La visite en Chine du chancelier allemand Olaf Scholz suscite de plus en plus de critiques, en Europe mais aussi en Allemagne.
Olaf Scholz traite la Chine comme un partenaire commercial privilégié
L’entourage d’Olaf Scholz a d’ailleurs tenté de déminer le terrain hier, en assurant que le chancelier ne ferait pas l’impasse sur les sujets de controverse lors de sa rencontre prévue ce 4 novembre avec le président chinois Xi Jinping. Les sujets de crispation sont nombreux : sort de Taïwan, de la minorité Ouïghour, soutien implicite à Moscou sur l’Ukraine entre autres. Mais ces engagements laissent sceptiques et les critiques fusent, y compris dans la coalition gouvernementale. Il faut dire que le moment de cette visite laisse songeur : le président chinois vient d’être reconduit sur une ligne dure, très dure, où l’idéologie prime sur l’économie.
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L’Europe s’éloigne de la Chine, considérée depuis 2019 comme un « rival systémique ». Et le commissaire européen au marché intérieur Thierry Breton d’avertir : « L’ère de la naïveté c’est fini ». Mais Olaf Scholz, lui, semble toujours marcher dans les pas d’Angela Merkel, en traitant la Chine comme un partenaire commercial privilégié. Emmanuel Macron lui avait proposé d’aller ensemble à Pékin porter la voix de l’Europe. Il a refusé. Un irritant de plus dans la relation franco-allemande.
L’Allemagne continue d’investir massivement en Chine
Mais comment expliquer cette position singulière ? Tout simplement parce que l’économie allemande est de plus en plus dépendante de la Chine. Alors que beaucoup d’Européens, échaudés par les contraintes, se retirent du marché chinois, l’Allemagne continue d’y investir massivement, à l’instar de ses constructeurs automobiles. La Chine représente 40% des ventes de Volkswagen. Le chimiste BASF va quant à lui dépenser 10 milliards d’euros dans une nouvelle usine chinoise. Bref, la priorité donnée au commerce persiste, surtout dans un contexte très difficile pour l’industrie germanique, paniquée par la crise de l’énergie. Mais après la dépendance au gaz russe, la dépendance à la Chine pourrait s’avérer encore plus dangereuse, à l’avenir, pour l’Allemagne.
Etienne Lefebvre