Thibault de Montbrial était l’invité politique de la matinale de Dimitri Pavlenko ce mardi 8 juin. L’avocat spécialisé dans la défense des forces de sécurité représentera la famille de Xavier Jugelé, le policier assassiné sur les Champs-Elysées par Karim Cheurfi le 20 avril 2017, dans un procès qui tâchera de faire la lumière sur les soutiens logistiques entourant le passage à l’acte du terroriste islamiste.
Terrorisme : « La propagande massive aboutit à des attaques individuelles, c’est le djihadisme d’atmosphère décrit par Gilles Kepel » d’après Thibault de Montbrial
Selon Thibault de Montbrial, les figures d’autorités sont devenues des cibles dans notre société. A ce sujet, il défend la famille Jugelé dans le procès de quatre hommes suspectés d’avoir participé à une chaîne de responsabilité qui a aboutit à l’acte terroriste de Karim Cheurfi le 20 avril 2017 : « L’enquête a réussi à établir la chaîne de responsabilités qui a fait qu’une kalachnikov arrive entre les mains du terroriste (…) On juge ici les cercles de complicité, même si la notion de complicité au sens pénal n’existe pas dans ce dossier, on juge les gens qui privilégient le frère ou le voisin à la loyauté et à la République Française ».
A lire aussi
Dans ce procès refait surface la thèse de la folie et de l’instabilité du tueur. Ces deux notions, la psychiatrie et le terrorisme, sont difficilement dissociables d’après Thibault de Montbrial, tant la manipulation des esprits faibles est un objectif des islamistes : « Il faut dissocier le droit pur des circonstances qui frappent la France dans cette décennie avec l’islamisme radical (…) Mais comment fonctionne l’Etat Islamique et Al Qaïda ? Avec une propagande massive, des incitations au passage à l’acte et des messages tweetés des millions de fois qui finissent par arriver aux esprits les moins structurés de notre société (…) Cette propagande massive aboutit à des attaques individuelles, c’est le djihadisme d’atmosphère décrit par Gilles Kepel ».
Thibault de Montbrial : « Karim Cheurfi avait une haine de la police depuis des années »
Concernant le profil du terroriste, qui avait déjà fait feu en 2001 sur des policiers, avait volé une arme de service, fait un séjour en prison et a été signalé à de nombreuses reprises comme souhaitant tuer des policiers, des signes avant-coureurs qui n’attestent pas malheureusement cliniquement de sa folie selon Thibault de Montbrial : « Le faisceau d’indices et de présomption disait qu’il voulait tuer un policier, mais ce n’est pas nécessairement être fou (…) ce Karim Cheurfi avait une haine de la police depuis quelques années (…) maintenant on peut se demander pourquoi confronté à un juge des libertés en 2017 il n’a pas été placé en détention, mais en soi, la volonté de vouloir tuer des policiers n’est pas nécessairement un signe de folie, sinon je vous garantis que c’est plus que 10.000 ou 20.000 places de prison qu’il va falloir construire en plus ».
A lire aussi
L’attentat visant Xavier Jugelé, qui avait eu lieu trois jours avant le premier tour de la présidentielle de 2017, est l’un des actes évoqués par Jean-Luc Mélenchon pour étayer sa folle prédiction d’un nouveau meurtre permettant de montrer du doigt les musulmans à l’approche du scrutin de 2022. Selon Thibault de Montbrial, une telle déclaration est faite pour un replacement idéologique sur un créneau populiste et « islamo-gauchiste » : « C’est une sortie qui est de nature à nourrir le complotisme ambiant (…) ceux qui ne croient plus en notre société sont ouverts aux thèses complotistes qui affaiblissent des esprits déjà peu structurés (…) Pour en revenir à Jean-Luc Mélenchon, cette ligne n’est pas nouvelle, il a déjà traité les policiers de barbares il y a quelques mois et a été condamné à de la prison avec sursis pour des violences à l’encontre de policiers (…) Il est aussi l’un des participants clés de la manifestation islamo-gauchiste qui s’est déroulée en novembre 2019 dans les rues de Paris aux côtés d’associations islamistes (…) Il a choisi un camp qui n’est plus celui de la République, c’est un délinquant qui parle comme un délinquant ».
Rémi Monti