Un journaliste infiltré chez les policiers : les révélations de Valentin Gendrot

Le Monde publie les bonnes feuilles de l’enquête parue dans le livre de Valentin Gendrot, jeune journaliste qui a passé six mois dans un commissariat où il s’est fait embaucher comme adjoint de sécurité.

Valentin Gendrot décrit le tabassage d’un jeune migrant

Et Le Monde ne redoute pas de publier en gros titre ce verbatim du jeune enquêteur : « Les flics sont censés lutter contre la violence, en pratique, ils en sont souvent un avant-poste ». Vous avez bien entendu, les flic ne sont pas à l’avant poste de la violence, ils en sont l’avant poste ! Et le jeune homme raconte son enquête clandestine, immersive dans un commissariat du 19e arrondissement.
Valentin Gendrot a changé les prénoms, porte l’uniforme contractuel d’adjoint de sécurité depuis deux semaines et décrit ainsi l’interpellation de celui que ses collègues appellent un bâtard dans un vocabulaire usuel. Après avoir interpellé un jeune homme sans doute pas majeur : « Nous remontons dans le fourgon accompagné du gamin. Le jeune homme terrifié est assis entre nous. Nous roulons à fond dans les artères parisiennes jusqu’à sortir de notre secteur. Qu’est-ce que nous foutons ici ? Toto (le policier qui conduit le fourgon) se gare en pleine rue, il descend ouvre la porte du fourgon et monte avec nous à l’arrière. Il empoigne le type par les cheveux. Un de mes collègues me demande de sortir pour faire le guet. Le véhicule remue, j’entends des cris. La porte s’ouvre, à nouveau la voix du flic qui donne +C’est bon t’as compris, allez dégage+. Le type descend du fourgon le corps plié en deux, il se tient la tête et marmonne +c’est ça police française ?+. Je porte l’uniforme depuis deux semaines et me voilà déjà complice du tabassage d’un jeune migrant ».

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On apprend plus loin que sa faute a été de toucher le policier lors d’un contrôle identité. Sans le faire exprès, admet Toto. « T’en fais pas, des mecs comme lui ça mérite que la mort » lâche un collègue. Le Monde parle d’un livre d’utilité publique qui au-delà des bavures évoque les conditions de travail des policiers mais témoigne dans ce journal de bord intitulé Flic, un journaliste a infiltré la police, (éd. Goutte d’or) des passages à tabac, des procès-verbaux mensongers pour couvrir un collègue ultra-violent. Agissements, écrit le Monde, qui conduiront sans doute les autorités de la République à régir. L’IGPN a été saisie.

David Abiker

 

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