Mort du baryton Gabriel Bacquier, l’un des plus grands ambassadeurs du chant français

Doté d’un charisme scénique exceptionnel, d’une voix puissante et d’une diction parfaite, il était à la fois un immense chanteur et un grand acteur. Il a marqué de nombreux rôles dans de nombreux répertoires. Gabriel Bacquier aurait eu 96 ans le 17 mai prochain.

Scarpia, Don Giovanni, Leporello, le Comte Almaviva, Mephistophélès, Falstaff, Gabriel Bacquier a interprété les plus grands rôles de baryton

Né à Béziers le 17 mai 1924 d’un père cheminot et d’une mère institutrice, Gabriel Bacquier découvre l’opéra grâce au phonographe de son père, et assiste à des représentations d’opérettes. Alors qu’iI rêve d’entrer aux Beaux-Arts à Paris, il s’initie au chant à l’Ecole de Musique de Béziers. Pendant cette période il se produit pour la première fois en public, dans les arènes de sa ville natale, en chantant Ourrias dans Mireille de Gounod.

 

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À la fin de la Seconde guerre mondiale Gabriel Bacquier entre au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris. Il en sort en 1950 doté d’un Premier Prix, et intègre la troupe de l’Opéra de Nice. C’est d’ailleurs au sein des troupes, qu’il tiendra ses premiers rôles, car après Nice il rejoint la troupe de la Monnaie à Bruxelles, avant de rejoindre celle de la Réunion des Théâtres Lyriques Nationaux qui réunissait l’Opéra-Comique et l’Opéra de Paris.

 

Gabriel Baquier a chanté sur les plus grandes scènes d’opéra, à Paris, au Met de New York et à Covent Garden

1960 sera une année charnière. Il chante Scarpia dans Tosca de Puccini à l’Opéra de Paris, avec Renata Tébaldi, et il est invité au Festival d’Aix-en-Provence, pour interpéter Don Giovanni. Sa carrière est alors lancée, et Gabriel Bacquier sera régulièrement invité sur ces deux scènes. Il a aussi régulièrement chanté au Capitole de Toulouse. A l’étranger il s’est produit à 123 reprises au Met de New-York, et il chanté à Covent Garden à Londres.

 

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Parmi les autres grand rôles qu’il a interprété, il faut noter Iago dans Otello de Verdi, Don Pasquale de Donizetti, Dulcamara dans L’Elixir d’amour, Bartolo dans Le Barbier de Séville de Rossini, Golaud dans Pelléas et Mélisande de Debussy ou encore Gianni Schichi de Puccini, rôle qui a marqué ses adieux à l’Opéra de Paris en 1987. Son art du texte et de la diction ont également fait merveille dans la mélodie.

 

Gabriel Bacquier avait une voix puissante, et une présence scénique hors du commun

De Gabriel Bacquier on retiendra également son charisme scénique. « Quand il arrivait il était le patron, il prenait tout l’espace, c’était le roi», se souvient Thérèse Cédelle, agent artistique lyrique et qui a chanté à ses côtés. «Il avait une voix sonore, un timbre doré, et une façon unique de ciseler tous les textes. Il pouvait faire tout passer dans le texte. Il avait la faculté rare de faire pleurer et de faire rire. Il avait aussi un regard exceptionnel» témoigne Thérèse Cédelle qui met également en avant sa rigueur. «C’était un bosseur incroyable, il avait un métier impressionnant ». Gabriel Bacquier a par ailleurs enseigné le chant.

 

Un de ses anciens élèves, le ténor Florian Laconi qui a suivi ses cours pendant une dizaine d’années se souvient : «Il m’a transmis une espèce de générosité qui transparaissait chez lui en scène. Il m’expliquait que pour bien chanter, il fallait également bien vivre. C’était une école de la vie. Gabriel Bacquier était un personnage haut en couleur, une grande gueule, mais également un être extrêmement tendre. Il a aussi contribué à ouvrir les portes de la comédie, du théâtre dans l’opéra». Bien que natif de Béziers, dont il avait gardé l’accent méridional, c’est en Normandie à Lestre dans la Manche où il s’était retiré, que Gabriel Bacquier est décédé, ce 13 mai, à quelques jours de son 96e anniversaire.

 

Jean-Michel Dhuez

 

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