Un début de marché noir a été signalé en France autour du Paxlovid. Cette pilule contre le Covid-19, développée par Pfizer, est un traitement normalement réservé aux immunodéprimés et aux personnes les plus fragiles. Mais des pharmaciens ont alerté récemment les autorités de santé sur un trafic de plus en plus évident.
Paxlovid : des achats limités à 20 boîtes par mois pour chaque officine
Des acheteurs suspects, souvent sans ordonnance valable, se procurent d’importantes quantités de Paxlovid pour ensuite les envoyer à l’étranger et principalement en Chine. Des annonces fleurissent sur les réseaux de messagerie cryptés, vidéo à l’appui : « 20 boîtes de Paxlovid, 50 euros l’unité, livrées en 24h partout dans le monde ». Pour obtenir ces boîtes en pharmacie à 5 euros l’unité, certains présentent une ordonnance falsifiée ou valable mais pour quelqu’un qui n’est pas censé prendre cet antiviral. Ce médicament, ensuite revendu au prix fort, est normalement réservé aux personnes avec comorbidités mais les demandes ont explosé ces derniers jours selon Pierre-Olivier Variot, président de l’USPO, l’union des syndicats de pharmaciens : « il y a eu 3.000 boîtes commandées en plus sur les 15 derniers jours par rapport aux semaines précédentes. Or on est en phase décroissante de l’épidémie de Covid, donc ça n’est pas logique ».
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Il mentionne plusieurs scénarios : « ces vendeurs vont voir un médecin qui leur fait une ordonnance de complaisance, ou il peut s’agir d’ordonnances chinoises – mais elles ne sont pas valables chez nous – ou ils vont directement en pharmacie en proposant d’acheter ces traitements [à n’importe quel prix] ». Ces boîtes de paxlovid sont ensuite envoyées principalement en Chine où elles peuvent se revendre parfois jusqu’à 700 euros sous le manteau, car la molécule manque cruellement là-bas en pleine flambée épidémique. Pour tenter d’enrayer ce phénomène et ne pas vider les stocks français, le gouvernement a mis en place une restriction : pas plus de 20 boîtes de Paxlovid par mois pour chaque officine.
Rémi Pfister
Ecoutez le reportage de Rémi Pfister (à partir de 6’10) :