Muriel Pénicaud annonce sur Radio Classique que 8,7 millions de salariés sont au chômage partiel

Muriel Pénicaud était l’invitée de Guillaume Durand ce mercredi 15 avril. La ministre de Travail a révélé que « 8,7 millions de salariés » étaient au chômage partiel depuis hier soir, pour un coût estimé de 24 milliards d’euros. La ministre n’a pas exclu des contrôles pour limiter la fraude des entreprises aidées par le dispositif. Interrogée sur l’allongement du temps de travail, elle en a appelé au « pragmatisme » et au « dialogue social ».

Le chômage partiel devrait coûter 24 milliards d’euros

« Il y a aujourd’hui 8,7 millions de salariés en France dont le salaire est payé par l’Etat. C’est inédit ! » Muriel Pénicaud a révélé ce matin au micro de Guillaume Durand le dernier relevé du nombre de bénéficiaires du chômage partiel en France. « C’est plus d’1 salarié sur 3, et cela concerne 732.000 entreprises, soit plus d’une entreprise sur 2″, a précisé la ministre du Travail. L’ampleur du dispositif a dépassé les estimations initiales.

 

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Une loi de finance rectificative doit d’ailleurs être discutée en Conseil des ministres ce mercredi, à l’Elysée, pour entériner ses modalités de financement, qui font « partie des 100 milliards d’euros annoncés en soutien de la crise » par le ministre de l’Economie. Le montant de ce plan d’aide n’est lui-même pas définitif. « Aux estimations d’aujourd’hui, 100 milliards d’euros, mais on est pas encore au bout du tunnel de la crise… », a concédé Muriel Pénicaud.

 

 

Au total, selon les prévisions de son ministère, le seul chômage partiel devrait coûter 24 milliards d’euros aux finances publiques, pour 3 mois de couverture. « On voit bien qu’une partie très importante de l’économie est au ralenti ou à l’arrêt. Mais le rôle de l’Etat est aussi de protéger en cas de crise. C’est un investissement et cela va permettre de repartir avec le déconfinement, puisque les entreprises auront gardé les compétences ».

 

Muriel Pénicaud n’écarte pas des contrôles a posteriori pour les entreprises en chômage partiel

L’objectif est de « sauver notre tissu de petites entreprises partout sur le territoire, de continuer à exister. Nos artisans, nos agriculteurs, la construction… Tous les secteurs sont concernés », a-t-elle expliqué, assurant qu’avec ses collègues du ministère de l’économie, son but est « d’éviter au maximum toutes les défaillances d’entreprises ».

 

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« On a mis en place tout un arsenal », qui comprend le chômage partiel, le report des charges sociales, le report des impôts, le fond de solidarité pour les indépendants et les prêts garantis par l’Etat. Ce dernier outil est particulièrement plébiscité, puisque à ce jour, 150.000 entreprises ont contracté l’un de ses emprunts, pour un montant global de 22 milliards d’euros selon les chiffres de BPI France.

 

 

« Il y a 2 temps. Aujourd’hui, c’est le temps de l’urgence, du soutien massif et le temps de la confiance ». Alors que des craintes de fraudes au chômage partiel se font entendre, Muriel Pénicaud a expliqué « ouvrir grand les portes » du chômage partiel pour le moment, ajoutant toutefois que « la confiance, a priori, n’exclut pas le contrôle, a posteriori ». « Il y a toujours un minorité d’entreprises ou de citoyens, dans n’importe quel contexte, qui trichent. Cela s’appelle du travail illégal, on a l’arsenal » pour le sanctionner, a-t-elle prévenu.

 

Sur l’allongement du temps de travail, Muriel Pénicaud en appelle au « pragmatisme »

« C’est totalement indécent », a déclaré Laurent Berger. Depuis ce week-end, les syndicats de salariés, dont la centrale « réformiste«  de la CDFT, se sont opposés à la proposition du président du MEDEF d’allonger le temps de travail après le confinement – les ordonnances prises fin mars par le gouvernement le permettent déjà dans certaines conditions.

 

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Depuis, Geoffroy Roux de Bézieux a fait machine arrière hier : cela « ne peut se faire que dans le dialogue social avec les syndicats, par entreprise : j’ai lu leur réponse, donc le débat est clos d’une certaine manière, puisqu’ils ont tous répondu plus ou moins fortement qu’il n’en était pas question ». Muriel Pénicaud en a appelé au « pragmatisme » et « dialogue social » sur la question du temps de travail, des jours fériés ou des congés payés.

 

 

« Personne ne bénéficie de cette situation. La reprise doit être différente selon les secteurs. Il y a des secteurs qui vont repartir plus vite. Cela se discute entreprise par entreprise. C’est un travail de terrain et de dialogue social », a-t-elle jugé, orientant les entreprises vers les « guides de bonnes pratiques » édictés par les ministères.

 

Pour les secteurs de la culture et de l’évènementiel, le chômage partiel « va continuer plus longtemps »

« On a déjà produit 24 guides sur les bons gestes. Il y en a 3 nouveaux depuis cette nuit, pour les opérateurs de centres d’appels, les collectes d’ordures ménagères et les agents funéraires. Dans chaque métier, il faut trouver les bons gestes de protection et le rythme de travail doit s’adapter en fonction de cela ».

 

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« Parmi les mesures que j’ai prises, il y a en une qui concerne les intermittents du spectacle ». Alors que le milieu de la culture est très secoué par l’annulation des spectacles et la fermeture des salles de concerts, Emmanuel Macron a annoncé lundi soir lors de son allocution que la vie culturelle ne pourrait reprendre avant la mi-juillet. « On a prolongé les droits (des intermittents) pour qu’ils ne soient pas pénalisés au regard de leurs droits au chômage ».

 

 

« Pour tous les secteurs, type restauration, hôtellerie, tourisme, culture, évènementiel, le chômage partiel va continuer plus longtemps, puisqu’ils ne peuvent pas ouvrir tout de suite. On sera auprès d’eux », a assuré la ministre, rappelant sans en dévoiler les contours qu’un plan de soutien était en préparation.

 

Nicolas Gomont

 

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