Vega-C, une fusée italienne commercialisée par Arianespace, qui a décollé de Kourou (Guyane) dans la nuit de mardi à mercredi a explosé en vol. C’est une très mauvaise nouvelle pour l’Europe.
Space X avec Falcon 9, c’est 99% de taux de réussite
On peut même parler de catastrophe à la fois technologique, économique et géostratégique pour le Vieux Continent. Une catastrophe technologique, parce que cette fusée développée par l’Italien Avio et commercialisée par Arianespace a dû être détruite après son décollage en raison d’un bug. Quelque chose n’a pas fonctionné, sa trajectoire n’était pas bonne. La fusée n’est pas au point, et c’est le 3ème échec en 9 lancements pour les différentes fusées Avio, ce qui n’est pas acceptable. Son taux de réussite n’est que de 86,4%, or dans l’espace ce n’est pas assez. Ariane 5, c’est 96% de taux de réussite et aucune explosion depuis 20 ans. SpaceX avec Falcon 9, c’est 99% de taux de réussite. L’impact économique est aussi notable : on a perdu deux satellites qui avaient coûté 300 millions d’euros. Cette fusée qui effectuait son premier lancement commercial va être clouée au sol pendant des mois. Ce sont aussi des coûts supplémentaires pour comprendre l’erreur. Et un manque à gagner en termes de contrats de lancement.
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Sur le plan géostratégique, l’impact à court terme est qu’on ne va pas avoir les deux satellites d’observation civilo-militaires d’Airbus. A moyen terme, cela prouve une fois de plus que notre accès à l’espace n’est pas garanti. Or, pouvoir placer des satellites d’observation comme de télécommunications, c’est totalement stratégique. L’économie et l’armée ont besoin de l’espace. L’échec d’une fusée ne veut certes pas dire que tout est perdu pour l’Europe, mais on accumule les revers.
Ariane 6 a pris du retard, avec les premiers vols au mieux fin 2023
Avio, qui devait être notre lanceur pour de petites charges utiles d’environ 2 tonnes ne marche pas. Pour les 5 à 7 tonnes, la commercialisation et le lancement étaient assurés depuis Kourou par des Soyouz russes, mais depuis la guerre en Ukraine, c’est terminé. Ariane 5 est chargé des plus gros lancements, mais ce programme est en fin de vie, avec seulement deux fusées à envoyer dans l’espace en 2023. Ariane 6 devait prendre le relais, mais les premiers vols seront au mieux fin 2023. On a pris du retard. Cela veut dire qu’on n’a plus d’alternative. Les Européens qui veulent placer des satellites en orbite ne peuvent pratiquement passer que par SpaceX, qui aura réussi cette année une soixantaine de lancements sans le moindre échec. La vérité, c’est que nous faisons du surplace pendant que les autres accélèrent. On va les enrichir en leur apportant de l’activité, c’est ce qu’on appelle une catastrophe.
David Barroux