Riopy : Ce pianiste français, élevé dans une secte, est une star aux États-Unis

SADAKA EDMOND/SIPA

Élevé au sein d’une secte, le pianiste et compositeur français Jean-Philippe Rio-Py, alias  Riopy (JPRP), a affronté les démons du passé grâce à sa musique. Son dernier album Tree of light a été classé pendant trois semaines en tête du classement des disques classiques américain, et ses morceaux qui incitent à la méditation sont écoutés en streaming par des millions de personnes.

 

« J’ai eu une malchance qui s’est transformée en chance »

À 38 ans, Riopy, pianiste et compositeur français, inconnu dans son pays natal, a réussi l’exploit de rester pendant 68 semaines en 3ème position du Billboard classique américain (classement des ventes et des écoutes) derrière de grands noms comme Max Richter et Lang Lang avant de les devancer pendant 3 semaines en janvier. Une consécration pour le musicien qui a vécu un itinéraire de vie peu commun.

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« J’ai eu une malchance qui s’est transformée en chance », résume Riopy dans un entretien avec l’AFP. La « malchance », c’est une secte dans les Deux-Sèvres où il a été entraîné tout petit avec ses deux sœurs et deux frères par leur mère. Frappé parfois, il y développe un « OCD » (trouble d’anxiété neurobiologique). La secte, dirigée par une gourou, interdisait musique et télévision. Il y avait toutefois un piano abandonné auquel il s’est intéressé dès l’âge de 2 ans. «On me mettait sur une chaise et on me disait: +Tu ne bouges pas+ pendant des heures et des heures… J’adorais faire des rythmes dans la tête et ça se mettait sur le clavier », raconte-t-il.

Une rencontre déterminante avec Chris Martin, le leader de Coldplay

Mais cet épisode n’est que le début de son parcours du combattant. Après avoir quitté la secte à 18 ans, direction Los Angeles où il se retrouve rapidement à la rue. Riopy se rend ensuite en Angleterre, à Reading,  où un philanthrope, Michael Freeman, séduit par la musique qu’il jouait dans une boutique de piano, finance ses études de musique contemporaine à Oxford. Il s’installe ensuite à Londres, fait le tour des pianos-bars. « Ma musique était tellement cinématographique que ça marchait pour les pubs » raconte-t-il. Nick Saunders, producteur de films rencontré par hasard, est séduit et lui propose de devenir son agent. Un soir, lors d’un dîner organisé par le magazine Vanity Fair, Chris Martin, le leader du groupe Coldplay, est conquis par son jeu et lui offre plus tard un piano.

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Grâce à ce coup du destin enfin bienvenu son carnet d’adresses s’élargit, il se produit dans les clubs les plus célèbres de Londres et, en 2015, après une pub pour la maison Armani qui fait 10 millions de vues sur YouTube, il commence à décrocher des contrats. Mais alors que tout semble lui sourire, il doit se battre contre une dépression chronique : « j‘étais suicidaire, je sombrais dans l’alcool, la drogue ». Il se soigne grâce au yoga, la méditation, s’intéresse à la neuroscience et est aujourd’hui plus apaisé.

 

La musique de Riopy très prisée par les adeptes du yoga

Depuis 5 ans JPRP est devenu un musicien très suivi grâce au succès de ses albums Riopy, Bliss et Tree of Light. Il a également signé des bandes annonces de films oscarisés (Shape of Water, The Danish Girl). Spécialisé désormais dans une musique ultra-émotionnelle, streamée aujourd’hui massivement sur les plateformes et utilisée sur les applis et par des instructeurs de yoga, Riopy est un musicien comblé et un homme apaisé. « J’ai la chance de vivre de ma musique, d’avoir une femme que j’aime, deux petits bébés et de pouvoir partager ma musique avec le plus grand nombre de gens possible » conclut le pianiste.

Philippe Gault (avec AFP)

 

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