Invitée du JT de TF1 ce lundi, Marine Le Pen a lâché une phrase qui n’a rien de sibyllin, elle est « la candidate naturelle de son camp pour la présidentielle ». Alors qu’on évoque des rivalités avec le président du RN Jordan Bardella, la cheffe de file des députés Rassemblement national clarifie sa position.
La présidentielle a beau avoir lieu dans presque quatre ans, l’échéance n’en demeure pas moins dans toutes les têtes. Et pour cause, Emmanuel Macron ne pourra pas se représenter. Autrement dit, la place est à prendre. Et quand on a échoué par deux fois en finale, on ne peut s’empêcher de continuer à y penser, quitte à tourner le dos au passage à quelques unes de ses propres déclarations.
Marine Le Pen affirmait il y a encore quelques mois seulement qu’elle ne souhaitait « a priori » pas se représenter une quatrième fois, « sauf circonstances exceptionnelles » disait-elle alors. Elles ne le sont pas vraiment, mais qu’importe. En fait, la percée surprise du RN aux législatives de 2022 a étonné tout le monde au sein du parti, y compris Marine Le Pen elle-même, qui n’avait pas anticipé un tel succès.
A l’heure du bilan de sa première année à la tête d’un groupe pléthorique de presque 90 députés, force est de constater que l’élue du Pas-de-Calais a su éviter la plupart des pièges qui l’attendaient à l’Assemblée.
Marine Le Pen présidente, Jordan Bardella premier ministre, selon le deal
Résultat, difficile pour elle de ne pas se projeter sur une élection dont toutes les enquêtes d’opinion disent qu’elle fait partie des favoris. D’où ce changement de discours qu’elle a progressivement adopté, en cherchant à faire de sa candidature une sorte d’évidence indiscutable. Dans l’esprit des Français, bien sûr, mais aussi chez ses adversaires et dans son camp.
Pour l’instant elle y arrive plutôt. La preuve, c’est que n’en déplaise aux macronistes, qui cherchent à enfoncer des coins entre Jordan Bardella et Marine Le Pen, les deux têtes du parti nationaliste n’ont pour l’instant pas cédé à la tentation du choc des ambitions.
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C’est même l’inverse, en fait, puisqu’ils se sont virtuellement réparti les rôles. En cas de victoire en 2027, l’une deviendrait ainsi présidente de la République, et l’autre serait alors nommé Premier ministre. Le deal a été secrètement conclu entre eux ces derniers jours. C’est le signe que Marine Le Pen a peut-être les pieds en 2023, mais elle a déjà la tête en 2027.
Arthur Berdah