Covid-19 : L’OMS envoie des chasseurs de virus en Chine tracer l’origine de la pandémie

Pour tenter de retracer l’origine la pandémie de Covid-19, l’Organisation Mondiale de la Santé a mandaté dix scientifiques qui arrivent aujourd’hui en Chine. De nombreux chercheurs travaillent également à l’année partout dans le monde sur le sujet des infections des infections émergentes, ce sont les chasseurs de virus.

La faune sauvage représente un réservoir de 1 700 000 virus encore inconnus à l’homme

Benoît de Thoisy, chercheur à l’Institut Pasteur de Cayenne, est un de ces chasseurs de virus. Il arpente la forêt amazonienne à la recherche de zoonoses, ces infections transmises de l’animal à l’homme. Pour les étudier, la première étape est selon lui « d’aller chercher ces virus, parasites ou bactéries dans leur environnement », ses cibles sont « les mammifères, chauves-souris, rongeurs, marsupiaux et plus récemment une étude a été lancée sur les petits oiseaux migrateurs », le but de Benoît de Thoisy est de « comprendre comment ces virus circulent dans l’environnement ». La méthode de travail du chercheur est la suivante : il capture ces animaux et fait des prélèvements qui sont ensuite séquencés dans les laboratoires de l’Institut Pasteur. Benoit de Thoisy détaille ce processus : « nous trouvons des centaines de milliers de séquences, certains fragments de virus pourront être proches d’éléments que l’on connaît comme potentiellement pathogènes pour l’homme, d’autres ne pourront être identifiés faute de connaissances à leur sujet ».

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L’objectif est d’avoir un temps d’avance sur le virus, d’identifier les agents pathogènes qui circulent déjà, de repérer leurs mutations et de comprendre les environnements favorables à leur émergence pour ensuite alerter en cas de danger. Benoît de Thoisy précise que « la même diversité virale ne se retrouve pas chez toutes les espèces. Nous devons donc essayer de comprendre ce qui façonne cette diversité virale ».

One Planet Summit : une alliance de recherche créée pour tracer les virus

Les zoonoses sont à l’origine des grandes épidémies de ces dernières années, c’est le cas du MERS au Moyen-Orient, d’Ebola, du NIPAh en Malaisie et donc de la Covid-19, issue d’une chauve-souris. Serge Morand, chercheur au CNRS, traque aussi depuis des années les virus émergents en Thaïlande, au Laos, au Cambodge et défend l’idée que nos activités humaines ont rendu possible l’apparition de ces nouveaux virus, notamment à travers la déforestation et la perte ininterrompue de biodiversité ces dernières années. Selon lui « s’attaquer aux endroits à très forte biodiversité diminue le nombre de prédateurs et favorise la prolifération de rongeurs et de moustiques qui transportent des maladies. S’attaquer à la biodiversité c’est perdre les régulations de la transmission des maladies ».

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Les forêts où circulent des millions de virus jouaient un rôle de tampon, d’autorégulation. C’est malheureusement de moins en moins le cas. Selon les experts de l’ONU, la faune sauvage représente un réservoir de 1 700 000 virus encore inconnus dont 60% seraient transmissibles à l’homme. Il faut donc investir dans la veille épidémiologique et la recherche environnementale. C’est dans cette logique qu’a été lancée au One Planet Summit une alliance de recherche sur le lien entre environnement et virus émergents entre plusieurs instituts français et allemands.

Baptiste Gaborit

 

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