Coronavirus : Edouard Philippe, Agnès Buzyn et Olivier Véran visés par des centaines de plaintes

Libération parle d’une pandémie de plaintes et autres procédures contre des membres du gouvernement, notamment Edouard Philippe et l’ex ministre de la Santé Agnès Buzyn qui submerge la justice française. 61 demandes de saisine de la cour de justice de la République. Une quarantaine de plaintes contre X recensées par le seul parquet de Paris visant sans les nommer les plus hauts responsables sanitaires.

Nicole Belloubet et Muriel Pénicaud également visées par des plaintes

Le Conseil d’Etat en matière de justice administrative bat tous les records de saisines en référé avec 132 saisines pour le seul premier mois de confinement. « Une soif de justice » écrit Libération, « qui traduit une ferme volonté de désigner des responsables ». Ainsi devant la Cour de Justice de la République, les multiples plaintes visent le Premier ministre Edouard Philippe, l’ex ministre de la Santé Agnès Buzyn qui a mis le feu aux poudre fin mars dans une interview au Monde, expliquant qu’il ne fallait pas organiser le fameux premier tour des municipales, Olivier Véran le ministre la Santé actuel, Nicole Belloubet la ministre de la Justice ou encore Muriel Pénicaud la ministre du Travail.

 

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Qui dépose plainte ? Des particuliers, des syndicats, des activistes, le plus souvent c’est l’article 223.7 du code pénal qui est invoqué et il cible…quiconque s’abstient volontairement de prendre des mesures permettant de combattre un sinistre de nature à créer un danger pour la sécurité des personnes. Nabil Boudi avocat des candidats assesseurs et militants LR marseillais contaminés lors du 1er tour l’affirme : « la faute ministérielle sera facile à retenir, c’est d’avoir convoqué des élection en dépit du risque ». Laurent Joffrin dans son édito estime qu’il est légitime pour les citoyens de demander des comptes mais de là à embastiller les ministres et les élus, il n’y a qu’un pas que refuse de franchir l’Express.

 

Selon Marianne, les Français se sont débrouillés sans l’Etat pendant la crise du coronavirus

L’Express qui parle d’une soif de coupable, d’une surenchère judiciaire, l’Express qui pointe la voie hasardeuse du populisme des prétoires, nulle par ailleurs on trouve un tel divorce entre le peuple et ses dirigeants et une confusion entre leur responsabilité politique et pénale. Au sommet de l’Etat, on fait le dos rond, mais un ministre à cette formule agacée cité par l’Express : « Ces poursuites nous obligent à la prudence et mobilisent nos services alors qu’on a autre chose à foutre ».

 

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Le sociologue Gérald Bronner parle de ce qu’il appelle l’hyperconséquentialisme, cette tendance contemporaine qui consiste à désigner des coupables pour chaque malheur. Elle propose une lecture morale des événements, c’est une quête hypertrophiée des reponsables. Et cette suspicion désormais constante envers l’Etat vous la retrouver à la une de Marianne cette semaine. A en croire l’hebdomadaire les Français se serait débrouillés sans l’Etat et sans l’administration et ce constat est formulé comme un reproche : un maire a pris les choses en main, des français se sont entraidés, il a consommé local, elle a cousu des masques, le prof a inventé une pédagogie à distance, patron il fait tourner sa boîte.

 

 

L’économiste Thomas Piketty plaide pour un nouvel ISF dans les colonnes de Libération

Mais encore heureux que les Français aient pu prendre des initiatives sans l’Etat. Encore heureux que le patron fasse tourner sa boîte et que le maire s’occupe de tout. Les Français se sont débrouillés sans l’Etat c’est pourtant faux. Il suffit de lire le Monde pourtant pas tendre avec cette présidence et ce gouvernement, le Monde souvent enclin à charger l’Etat, le Monde qui écrivait hier que l’Europe et ses Etats providence avait mobilisé un filet de sécurité sans précédent : 40 millions d’Européens ont désormais une large partie de leur salaire prise en charge par l’Etat.

 

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Et la France est le pays qui a pris le plus grand nombre de chômeur partiels en charge, 12.4 millions pour un coût global estimé par le Monde de 79 milliards d’euros. Mais non, Marianne estime que les Français se débrouillent sans l’Etat. Et dans vos journaux ce matin, ceux qui critiquent l’Etat sont en même temps ceux qui sont les plus enclins à lui donner des moyens supplémentaires. On lira donc dans Libé le plaidoyer de l’économiste Thomas Piketty en faveur d’un nouvel ISF et dans le Figaro, on trouvera l’antidote à ce virus fiscal sous la plus d’Olivier Babeau qui a cette phrase « faire payer les riches, une obsession français immuable et désastreuse. »

 

David Abiker

 

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