CALLAS Maria

(1923-1977) Artiste lyrique

Maria Callas, dotée d’un timbre qu’on identifie immédiatement, était un phénomène vocal et une tragédienne de génie. Elle est aujourd’hui un mythe toujours vivant. Sa carrière fut relativement courte, mais elle continue de fasciner un large public au travers d’une quarantaine de rôles où dominent Traviata, Norma et Tosca.

Maria Callas en 10 dates :

  • 1923 : naissance à New York
  • 1939 : étudie à Athènes avec Elvira de Hidalgo
  • 1947 : débuts aux arènes de Vérone dans Gioconda
  • 1953 : Lucia di Lammermoor avec Tullio Serafin (EMI)
  • 1955 : fameuse Traviata mise en scène par Visconti à la Scala
  • 1959 : rencontre avec Aristote Onassis
  • 1965 : adieu à la scène avec Tosca à Covent Garden
  • 1969 : Médée de Pasolini au cinéma
  • 1974 : ultime récital avec Giuseppe di Stefano au Japon
  • 1977 : mort dans son appartement parisien

 

La voix de Maria Callas était à la fois puissante et souple. Ce n’était pas une belle voix, mais une « grande vilaine voix ». C’est à force de travail et d’intelligence qu’elle va devenir expressive et « magique »

Maria Anna Sophia Cecilia Kalogeroulou naît le 2 décembre 1923 à New York dans une famille qui vient de quitter la Grèce pour émigrer aux États-Unis. Elle se sent mal aimée par une mère qui lui préfère sa sœur aînée Jackie et qui ne se remet pas de la mort d’un garçon mort avant sa naissance. Maria prend des cours de piano et écoute les retransmissions d’opéra à la radio. À 8 ans, on lui détecte une voix. L’enfant timide, grosse et myope se sent enfin aimée par sa mère qui dirige toute sa vie en fonction de ce don. En 1937, les parents se séparent et Evangelia regagne la Grèce avec ses deux filles. Refusée au Conservatoire, Maria prend des cours avec Maria Trivella. En 1939, Maria Callas fait l’une des grandes rencontres de sa vie avec Elvira de Hidalgo qui lui enseigne tous les secrets du bel canto. Toute sa technique s’affine durant ces années.

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La révolution de Callas ne tient pas seulement à son talent d’actrice, mais à sa résurrection d’un art du chant expressif et coloré dans le répertoire du bel canto

Pendant la guerre, elle interprète sa première Tosca dans une Athènes occupée. Mais c’est dans Fidelio (en italien) en 1944 que le regard change sur elle et qu’on parle d’un « don du ciel ». En 1945, elle veut rompre avec une mère envahissante et retourne aux États-Unis. Sa carrière ne décolle pas. Elle chante dans les restaurants et signe un contrat d’exclusivité avec un certain Bagarozy. Grâce à la basse Nicola Rossi-Lemini, elle obtient de chanter Gioconda aux Arènes de Vérone en 1947 sous la direction de Tullio Serafin qui est la deuxième rencontre de sa vie. Le troisième sera Luchino Visconti. De l’aveu de Callas, Serafin lui a appris à transformer son art du chant en musique. Elle absorbe tous les conseils de ce grand connaisseur du répertoire italien. À Vérone, Maria Callas rencontre Batista Meneghini qui lui propose d’être son impresario. Elle deviendra sa femme en 1949. En attendant, elle triomphe dans Isolde à Venise et dans Norma à Florence. Alors qu’elle chante Brünnhilde dans La Walkyrie, Tullio Serafin la convainc d’apprendre le rôle colorature d’Elvira des Puritains de Bellini en une semaine. Le miracle Callas est né.

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La carrière de Callas décolle. En quelques mois, son cachet est multiplié par quatre et atteint dix millions de lires par représentation.

En décembre 1951, Maria Callas chante pour l’ouverture de la saison à la Scala de Milan dans Les Vêpres siciliennes de Verdi. C’est le début d’une collaboration fastueuse et orageuse. Fastueuse car Callas va participer à des productions de légende comme Macbeth avec Sabata, Lucia di Lammermoor avec Karajan et cinq ouvrages avec Luchino Visconti : La Vestale, La Traviata, La Somnambula, Anna Bolena, Iphigénie en Tauride. Orageuse car le public de la Scala est réputé pour ses cabales alors qu’éclate la rivalité entre Callas et Tebaldi. Callas gagne la première manche quand Tebaldi décide de lui laisser la place. Orageuse aussi à cause des rapports difficiles que la Divina entretient avec le surintendant de la Scala.

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En 1953, une collection mythique démarre chez EMI avec le ténor Giuseppe di Stefano et le baryton Tito Gobbi qui forment avec Callas un trio célèbre qui n’a jamais existé sur scène.

Maria Callas commence une cure d’amaigrissement qui va lui faire perdre plus de trente kilos. Sa métamorphose en fait l’une des femmes les plus belles du monde. À Chicago, elle est attaquée en justice par l’homme avec lequel elle avait signé un contrat autrefois. L’opération se solde par un arrangement financier. En 1956, Callas fait ses débuts au Metropolitan Opera de New York avec Norma, Tosca puis Lucia. Ses rapports avec le directeur Rudolf Bing s’enveniment. Les exigences artistiques de Callas s’accordent mal avec les habitudes routinières du théâtre.

Maria Callas chante « Casta diva », extrait de l’opéra Norma de Bellini 

 

Un nouveau scandale éclate en janvier 1958 à Rome en présence du président de la République italienne. Après le premier acte de Norma, Callas aphone déclare forfait, mais le théâtre n’a pas prévu de doublure. Une foule haineuse fait le siège devant son hôtel. Un long procès donnera finalement raison à l’artiste dix-sept ans plus tard.

 

Callas fait ses débuts à l’Opéra de Paris en 1958. Cocteau, Chaplin, Bardot sont dans la salle ainsi que le président Coty. Le récital est retransmis à la télévision. C’est le début d’un grand amour entre Callas et la France.

En 1959, Maria Callas tombe amoureuse du milliardaire Aristote Onassis. C’est le début d’une passion violente. Elle divorce d’avec Meneghini. En 1961, elle s’installe à Paris, au 44 boulevard Foch, dans un appartement offert par l’armateur grec. Durant les années 1960, Callas qui découvre enfin l’amour et ses souffrances, se fait de plus en plus rare sur scène. Sa voix fait apparaître des problèmes de souffle et d’instabilité. En 1965, elle fait ses adieux à Londres dans le rôle de Tosca. Trois ans plus tard, elle apprend le mariage d’Onassis avec Jackie Kennedy. Elle s’installe au 36 avenue Georges-Mandel et s’enfonce peu à peu dans la solitude.

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En 1969, elle est actrice dans Médée, le film de Pasolini qui est un demi-succès. En 1971, elle accepte de donner des master-classes à la Juilliard School de New York. En 1973, elle commence une série de récitals avec Giuseppe di Stefano, devenu son amant. C’est un événement mais un échec artistique. En 1975, Onassis meurt à l’hôpital américain de Neuilly, Callas est à son chevet. Elle ne sort plus de chez elle et, le 16 septembre 1977, le monde apprend avec stupeur que Maria Callas a rendu son dernier soupir. Elle aura tenu 42 rôles, enregistré 26 intégrales d’opéra, chanté 595 représentations. La chanteuse n’est plus, mais la légende se poursuit et n’est pas près de s’éteindre.

 

Olivier Bellamy

 

 

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