A l’occasion du One Planet Summit, le gouvernement a confirmé le lancement d’un grand programme de replantation de haies. 7000 kilomètres de haies vont être plantées d’ici la fin 2022 pour faire revenir la biodiversité dans les campagnes.
Plus de haies équivaut à moins de produits chimiques
On assiste depuis plusieurs années à un retour des haies, c’est le cas dans le Maine-et-Loire, où des vignerons ont lancé le mois dernier un projet de replantation. Ces haies permettront notamment le retour des chauves-souris qui sont, selon Alexandre Cady, viticulteur à Saint-Aubin de Luigné et président de l’appellation Chaume Premier Cru, « les prédateurs des vers de la grappe ». Il rappelle que « plus il y a de chauve-souris, plus on peut espérer que le vers de grappe ne soient pas nuisible à notre culture ». Sur les deux appellations Chaume Premier Cru et Quarts-de-chaume, ce sont entre 15 et 20 producteurs qui sont prêts à replanter des haies, Alexandre Cady en fait un objectif sur le long terme : « on a replanté 95 mètres en linéaire, on veut maintenant partir sur une continuité et planter chaque année une centaine de mètres en linéaire ».
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L’un des rôles essentiels des haies est le refuge des auxiliaires de cultures, les espèces capables de réguler les écosystèmes. C’est le cas des chauves-souris ou des carabes, des petits insectes qui mangeront les pucerons. Plus de haies c’est donc moins de produits chimiques et plus de biodiversité écosystémique. Vincent Bretagnolles, agro-ecologue au CNRS à Chizé dans les Deux-Sèvres tient à souligner leur « rôle de refuge pour de très nombreuses espèces d’insectes », « la création de ressources alimentaires pour les abeilles, beaucoup d’arbres ayant des fleurs qui ont du pollen et du nectar », ainsi que les bénéfices pour un certain nombre d’espèces d’oiseaux « uniquement capable de se reproduire dans des arbres ou des arbustes ».
750 000 kilomètres de haies ont été supprimés depuis les années 1950
Une autre fonction des haies est de capter du carbone par les arbres et les arbustes qui les constituent. Ce carbone est ensuite stocké dans le sol via les racines. Selon Pierre Dupraz, chercheur à INRAE (Institut National de Recherche pour l’Agriculture, l’Alimentation et l’Environnement), la capacité de stockage des haies « justifie que l’on s’y intéresse et qu’on les finance davantage ». Ces plantes permettent aussi de limiter le ruissellement des eaux, fixent le sol et permettent de freiner l’érosion.
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Les fonctions des haies sont donc fondamentales, pourtant, elles ont massivement disparu de nos territoires. 750 000 kilomètres en ont été supprimés depuis 1950, un temps où les haies étaient vues comme des obstacles à l’agrandissement des parcelles agricoles et au passage de tracteurs de plus en plus gros. Comparé aux suppressions massives de ces dernières décennies, le projet de 7000 kilomètres paraît assez modeste mais même si c’est « une goutte d’eau à l’échelle d’un pays comme la France », Vincent Bretagnolles préfère voir le côté positif et « l’effet d’entraînement que ça pourrait avoir ». C’est tout de même 50 millions d’euros qui seront consacrés à ce programme de replantation dans les deux prochaines années.
Baptiste Gaborit
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