Les maternités sont sous très haute tension en plein cœur de l’été, alors que rythme des naissances ne faiblit pas. Les hôpitaux manquent cruellement de sages-femmes, et un établissement public sur 4 se dit « en difficulté » pour accueillir les femmes prêtes à accoucher.
Le département de Seine-Saint-Denis a fermé un tiers des maternités cet été
Cette année, sur les 25000 sages-femmes de France, moins de la moitié (11000) ont fait le choix de travailler dans un hôpital public. Au mois d’août, s’ajoutent en plus les congés du personnel. En conséquence, près d’une maternité sur 4 en France se dit « en difficulté » pour accueillir les femmes qui vont accoucher. Certains départements sont même quasiment sinistrés. En ce mois d’août, en Seine-Saint-Denis, une maternité sur trois a fermé ses portes. L’objectif est d’envoyer tout le personnel en vacances pour éviter une pénurie à la rentrée. Mais le problème est que l’offre de soins est donc complétement dégradée dans tout le département. Caroline, sage-femme à la maternité de Bondy explique que la principale difficulté concerne les grossesses à risques. « Avec les fermetures de lits, il y a eu des temps de trajets de plus de 2 heures en ambulance », précise-t-elle, ajoutant que « la crainte pour toutes nos équipes, c’est qu’il y ait une catastrophe ».
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Dans le Lot, il n’y a qu’une seule maternité, contre 6 il y a 10 ans
Cela s’est déjà produit, assure Caroline, avec le décès d’un nouveau-né en région Île-de-France, « dans un contexte de difficulté de transfert de la maman ». Elle redoute que cela ne se reproduise, « parce que les conditions de prise en charge sont loin d’être optimales ». Plus inquiétant encore, certaines maternités ferment pour ne plus jamais rouvrir. Il y a 10 ans, dans le Lot, il y en avait 6. Aujourd’hui le département n’en compte qu’une seule pour 90 000 femmes. Il est donc impossible pour une partie des femmes enceintes d’arriver a la maternité en moins de 45 minutes, regrette Huguette Tiegna, députée du Lot : « quand [un accouchement] se déclenche de façon imprévue, tout peut arriver, c’est un moment d’angoisse. Il faut parfois solliciter le mari ou les pompiers, dont ce n’est pas le coeur de métier ». L’élue LREM espère que des solutions seront trouvées « avant qu’il y ait un drame ». Certains médecins plaident pour la création massive de maisons de naissance dans les zones en tension, des lieux où les sages-femmes libérales, deux fois plus nombreuses que les hospitalières, pourraient se relayer durant l’année pour assurer les accouchements.
Rémi Pfister
Retrouvez le reportage de Rémi Pfister (à partir de 50 secondes)