Anne Hidalgo « a une vision uniforme de la ville et du public qui y habite », selon Agnès Buzyn

Amélie Tsaag Valren/wikimedia commons

Agnès Buzyn était l’invitée de la matinale de Guillaume Durand jeudi 11 juin. La candidate LREM à la mairie de Paris a assuré que le gouvernement a « fait énormément de choses pour préparer ce pays » au coronavirus et s’est dite « très heureuse » de pouvoir l’expliquer devant la commission d’enquête parlementaire. Elle a aussi critiqué la « vision uniforme de la ville » d’Anne Hidalgo et l’absence de relance économique dans le programme de Rachida Dati pour Paris.

Agnès Buzyn appelle à la mise en place « d’un plan Marshall pour Paris »

« A Paris, l’économie va être notre priorité numéro un ». Distancée dans les sondages face à Anne Hidalgo et Rachida Dati, Agnès Buzyn tente de relancer sa campagne autour de la protection des commerces et artisans de la capitale. « Aucune des deux autres candidates ne parle de la relance économique. Je pense que Paris est en train de devenir une ville musée. Elle risque de devenir une ville sans commerces de proximité », a-t-elle craint, appelant à la mise en place « d’un plan Marshall pour Paris ».

 

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Alors que ses équipes semblent vouloir nationaliser sa campagne, en mettant en avant sur les tracts le nom d’Emmanuel Macron, Agnès Buzyn assure que l’allocution dimanche du chef de l’Etat ne pourra avoir d’incidences électorales sur les municipales à Paris. « Un impact sur la campagne, je ne le crois pas. Les enjeux sont locaux », a-t-elle jugé, estimant tout de même que « les décisions du gouvernement ont évidemment des conséquences » sur la « façon dont on déconfine cette ville, la façon dont la relance économique s’organise ».

 

 

L’ancienne ministre de la Santé s’est dit « très inquiète » de la fuite des familles avec enfants, qui pour certaines ne seraient toujours pas revenues depuis le confinement, car « l’école est assez peu fonctionnelle aujourd’hui » à Paris.

 

Nouvelles pistes cyclables : « On ne fait pas du vélo quand on a des enfants à amener chez le médecin », fustige Agnès Buzyn

Le confinement a été l’occasion pour la maire sortante, Anne Hidalgo, de dessiner de nouvelles pistes cyclables le long des axes majeurs de la capitale. Des nouvelles voies pour vélos, qui devraient être pérennisées si elle est réélue. « C’est très bien d’avoir des pistes cyclables et c’est très bien de les avoir développées », a salué Agnès Buzyn, qui toutefois estime que « la maire actuelle a une vision uniforme de la ville et du public qui y habite ».

 

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Il faut, à ses yeux, diversifier les modes de transports, pour que « cette ville donne sa chance à tout le monde ». « On ne fait pas du vélo quand on a des enfants à amener chez le médecin. (…) Les personnes âgées ont besoin de transports en commun, les personnes fragiles de véhicules autonomes… (Le vélo) ne peut pas se substituer à la totalité des transports ».

 

 

Agnès Buzyn a proposé une aide pour la conversion de sa voiture en véhicule électrique, une automatisation généralisée des métros pour augmenter le flux des passagers ou encore des « feux intelligents pour que les bus circulent mieux ». « Je veux une ville dans laquelle tout le monde se sente à l’aise », a-t-elle indiqué.

 

Agnès Buzyn s’est dit « très heureuse » de pouvoir s’exprimer devant la commission d’enquête le 30 juin prochain

« On aurait dû tout arrêter, c’était une mascarade ». La sortie dans les colonnes du Monde de la candidate de La République en Marche au lendemain du premier tour des municipales semble encore peser sur son image. Agnès Buzyn a tâché ce matin au micro de Guillaume Durand de se justifier une nouvelle fois. « Je me suis effectivement beaucoup énervée, parce que l’urgence était ailleurs, elle était sanitaire. Je ne me suis pas trompée dans ce pressentiment. J’étais très choquée car en tant que médecin, je croyais que l’urgence était à protéger les Français », a-t-elle expliqué, pointant du doigt les tractations d’appareils qui ont eu cours entre les différents candidats en vue du second tour.

 

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La candidate semble aussi avoir changé de position sur le degré de préparation du gouvernement face à la crise sanitaire. Au Monde, elle déclarait avoir alerté dès la mi-janvier le président et le Premier ministre, sans que cela se soit rapidement suivi d’effets. « Nous avons fait énormément de choses pour préparer ce pays. Je suis très heureuse de pouvoir m’exprimer devant la commission d’enquête. Ce sera l’occasion de l’expliquer », s’est-elle apparemment réjouie.

 

 

Agnès Buzyn devrait être entendue très certainement le 30 juin prochain à l’Assemblée nationale, alors plusieurs plaintes ont été déposées contre elle et plusieurs autres membres de l’exécutif auprès de la cour de justice de la République. « Nous sommes un pays qui aime couper les têtes. Les Français ont eu peur et ce réflexe de peur induit une volonté de trouver des coupables », a-t-elle déploré, jugeant difficile l’action d’un gouvernement face à la crise.

 

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« Quand vous regardez les décisions prises par tous les Etats, elles sont extrêmement différentes les unes des autres car il n’avait pas de certitudes », a-t-elle conclu.

 

Nicolas Gomont

 

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