Frank McCourt, le propriétaire de l’Olympique de Marseille, s’est fixé une nouvelle mission : sauver internet. Cela peut paraître fou, tant le projet appellerait une mobilisation de masse des internautes, mais les dérives des géants du digital interpellent de plus en plus.
Project Liberty veut doter chaque citoyen d’une identité digitale
McCourt trouve que la société a basculé dans un capitalisme digital de surveillance. Quelque géants d’internet contrôlent tout et orientent le débat. Pour lui, si nous vivons dans une ère de plus en plus populiste et consumériste, c’est en grande partie à cause de Google ou Facebook qui rendent en apparence des services gratuits mais qui captent nos données personnelles et les exploitent. Nous avons perdu le contrôle et McCourt veut nous le rendre en modifiant le rapport de force.
A lire aussi
Ainsi, l’homme d’affaires lance Project Liberty, et veut s’appuyer sur la blockchain qui dotera chaque citoyen d’une forme de signature numérique. Pour se brancher sur un site, plutôt que de donner un nom et un mot de passe, nous aurions notre identité digitale. Il sera alors possible de contrôler les informations données, et de choisir les datas que l’on partage, ainsi que la publicité. Ce système permettra également de contrôler les « cookies », les traces numériques que l’on laisse.
Les dérives des géants du digital interpellent de plus en plus
Evidemment, le projet est fou et il faudrait que des millions d’internautes utilisent cette solution pour que les géants du Net acceptent que la masse fixe ses conditions. C’est une forme d’utopie, mais technologiquement, c’est possible. La blockchain est une sorte de code informatique décentralisé et sécurisé qui apporte une réponse technique. La mise en place d’un tel projet nécessitera un mouvement de fond, et cela n’est pas gagné car les internautes sont des manipulés consentants. On accepte d’être espionnés et manipulés parce que les services qu’on nous offre sont gratuits et efficaces.
A lire aussi
Le respect de la vie privée et les dérives des géants du digital interpellent de plus en plus, et ce Project Liberty n’aurait eu aucune chance d’aboutir il y a cinq ans. S’il a une petite chance aujourd’hui, c’est aussi car Frank McCourt est un milliardaire qui ne fait pas les choses à moitié. Pour défendre son initiative, il met 100 millions de dollars dans une fondation, s’associe à Sciences Po et à l’Université de Georgetown pour faire la pédagogie de cette réinvention et mobiliser des énergies. Les entrepreneurs américains sont un peu dingues, mais ils atteignent parfois leurs objectifs. Si on avait dit à Steve Jobs, Elon Musk, Jeff Bezos ou Marc Zuckerberg que leurs idées ne marcheraient pas on aurait pas eu l’iPhone, Tesla, Space X, Amazon et Facebook.
David Barroux