« Le risque d’un chômage accru est extrêmement élevé », prévient Muriel Pénicaud

Muriel Pénicaud était l’invitée de la matinale de Renaud Blanc vendredi 29 mai. La ministre du Travail a assuré ne pas observer « de grandes vagues de licenciement » mais a indiqué que « les renouvellements de contrats posent problème ». Elle a appelé les Français à « ressortir » et à « consommer » pour relancer l’activité. Elle a également annoncé que des mesures seraient prises dans les prochains jours « pour soutenir l’apprentissage ».

La priorité n’est pas la question du temps de travail, « c’est qu’il y ait du travail pour tous », pour Muriel Pénicaud

« Le risque d’un chômage accru est extrêmement élevé ». Muriel Pénicaud s’est montrée alarmiste vis-à-vis de la progression redoutée du chômage en France cette année. Les chiffres pour le mois d’avril, tombés hier, font état d’un bond de 843.000 chômeurs de plus en catégorie A. « Il y avait beaucoup de personnes qui étaient en CDD ou en intérim, qui avaient de temps en temps un contrat, et c’est les premières touchées, a expliqué la ministre du Travail. Ce sont les renouvellements de contrats qui posent problème. On observe pas de grandes vagues de licenciements ».

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Les chiffres du chômage font suite à la récente prévision de l’INSEE qui table sur une contraction du PIB pour le deuxième trimestre de 20%. « La crise sanitaire se transforme aussi en crise économique et sociale. Il faut tous se le dire pour pouvoir prendre les choses à bras-le-corps », a déclaré Muriel Péniaud, pour qui « il va falloir s’armer plus ».

 

 

Certains redoutent donc une augmentation du temps de travail, déjà permise par les ordonnances prises à la fin du mois de mars. Un tel débat ne se pose pas, pour la ministre du Travail. « Je n’ai qu’une priorité, c’est qu’il y ait du travail pour tous », a-t-elle tranché, avant de rappeler que « le temps de travail se négocie dans l’entreprise ».

 

 

« Il faut qu’on ose consommer, maintenant qu’on contrôle mieux le virus », a averti Muriel Pénicaud

« Il y a l’arsenal juridique pour cela », a-t-elle réaffirmé, appelant ainsi au dialogue social. La ministre s’est réjouie « de signaux positifs », dont le nombre en hausse des offres d’emplois : « Il y en avait 473.000 ce matin. Donc, cela repart quand même ». Muriel Pénicaud a estimé qu’il faut être « fier de ce que l’on a fait en France » grâce au chômage partiel. Il a été « mis en place pour faire un bouclier social et économique, pour que les salariés ne perdent pas leur contrat de travail et il permet de garder les compétences pour les entreprises ».

 

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Des entreprises, qui dénoncent pour certaines l’impact de la dégressivité à partir du 1er juin du remboursement par l’Etat des salaires. A partir de cette date, les sociétés privées devront payer un reste à charge de 15%. Mais pas de risques accrus de licenciements pour Muriel Pénicaud. « Il n’y a pas de relation entre les deux », a-t-elle assuré.

 

 

La reprise de l’activité, condition sine qua non à la baisse du chômage, est visible mais demeure trop progressive aux yeux de la ministre, qui a lancé un appel : « Il faut en tant que Français qu’on ose consommer, qu’on ose ressortir maintenant qu’on contrôle mieux le virus ».

 

 

« Avec les partenaires sociaux, on travaille à régulariser » les dérives du télétravail

60 milliards d’euros ont été épargnés pendant le confinement par les ménages et pourraient servir à « faire repartir le commerce et l’industrie ». Pour l’heure, le bâtiment tourne à 50% de son activité. C’est 60% pour l’industrie quant aux commerces, ils « attendent les clients ». Malgré les levées successives des contraintes liées au confinement, qui vont encore s’accélérer après les annonces hier du Premier ministre Edouard Philippe, « il est indispensable » que le télétravail « se poursuive dans les semaines qui viennent », car a rappelé la ministre, « le virus est toujours en circulation ».

 

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L’appel à rester travailler chez soi avait, en tous cas, été largement suivi jusqu’à maintenant, avec 5 millions de télé-travailleurs au pic de la crise. « Je suis satisfaite de voir que c’est devenu une des modalités de travail », s’est enjouée Muriel Pénicaud, qui a toutefois évoqué des dérives dans des entreprises qui l’avaient instauré pour la première fois. « Avec les partenaires sociaux, on travaille à régulariser cela ».

 

 

« Il faut que les entreprises soient au rendez-vous » de l’apprentissage, a prévenu Muriel Pénicaud

« Avec le télétravail, il y a des règles. Il y a des moments où il faut se déconnecter », a-t-elle rappelé, précisant que pour les autres secteurs d’activités, dans lesquels « le présentiel » des salariés est nécessaire, 65 guides ont été édictés pour mettre en place les gestes barrières. Un guide parait d’ailleurs aujourd’hui pour les restaurateurs. Muriel Pénicaud a conclu son intervention en mettant l’accent sur l’apprentissage.

 

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« Il faut mettre le paquet car les jeunes qui arrivent sur le marché du travail, on ne peut pas leur dire qu’il y aura des aides financières, des aides écologiques et ne pas leur dire qu’il y aura tous les moyens pour leur avenir ».

 

 

« Je me suis beaucoup battue pour la réforme de l’apprentissage. On a eu +16% d’apprentis en début d’année. Il ne faut pas lâcher cela. Il faut que les entreprises soient au rendez-vous », a-t-elle averti, annonçant que des mesures allaient être prises dans les jours qui viennent « pour soutenir l’apprentissage ».

 

Nicolas Gomont

 

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