Réforme des retraites : La perspective du 49.3 s’éloigne, voici pourquoi

JEANNE ACCORSINI/SIPA

Elisabeth Borne présentera la réforme des retraites ce mardi 10 janvier, lors d’une conférence de presse. Une bataille commence sur deux fronts distincts, l’un, politique, et l’autre, social. Sur le plan politique au moins les choses s’améliorent, et la perspective du 49.3 s’éloigne.

Le scénario le plus probable pour le gouvernement, une majorité à l’Assemblée avec les voix de la droite

Après une négociation à fronts renversés avec des LR qui plaidaient pour une réforme la moins brutale possible et un gouvernement qui faisait mine de tenir au report de l’âge légal à 65 ans, la Première ministre s’apprête, sauf énorme surprise, à annoncer un report de l’âge légal à 64 ans avec une accélération de l’augmentation de la durée de cotisation. Les Républicains ont de leur côté réussi à accorder leurs violons et surtout sont très contents de pouvoir revendiquer d’avoir fait bouger le gouvernement. Résultat : l’obtention d’une majorité à l’Assemblée pour voter la réforme des retraites avec la droite apparaît aujourd’hui comme le scénario le plus probable.

 

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Qui plus est, le gouvernement s’apprête à opter pour l’usage du PLFSSR, texte budgétaire soumis à un temps de débats limité à l’Assemblée. 50 jours maximum, une arme anti-obstruction pour tenter d’éviter le retour du scénario 2019 lorsqu’Edouard Philippe avait déclenché un 49.3, non pas parce qu’il n’avait pas de majorité mais pour couper court à une obstruction parlementaire monstrueuse avec des dizaines de milliers d’amendements. Bref, accord avec LR, usage du temps programmé, le gouvernement a mis toutes les chances de son côté pour éviter d’avoir recours au 49.3.

 

Le gouvernement veut éviter le 49.3 pour ne pas être accusé de passer en force sur les retraites

Il l’a pourtant déjà utilisé sur le budget et le budget de la sécurité sociale.  S’il veut à tout prix s’en passer sur les retraites, c’est parce que tout l’enjeu des prochaines semaines sera celui de la mobilisation contre la réforme. Passer par le 49.3 serait offrir aux syndicats et aux organisations politiques de gauche et d’extrême gauche un argument supplémentaire. Celui, sempiternel, du passage en force. Or, on ne sait ni si les opposants à la réforme débraieront en masse pour descendre dans les rues, ni quelle est l’étincelle qui pourrait transformer un mouvement de protestation modéré donc maîtrisable, en véritable vague de colère incontrôlable. C’est ce que redoute le gouvernement qui veut donc limiter au maximum de donner à ses adversaires du carburant pour allumer la flamme. Laisser le 49.3 au placard fait partie de cette stratégie. Au jour 1 de la grande bataille des retraites, l’horizon s’éclaircit sur le plan politique, et reste plus qu’incertain sur le front social.

David Doukhan

 

 

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