3 semaines après la disparition de la championne Peng Shuai, Pékin a diffusé ce week-end des preuves de vie de l’athlète sur les réseaux sociaux. Pour autant, pas de quoi dissiper les inquiétudes sur le sort de Peng Shuai. L’occasion de revenir pour le Journal Imprévisible sur le calvaire des sportifs dans les régimes autoritaires.
Un « signe de vie » de Peng Shuai
Another bleak video of Peng Shuai (彭帥) is being heavily pushed by Chinese state media, incl. Global Times editor Hu Xijin. Again, Peng is not shown speaking nor performing any action other than simple movements & gestures. Non-credible. #WhereIsPengShuai pic.twitter.com/8K1KVxenaM
— Jack Hazlewood (@JackHHazlewood) November 21, 2021
L’exemple le plus connu est sans doute celui de la princesse de la gymnastique, âgée de seulement 14 ans et demi aux JO de Montréal de 1976. Nadia Comaneci, une jeune Roumaine avait surpris tout le monde lors des épreuves de gymnastique.
Barres parallèles, poutre, épreuve au sol… Elle avait obtenu la note maximale de 10 à tous les agrès. Du jamais vu et un triomphe pour le régime roumain de Ceaucescu. Nadia Comaneci est sacrée héroïne du travail à son retour mais dans ses interviews, les Français découvrent surtout une petite Soviétique qui ne sourit jamais.
En coulisse, c’est un entrainement drastique et une vie surveillée sous la pression du résultat. Nadia Comaneci attendra ses 28 ans en 1989 pour quitter clandestinement la Roumanie.
Un Allemand de l’Est tient tête au mythique Franz Beckenbauer, son nom est Jürgen Sparwasser
Un autre exemple cette fois, celui de la Coupe du monde en Allemagne de l’Ouest. Un seul pays mais deux nations s’opposent en matches de poule. RFA – RDA, l’Ouest contre l’Est et le stade de Hambourg est plein à craquer. Des snipers sont positionnés sur le toit. Un Allemand de l’Est tient tête au mythique Franz Beckenbauer, son nom est Jürgen Sparwasser.
L’Allemagne de l’Est exulte avec une victoire 1-0. La RFA décrochera tout de même le titre mondial quelques semaines plus tard. Le lendemain Jürgen Sparwasser, le buteur de l’Est reçoit un courrier.
Malmené par les allemands de l’Est, le joueur décide alors de déserter lors d’un tournoi en RFA. Il est considéré comme traître à la nation avec plus de 600 athlètes qui ont trouvé refuge dans l’histoire de l’autre côté du rideau de fer.
Les Jeux Olympiques sont aussi propices au départ des athlètes
Kim Jong Un est le leader nord-coréen qui peut au moins se vanter aujourd’hui, d’être l’un des dictateurs les plus fuis par ses athlètes. Comme par exemple ces footballeurs qui avaient profité du mondial 2010 en Afrique du Sud pour déserter. Les Jeux Olympiques sont aussi propices au départ : des milliers de demandes d’asile ont été recensées dans l’histoire avec des athlètes hongrois, zaïrois, guinéens, cubains…Le dernier épisode en date est celui de l’été dernier avec la biélorusse Krystsina Tsimanouskaya. Elle trouve refuge en Pologne après avoir échappé de peu à un rapatriement forcé des JO de Tokyo. Le motif ? la sprinteuse venait de critiquer son entraineur.
Un récit qui nous rappelle une autre fuite spectaculaire. Celle non pas d’un sportif mais d’un danseur étoile, Rudolf Noureev, à l’aéroport du Bourget. Il avait faussé compagnie aux agents du KGB chargés de le ramener de force à Moscou en 1961. Quelle que soit la discipline, cette citation de Périclès est toujours d’actualité : « il n’est point de bonheur sans liberté, ni de liberté sans courage ».
Marc Bourreau