Microplastiques : le Vendée Globe 2020 au service de la science

La 9e édition du Vendée Globe s’élance ce dimanche 8 novembre depuis les Sables d’Olonne en Vendée. Ce départ est inédit puisqu’il sera à huis clos. 33 skippers partent à l’assaut du tour du monde en solitaire et sans assistance. Parmi eux, Fabrice Amédéo va tenter de cartographier la pollution plastique dans les océans.

Fabrice Amédéo va collecter les microplastiques lors de son tour du monde

Pour Fabrice Amédéo ce Vendée Globe sera au service de la science. Le skipper a décidé d’installer à bord de son bateau, l’Imoca Newrest Arts et Fenetres, deux capteurs océanographiques. L’un est destiné à mesurer en continu la salinité et la température de l’eau, l’autre à collecter du microplastique. Tout au long de sa course, l’eau est pompée à un mètre de profondeur jusqu’à des filtres installés dans sa cabine. Fabrice Amédéo nous raconte ce système : « c’est un capteur assez simple, avec de l’eau qui rentre dedans et qui ressort. Il y a un système de 3 filtres avec 3 types de tamiers différents qui permettent de piéger des microplastiques. Mon travail est de changer ces filtres toutes les 24 heures, de bien noter la position du bateau. Ensuite je fais mon tour du monde et les scientifiques récupèrent la grosse valise pleine de filtres à l’arrivée de la course ».

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Ce dispositif inédit va permettre de cartographier en temps réel la contamination des océans en microplastiques, des fibres invisibles à l’œil nu. Fabrice Amédéo explique l’intérêt pour les scientifiques de poser les capteurs sur son bateau : « souvent les bateaux scientifiques vont avoir une mission dans le Pacifique une année, une mission dans l’Atlantique l’année suivante, une dans l’Océan Indien ensuite. Nous traversons le monde sur un bateau de course et on peut faire une radiographie de l’état de nos océans sur 3 mois, ce qui intéresse beaucoup les scientifiques ».

 

Des scientifiques de l’IFREMER, l’IRD et du CNRS accompagnent Fabrice Amédéo

Ces données sont inédites pour les scientifiques qui travaillent avec Fabrice Amédéo. Ils sont une vingtaine, de l’IFREMER, de l’IRD ou encore du CNRS. Avec ce qu’il collectera, ils détermineront la composition des microplastiques retrouvés. Cela permettra de mieux les connaître, d’étudier leur origine et leur toxicité dans le milieu océanique. C’est la spécialité de Jérôme Cachot, professeur en écotoxicologie aquatique à l’université de Bordeaux et au CNRS : « ces plastiques sont capables de fixer les polluants dans l’eau de mer : du mercure, du chrome, des hydrocarbures, des pesticides. Les microplastiques vont être ingérés par des organismes allant du plancton jusqu’à la baleine. On ne sait pas quelle toxicité ces polluants représentent pour ces organismes aquatiques ».

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Jérôme Cachot et ses collègues récupèreront les échantillons à l’arrivée de Fabrice Amédéo en février. Pour le Skipper, c’est un défi de taille car le système fait 50 kilos, ce qui alourdit son voilier. Il va devoir s’en occuper tous les jours mais ce projet était essentiel pour lui, ce qu’il nous décrit : « à l’arrivée de mon dernier Vendée Globe, je me suis demandé le sens que je voulais donner à mon projet et j’ai rencontré ces scientifiques. Je n’ai pas d’ambition de victoire, mes ambitions sont de progresser, raconter de belles histoires et aussi réaliser mes rêves. J’ai besoin de donner du sens à mon parcours de marin ». Fabrice Amédéo est également l’auteur d’un cahier pédagogique sur la préservation des océans, distribué à 22 000 élèves qui vont le suivre dans ce tour du monde qu’il espère boucler peut être en moins de 80 jours.

Ecoutez 3 minutes pour la planète de Baptiste Gaborit

 

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