Une enquête de l’ISM, plus grand organisme représentatif des musiciens professionnels au Royaume-Uni, démontre que les discriminations dans ce secteur sont en hausse par rapport à l’étude précédente qui datait de 2018. Ce sont les actes de discriminations fondés sur l’origine, le handicap et surtout le sexe qui connaissent les niveaux les plus élevés.
78% des cas de discrimination dénoncés concernent les femmes
66% des musiciens interrogés dans cette nouvelle étude sont victimes de discrimination, dont 78% de femmes, et dans 58% des cas, il s’agit de harcèlement sexuel. Ces chiffres sont issus de l’enquête réalisée par l’Incorporated Society of Musicians (ISM) représentant 11 000 musiciens professionnels britanniques dont (seulement) 660 ont répondu au questionnaire anonyme réalisé en mai et juin 2022. Des données qui démontrent que les discriminations dans le secteur sont en hausse par rapport à l’étude précédente de 2018, dans laquelle il ressortait déjà que 60% des personnes interrogées s’estimaient victime de discrimination.
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Parmi les cas de discrimination, considérés par leurs victimes comme « endémiques dans l’ensemble de la profession », le harcèlement sexuel et le chantage qui l’accompagne se révèlent les plus inquiétants. C’est ce que prouvent certains témoignages anonymes. Une musicienne explique : « on m’a dit qu’en tant que musicienne, je ne ferai progresser ma carrière que si j’étais prête à accorder des faveurs sexuelles » et une autre se rappelle d’un chef d’orchestre « qui voulait [l]’embrasser et, comme [elle a]refusé, il ne [l]’a plus jamais engagée ».
Les victimes de discrimination craignent d’être pénalisées dans leur carrière si elles dénoncent les faits
Les témoignages recueillis révèlent également que 88% des victimes de harcèlement n’ont pas signalé ces faits. 94% d’entre elles justifient leur « silence » par l’absence de personne à qui s’adresser. Selon les responsables de l’enquête de l’ISM, « les résultats de l’étude ont clairement montré que les travailleurs indépendants et les pigistes ne sont pas protégés au travail car ils n’ont souvent personne à qui signaler des faits de discrimination . Ils craignent également que le fait de porter plainte ne les prive de futures opportunités de travail. Ceux qui sont titulaires ne portent pas non plus plainte et, lorsqu’ils le font, beaucoup sont pénalisés pour cela « . En conclusion de son enquête, l’ISM appelle le secteur de la musique à promouvoir un code de conduite et demande au gouvernement britannique de modifier la loi de 2010 sur l’égalité « pour garantir la protection de tous ceux qui travaillent dans ce domaine ».
Philippe Gault
