Jean-Luc Godard : De Beethoven à Michel Legrand, découvrez les musiques de ses films

NANA PRODUCTIONS/SIPA

Une émission spéciale de Demandez le Programme a été diffusée ce mardi 13 septembre, consacrée aux musiques des films de Jean-Luc Godard, qui s’est éteint à l’âge de 91 ans. Voici les compositeurs choisis par le réalisateur qui a « pulvérisé le cinéma », selon la formule de François Truffaut.

En 1962, Jean-Luc Godard fait appel à Michel Legrand pour la musique de Vivre sa vie

A bout de souffle est le film emblématique de la Nouvelle Vague, ce courant cinématographique qui impose à l’écran ce qui ne se faisait pas avant. Le champ des possibles est ouvert par ce film de Jean-Luc Godard sorti en 1960. Il y a cette séquence remarquable entre Jean-Paul Belmondo et Jean Seberg qui vend le journal dans les rues de Paris, avec ce morceau intitulé New York Herald Tribune. La musique est de Martial Solal.

En 1962, Jean-Luc Godard fait appel à Michel Legrand pour la musique de Vivre sa vie. Anna Karina, la compagne du réalisateur, raconte en 12 tableaux l’histoire d’une jeune femme qui vient de perdre son emploi. Le réalisateur expliquait qu’il choisissait des compositeurs différents mais qu’il espérait des musiques similaires entre ses films. Un an plus tard, Jean-Luc Godard accepte de tourner un film avec Brigitte Bardot qui est au sommet de son talent et de sa beauté. C’est la sortie en salle du Mépris avec Michel Piccoli, Fritz Lang et Jack Palance. Georges Delerue compose le thème de Camille dans une séquence où Brigitte Bardot apparaît nue, chaque partie de son corps étant jetée en pâture au téléspectateur. L’actrice emporte tout sur son passage et annonce la tragédie. La séquence est d’ailleurs enregistrée après le tournage principal, car les producteurs estimaient que Brigitte Bardot n’était pas assez mise en valeur.

Deux ans plus tard, le réalisateur retrouve Jean-Paul Belmondo pour Pierrot le fou. C’est Antoine Duhamel qui signe la musique.

« La musique est un élément vivant, au même titre qu’une rue, que des autos »

Pour une interview dans Les Cahiers du Cinéma, Jean-Luc Godard a dit ceci : « je n’irai jamais demander à Stravinsky de me faire de la musique d’accompagnement. Ce qu’il me faut, c’est du mauvais Stravinsky, parce que si je prends du bon, tout ce que j’ai tourné ne sert plus à rien. C’est pour la même raison que je ne peux pas travailler avec un scénariste. Un musicien conçoit sa musique, et je conçois mon film avec mon monde de cinéma. L’un plus l’autre, je crois que c’est trop. La musique, pour moi, est un élément vivant, au même titre qu’une rue, que des autos. C’est une chose que je décris, une chose préexistante au film ». Jean-Luc Godard tourne en 1967 La Chinoise, un film intello et politique sur des étudiants qui philosophent sur la gauche et la bourgeoisie. On y entend non pas l’Internationale mais le Concerto pour deux violons RV 523 d’Antonio Vivaldi.

Jean-Luc Godard n’hésite pas à faire appel aux plus grands musiciens classiques comme Beethoven. Dans Une femme mariée, tourné en 1964, on entend l’andante du Quatuor pour cordes n°9 opus 59.

En 1965, Jean-Luc Godard tourne Alphaville, une sorte de film futuriste qui lui vaudra l’Ours d’Or du festival du film de Berlin. Il embauche Eddie Constantine et Anna Karina et la musique est confiée à Paul Misraki.

Une femme est une femme raconte l’histoire d’Angela, jeune femme qui exige de son compagnon un enfant dans les 24 heures à venir, sans quoi elle le quittera. Jean-Luc Godard retrouve Michel Legrand avec la chanson d’Angela.

Dans un des films de Jean-Luc Godard, un personnage estime qu’il y a des heures pour écouter certains compositeurs. « Bach ce n’est plus l’heure, un Brandebourgeois à huit heures du matin c’est merveilleux. Mozart c’est huit heures du soir, Beethoven, c’est de la musique profonde, c’est minuit ». Dans Bande à Part, Anna Karina, Sami Frey et Claude Brasseur dansent dans un bar et Jean-Luc Godard livre ses commentaires pendant la scène, toujours sur la musique de Michel Legrand.

Jean-Luc Godard disait : « quand on va au cinéma, on lève la tête, quand on regarde la télévision, on baisse la tête ». Il n’a rien dit en ce qui concerne la radio !

David Abiker

Retrouvez l’actualité du Classique