y a un impact sanitaire gigantesque avec des dizaines de milliers de morts par an en France, des centaines de milliers en Europe. Mais on n’avait jamais mesuré précisément le coût économique de ces décès et de ces maladies jusqu’à présent. Cette étude est importante car elle donne beaucoup de détails et permet ville par ville d’avoir des informations précises sur ce coût économique ».
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En tête de ce triste classement européen, on retrouve Londres avec un coût de la pollution estimé à plus de 11 milliards d’euros par an. Suivent Bucarest, Berlin et Varsovie. Paris arrive en 7e position et beaucoup de villes d’Europe centrale et de l’Est se trouvent dans les 20 ou 30 métropoles les plus impactées. « La pollution de l’air est très importante en Europe de l’Est et du Centre parce qu’il y a beaucoup de chauffage au charbon et que les transports automobiles sont encore très polluants dans ces pays-là. En regardant ce qu’il se passe dans ces régions, on voit à quel point la France n’est finalement pas si mal lotie, même s’il reste beaucoup de progrès à faire » nous dit Olivier Blond.
En France, Paris arrive sans surprise en tête avec un coût estimé à 3 milliards et demi d’euros, soit 1600 euros par habitant. Suivent ensuite Lyon et Nice mais dans le top 10 on retrouve aussi des villes inattendues comme Melun avec 1015 euros par habitant, Douai avec près de 1000 euros ou encore St Quentin. Ceci est la preuve selon les auteurs de cette étude que la pollution ne concerne pas que les grandes métropoles, la principale source de cette pollution étant le trafic automobile notamment pour le dioxyde d’azote.
Les Zones à Faibles Emissions permettent des réductions de 29% du dioxyde d’azote
Ce que l’on appelle les Zones à Faibles Emissions ou ZFE sont des zones interdites d’accès pour les véhicules les plus polluants, comme c’est le cas à Paris. Il en existe 5 en France mais beaucoup plus chez nos voisins : 247 ZFE ont été recensés dans 13 pays européens. Marie Pouponneau, ingénieure mobilité à l’Ademe et auteure d’un rapport sur les ZFE nous donne des détails sur l’efficacité de ces zones : « quand le dispositif est bien dimensionné avec des niveaux de restrictions suffisants, on peut atteindre des réductions jusqu’à 29% pour le dioxyde d’azote, un polluant qui dépasse les valeurs limites dans une majorité des territoires urbains en France. Et pour les particules on atteint des réductions jusqu’à 12 %. Ce sont des restrictions très intéressantes ».
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La ville de Londres a instauré un péage urbain pour entrer dans l’hyper centre-ville, provoquant une baisse des concentrations de dioxyde d’azote de 29%. Mais les ZFE ne doivent pas être la seule mesure. La pollution de l’air dans le monde a été responsable l’an dernier de 7 millions de morts selon une autre étude dont 476 000 nouveaux nés notamment en Inde et en Afrique Subsaharienne.
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