Un agent du fisc tué dans le Pas-de-Calais, « l’acte serait prémédité » titre La Voix du Nord . « Tué pour un contrôle fiscal », c’est la une du Parisien-Aujourd’hui en France. Page 2 et 3 s’étale dans le journal une photo de la ferme de Sandy Théron, l’homme qui s’est donné la mort après avoir tué à coups de couteau Ludovic Montuelle, inspecteur principal des finances publiques.
« Quand un homme entrera à Pôle Emploi et fera comme au Bataclan, il ne faudra pas vous étonner »
Sur la façade, le brocanteur a écrit en lettres blanches « tu banques ». Et Le Parisien-Aujourd’hui en France retrace ce qui s’est passé lundi 21 novembre aux envions de 14h : un rendez-vous fixé à l’avance, la visite des agents du fisc qui se passe mal. Le suspect qui devait de l’argent au fisc aurait menacé ses visiteurs, les aurait ligotés, aurait poignardé Ludovic Montuelle retrouvé mort à côté de sa collègue, également attachée, en état de choc. Sandy Théron, déjà connu pour des faits de violence, appelle son ex-femme vers 16h pour lui demander de venir car le contrôle s’est mal passé. C’est elle qui dans la soirée appelle la gendarmerie. Un hommage sera rendu à l’inspecteur des impôts ce mercredi dans l’ensemble des directions départementales des finances publiques.
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« Pourquoi en arriver à tuer celui qui représente l’autorité de l’Etat ? » C’est la question posée par Nicolas Charbonneau dans son édito du Parisien-Aujourd’hui en France. Ce fonctionnaire travaillait pour les impôts comme d’autres travaillent pour la police ou la gendarmerie, ou d’autres encore qui exercent des missions de service public et sont parfois au contact de citoyens en situation précaire. Le journal donne l’exemple de ces agents des services sociaux, ou de Pôle emploi régulièrement harcelés ou insultés quand ils ne sont pas violentés. Chloé, qui travaille dans une agence Pôle emploi des Pyrénées-Orientales témoigne dans les colonnes du quotidien. Elle se souvient d’un demandeur d’emploi à cran qui récemment lançait dans une agence « Quand un homme entrera à Pôle Emploi et fera comme au Bataclan, [lors des attentats du 13 novembre 2015] il ne faudra pas vous étonner ». Ou comment un chien enragé peut mordre la main qui le nourrit. Et Charbonneau conclut son éditorial par un hommage aux agents de l’Etat, piliers de notre société. Sans eux, plus de règles ni aucune République.
L’incivilité frappe partout et chaque jour touche des pompiers, urgentistes, médecins, élus, professeurs, postiers
Pour Cécile Cornudet des Echos, les professions incarnant l’autorité de l’Etat ne sont plus sanctuarisées. Et l’éditorialiste égraine elle aussi les exemples. Non seulement les agents de Pôle emploi, mais ceux des autoroutes, qui témoignaient la semaine dernière des comportements dangereux des usagers dans La Nouvelle République. Les maires, bien sûr, actuellement réunis en Congrès et qui se disent victimes d’incivilités pour 63 % contre 53 % en 2020. L’incivilité frappe partout, et concerne chaque jour des agents remplissant une mission de service publique : pompiers, urgentistes, médecins, élus, profs, postiers.
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L’explication (et pas l’excuse) donnée par Cécile Cornudet est édifiante et elle pour mérite de placer les Français violents et irascibles face à leurs responsabilités. Elle cite le sondeur Jérôme Fourquet « l’enfant roi est devenu le client roi avec un moi qui se développe et ne supporte plus la moindre contrainte. La vulnérabilité des Français née du Covid et des confinements ne s’est pas seulement manifestée par une épidémie de flemme mais par une nouvelle intolérance à la frustration ». Et Cécile Cornudet de conclure : société fragile, société violente.
David Abiker