Jordan Bardella était l’invité de la matinale de Renaud Blanc ce jeudi 26 mars. Le vice-président du Rassemblement national a déploré « la tiers-mondisation » de l’hôpital français. Il voudrait distribuer 1.500€ par entreprise et 1.000€ par salarié pour sauver l’économie. Le député européen a aussi critiqué le « rôle criminel » de l’UE, alors qu’un sommet est prévu aujourd’hui dans la cadre de la lutte contre le coronavirus.
Le gouvernement s’est rendu coupable d’un « mensonge d’Etat », pour Jordan Bardella
« Passée l’épidémie, le gouvernement aura des comptes à rendre ». Jordan Bardella a donné raison ce matin au président de la République, qui appelle « à l’unité nationale », mais n’a pas pour autant hésité à se montrer offensif. Les membres du gouvernement « se sont emmêlés les pinceaux dans un certain nombre de mensonges », a-t-il accusé, avant de fustiger les changements de doctrines sanitaires de l’exécutif. « On nous prend pour des imbéciles. On nous a expliqué pendant des semaines que porter un masque ne servait à rien. (…) Aujourd’hui, on nous explique que l’on a rétabli les frontières, il y a un mois on nous expliquait que cela ne servait à rien. On va faire des tests massifs, on nous expliquait il y a quelques semaines que cela ne servait à rien… (…) Tout cela, pour cacher la pénurie et l’impréparation du gouvernement ».
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La présidente du Rassemblement national se serait montrée à ses yeux plus prévoyante. « Marine Le Pen tirait la sonnette d’alarme dès le début du mois de février, à l’Assemblée nationale, avec une question posée à la ministre de la Santé Agnès Buzyn, sur le fait que nous n’avions pas de stocks de masques » suffisants. Jordan Bardella, qui n’a pas manqué d’utiliser les propos de l’ex-ministre, parus dans les colonnes du Monde peu après les municipales, pour justifier ce qu’il qualifie de quasi « mensonge d’Etat ».
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Des déclarations, qu’il aimerait au cœur de la commission d’enquête réclamée par Les Républicains au parlement. « Par précaution, madame Buzyn a lâché une bombe dans la presse en expliquant que le gouvernement savait que la vague était devant nous. Elle a mis tout le monde en alerte et on a rien fait pour anticiper cette crise ».
Jordan Bardella « choqué » par le préfet du 93, qui critique le couvre-feu de la mairie d’Aubervilliers
Au lendemain d’une nouvelle prise de parole d’Emmanuel Macron, à Mulhouse, l’un des épicentres français du coronavirus, Jordan Bardella a estimé que le président n’a pas apporté « des réponses à tous ces fonctionnaires, ces travailleurs de premières lignes » sur la « question des tests, des masques… » Lui et son parti souhaitent un confinement plus strict de la population, s’appuyant selon ses dires sur des recommandations de médecins, alors qu’aucun consensus n’existe vraiment sur la bonne méthode à suivre au sein du corps médical. « Encore faut-il que ce confinement soit respecté partout. Il y a un certain nombre de quartiers où une minorité de gens, de délinquants, ne veulent pas faire cette mesure de confinement ».
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« Je suis choqué d’entendre le préfet de la Seine-Saint-Denis mettre en garde la maire d’Aubervilliers (PCF), qui a pris un arrêté de couvre-feu en lui demandant de le retirer. L’Etat a acheté la paix sociale pour éviter des heurts dans un certain nombre de quartiers difficiles où les policiers sont systématiquement pris à partis », a affirmé le vice-président du RN.
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Depuis hier soir, un couvre-feu s’applique en effet dans la municipalité, de 21 heures à 5 heures du matin ; une première dans le département de Seine-Saint-Denis. Une pareille disposition a déjà prise par d’autres villes en France, de Nice à Perpignan en passant par Puteaux et Anières-sur-Seine, sans entraîner de réactions des préfets des différents secteurs.
Le Rassemblement national veut distribuer 1.000€ à tous les salariés
« Notre objectif, c’est le respect des mesures de confinement, et nous avons noté une amélioration ces derniers jours », s’est justifiée la préfecture du 93, qui regrette une mesure qui « n’est pas la réponse adaptée » et appelle à ne « pas gâcher toutes les armes » en sa possession. Celui qui est aussi député européen n’attend rien du sommet de l’UE prévu aujourd’hui, dans le but de coordonner la lutte contre le Covid-19 à l’échelle du continent. « L’Union Européenne n’a strictement rien fait, sinon mettre en garde contre le rétablissement de contrôles aux frontières », a critiqué Jordan Bardella. Il a jugé que l’Union avait tenu un « rôle criminel » dans la crise sanitaire, préférant selon lui se consacrer à l’adhésion de la Macédoine du Nord et de l’Albanie à l’UE.
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Une entrée, à laquelle les 27 viennent de donner leur aval contre des réformes de fond, qui devront être engagées par les deux pays. Sur le volet économique, Jordan Bardella a estimé que les mesures prises par le gouvernement allaient « dans le bon sens », mais a milité pour une autre stratégie de soutien financier aux entreprises en difficulté. Il a regretté que les dossiers d’aides doivent passer par l’intermédiaire de la Banque publique d’investissement. « Cela va prendre beaucoup de temps », a-t-il prédit, anticipant la faillite de sociétés n’ayant pas de trésorerie suffisante. « Nous, on a proposé une chose simple, qu’on verse déjà 1.500€ à toutes les entreprises et 1.000€ par salarié, pour un coût de 10 milliards d’euros ».
« On voit où ont abouti des années de tiers-mondisation » de l’hôpital
« Ce qui est dérisoire par rapport au plan de la Banque centrale européenne », qui prévoit d’injecter via des rachats de dettes 750 milliards d’euros. Jordan Bardella a en outre souhaité que l’on utilise les « 4.000 places disponibles en cliniques » privées et s’est réjoui de la volonté désormais actée du gouvernement de multiplier les tests, « à peu plus de 30.000 par jour ».
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« Il faut un Etat stratège », qui « ferme les frontières lorsque c’est nécessaire », qui sait « faire du protectionnisme lorsque c’est nécessaire », a-t-il martelé. « On voit où ont abouti des années de tiers-mondisation de notre système hospitalier ». Le député européen s’est quand même dit « optimiste dans la durée ». « J’espère que nous viendront à bout de cette épidémie », a-t-il conclu.
Nicolas Gomont