James Webb : Lancement d’un télescope à remonter le temps

NASA's James Webb Space Telescope / Wikimedia Commons

C’est une machine à remonter le temps qui a coûté 10 milliards de dollars et sur laquelle travaillent des centaines d’astronomes depuis maintenant près de 30 ans. Le télescope spatial James Webb sera lancé le 25 décembre depuis Kourou en Guyane. Il pourrait bien lever le voile sur les plus grands mystères de l’univers.

« On veut vraiment regarder très loin, on parle de plus de 13 milliards d’années lumières »

C’est un projet hors norme, celui de l’agence spatiale américaine, la NASA, de l’agence spatiale canadienne et de l’agence spatiale européenne : le James Webb est le plus grand et le plus puissant télescope jamais envoyé dans l’espace. Il pèse 1 tonne et est pourvu de miroirs de 6 mètres et demi de diamètre. Pierre Ferruit est l’un des deux responsables scientifiques de la mission Webb pour l’agence spatiale européenne, il travaille dessus depuis 1999 : « c’est un peu la mission de tous les superlatifs, c’est un projet hors norme. Webb va être un télescope qui représente un énorme bond en avant en terme de performance. Il y a donc un espace de découverte immense dans tous les domaines de l’astrophysique ».

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C’est le projet d’une vie : avec l’expansion de l’univers, la lumière émise dans le visible nous arrive dans la longueur d’onde de l’infrarouge. James Webb va permettre de capter la lumière infrarouge et en astronomie, le rouge, c’est le loin. Webb va donc pouvoir regarder loin et regarder notamment comment se sont formées les premières galaxies dans l’univers. « On veut vraiment regarder très loin, on parle de plus de 13 milliards d’années lumières. On regarde donc les objets tels qu’ils étaient dans l’enfance de notre univers. C’est un peu comme remonter dans le temps, ce qui permet de comprendre l’enfance des galaxies et c’est très important pour comprendre l’univers qui est autour de nous maintenant » affirme Pierre Ferruit. 

Le télescope pourra trouver si les conditions favorables à l’apparition de la vie sont présentes ailleurs que sur terre

Comment se sont formées les galaxies ? Quand précisément ? Comment ont-elles évoluées ensuite ? Webb va également s’intéresser aux exoplanètes, ces planètes qui tournent autour d’étoiles autres que notre soleil. Le télescope va permettre d’étudier l’atmosphère de ces exoplanètes pour pouvoir repérer ensuite de possibles signes de vie. C’est le projet sur lequel travaille Pierre-Olivier Lagage, astrophysicien au CEA : « Le graal c’est de chercher des biosignatures. Par exemple sur terre nous avons de l’oxygène ou de l’ozone et ca, c’est fait par la photosynthèse qui incarne la vie. C’est donc en regardant la composition des atmosphères en molécules, que l’on va comprendre des choses ». 

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Le télescope pourra trouver si les conditions favorables à l’apparition de la vie sont présentes ailleurs que sur terre. Alors avant de révolutionner l’astronomie moderne et nos connaissances, Webb va devoir se déployer dans l’espace. Il est aujourd’hui dans la coiffe de la fusée Ariane, replié. Selon Pierre-Olivier Lagage : « il est lancé replié, et une fois lancé pendant 13 ou 14 jours, il va se déplier avec un immense bouclier thermique grand comme un terrain de tennis. Cela a pour but d’empêcher les rayons du soleil de chauffer le télescope. Ce sera une étape critique dans le déploiement de Webb ». Webb mettra ensuite 1 mois avant d’atteindre le point autour duquel il sera en orbite, puis quelques mois de tests de tous ses instruments. Il fournira ses premières données cet été et pour une durée de vie d’au moins 10 ans. Un grand bond dans l’espace pour nos connaissances. 

Baptiste Gaborit 

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