MASCAGNI Pietro

1863-1945 Epoque postromantique

Pietro Mascagni restera l’homme d’un succès : Cavalleria Rusticana, court opéra en un acte, composé à 26 ans, et qui va symboliser l’opéra vériste, ce courant lyrique et littéraire puisant ses sources dans le réalisme des passions. Mascagni ne renouvellera jamais le triomphe de Cavalleria Rusticana. La fin de sa vie sera ternie par son soutien à Mussolini, et c’est dans l’indifférence générale qu’il mourra à Rome, en aout 1945, quatre mois après la chute du Duce.

Pietro Mascagni  en  8 dates :

  • 1863 : Naissance à Livourne.
  • 1882 : Entrée au Conservatoire de Milan, dans la classe de Ponchielli.
  • 1890 : Triomphe à Rome avec la création de Cavelleria Rusticana.
  • 1891 : Création à Rome de L’Amico Fritz, loin du succès de Cavelleria Rusticana.
  • 1898 : Regain de popularité avec Iris.
  • 1925 : Succède au chef Arturo Toscanini à la Scala.
  • 1935 : Création de son utime opéra Nérone, à la gloire de Mussolini.
  • 1945 : Décès à Rome à l’âge de 82 ans.

 

Les parents de Mascagni rêvaient d’un fils juriste, finalement c’est un compositeur qu’ils ont donné à l’Italie.

Quand Pietro Mascagni naît le 7 décembre 1863 dans la ville de Libourne, son père est boulanger, et peut-être rêve-t-il déjà pour son fils d’une carrière de juriste. Il va en tout cas s’en donner les moyens, et c’est ainsi que le jeune Pietro est envoyé au lycée communal de San Sébastien. Mais les espoirs paternels se heurtent très vite à la passion que Pietro va vouer à la musique. L’adolescent trouve auprès de son oncle une écoute attentive, et celui-ci l’aide à apprendre le piano et le chant. Pietro poursuit alors son apprentissage à l’Institut musical de Livourne où il écrit plusieurs cantates, notamment In Finlandia et Delle create cose, inspirée du fameux poème An die Freude de Schiller, que Beethoven a popularisé dans le final de sa 9ème Symphonie. Ces deux cantates attirent l’attention sur le jeune compositeur et remportent un certain succès, suffisant pour conforter Mascagni dans ses ambitions. Et c’est ainsi qu’en 1882, à l’âge de 19 ans il entre au Conservatoire de Milan où parmi ses professeurs il a Amilcare Ponchielli, l’auteur de La Gioconda. Il croise aussi un autre élève de Ponchielli : Giacomo Puccini de 5 ans son aîné. Les deux jeunes gens sont nourris de la même ardeur et des mêmes rêves de gloire. Ils louent ensemble une chambre dans laquelle ils étudient le soir. Mais Mascagni est d’un caractère indépendant. Il refuse les règles du Conservatoire et quitte Milan au bout de deux ans, sans avoir terminé ses études. Pour vivre, il doit travailler et créé alors une troupe itinérante qui joue de l’opérette et dont il est le directeur musical.

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Avec Cavalleria Rusticana, Pietro Mascagni va passer de l’ombre à la lumière.

Après ces années d’itinérance, Mascagni qui se dit fatigué de la vie de nomade, prend le poste de directeur de la nouvelle Philharmonie de Cerignola, dans les Pouilles, ville dont l’histoire retiendra la bataille qui opposa en avril 1503 les armées françaises et espagnoles en pleine guerre d’Italie. C’est à Cerignola que Mascagni, jeune marié, compose pour un concours d’opéra organisé par un éditeur milanais, Cavalleria Rusticana. Le livret est inspiré d’une nouvelle du romancier sicilien Giovanni Verga, considéré comme le chef de file du mouvement littéraire italien qui fait alors florès : le vérisme. L’intrigue qui se déroule en Sicile est relativement simple. Elle est fondée sur la passion, la jalousie excessive et l’exaltation de l’honneur. Mais surtout la musique développe un véritable sens de la mélodie populaire qui se rapproche du chant traditionnel italien, avec une riche sonorité orchestrale. L’ouvrage est écrit en deux mois. Cavalleria Rusticana remporte le premier prix du concours, et l’opéra est créé le 17 mai 1890 au Teatro Costanzi à Rome. Mascagni est rappelé une soixantaine de fois sur scène ! Verdi aurait dit en l’entendant : «  je puis mourir tranquille ». L’oeuvre est créée l’année suivante au Met, puis à Paris à l’Opéra Comique. Madrid, Munich et même Buenos-Aires mettent également Cavalleria Rusticana à l’affiche. Du jour au lendemain Macagni acquiert une renommée internationale. « J’ai été couronné avant d’être roi, ma situation est complètement transformée » reconnaîtra l’heureux et désormais fortuné compositeur.

Intermezzo de Cavalleria rusticana

 

L’immense succès de Cavalleria Rusticana a occulté le reste de l’oeuvre de Mascagni.

Rapidement Cavelleria Rusticana est couplé à un autre ouvrage vériste, écrit deux ans plus tard, Pagliacci de Ruggero Leoncavallo. C’est le Met qui semble-t-il en a eu l’idée, chacun de ses deux opéras étant trop court pour remplir à lui seul une soirée. Mais comme Leoncavallo, Mascagni ne renouvellera jamais un tel succès. A-t-il d’ailleurs véritablement cherché à exploiter cette veine réaliste ? Apparemment non. L’Amico Fritz qui est créé en 1891, n’est certes pas un échec, mais il déçoit ceux qui s’attendaient à ce que Mascagni continue à composer dans le style de Cavalleria Rusticana. En 1895, Mascagni prend la direction du lycée musical de Pesaro, la ville natale de Rossini. Trois ans plus tard, en 1898, il connaîtra un relatif succès grâce à Iris dont l’action se déroule au Japon et exploite l’exotisme oriental, quelques années avant Madame Butterfly de Puccini. Mascagni se tourne également vers les légendes médiévales avec Isabeau en 1911.

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Les années sombres, quand Mascagni devient un fervent supporter de Mussolini.

Parallèlement à la composition, Pietro Mascagni poursuit une carrière de chef d’orchestre, à la fois symphonique et lyrique. En 1925 il reprend certaines des fonctions d’Arturo Toscanini qui vient de démissionner de la Scala pour protester contre le fascisme. En 1932 il adhère au Parti fasciste de Mussolini, et en 1935 il dirige son nouvel opéra, qui sera d’ailleurs son dernier, Nerone, écrit à la gloire de Mussolini. S’il reste l’homme d’un seul succès, Mascagni a composé une quinzaine d’opéras, mais aussi une opérette, des mélodies, de la musique sacrée, des symphonies, de la musique de chambre et même de la musique de film. Le 2 août 1945 Mascagni meurt dans une chambre d’un petit hôtel romain, dans l’indifférence générale. Et pourtant avec Cavalleria Rusticana il a posé les bases du vérisme, et donné à l’opéra italien quelques uns de ses airs les plus célèbres que les plus grands chanteurs mettront à leur répertoire, à l’image de Maria Callas, dont le premier rôle en 1939 à Athènes a été celui de Santuzza, l’héroïne de Cavalleria Rusticana.

 

Jean-Michel Dhuez

 

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