LANG LANG

(1982 - ) Pianiste

Le pianiste Lang Lang incarne à lui seul la nouvelle puissance de la Chine en même temps qu’il révèle l’engouement du public chinois pour la musique classique occidentale, sa capacité à en maîtriser les codes tout en les réinventant. Il est en outre l’artiste classique le plus connu au monde.

Lang Lang en 5 dates :

  • 1982 : Naissance le 14 juin à Shenyang
  • 2003 : Premier CD avec Daniel Barenboim et L’Orchestre Symphonique de Chicago chez Deutsche Grammophon
  • 2008 : Joue en ouverture des JO de Pékin devant 4 milliards de personnes
  • 2009 : Le magazine Time le désigne parmi les 100 personnalités les plus influentes
  • 2019 : Steinway & Sons commercialise le modèle de piano « Lang Lang Black Diamond »

 

« Tu ne mérites pas de vivre. La mort est la seule solution », lui a dit son père 

La simplicité « musicale » de son nom n’est pas étrangère au succès de Lang Lang. Pourtant il s’agit de deux phonèmes différents en mandarin. Son nom signifie « homme de culture » alors que son prénom veut dire « lumière du soleil ». Doté de moyens phénoménaux, Lang Lang possède aussi un talent de communicateur hors normes. C’est à la fois un prodigieux musicien, un sportif de haut niveau, une star planétaire, un homme d’affaires avisé et un garçon charmant, généreux, ouvert. Son autobiographie Le piano absolu, parue chez Lattès en 2008, montre aussi un personnage plus sensible et profond qu’on pourrait le penser. Il révèle en outre que, derrière son talent, se profile la détermination forcenée d’un père qui lui a dit un jour : « Il vaut mieux mourir maintenant que de vivre dans la honte ! Ce sera mieux pour nous deux. Tue-toi le premier, je le ferai ensuite. » La leçon fut brutale mais porta ses fruits.

 

Le produit d’une Chine moderne après les horreurs de la Révolution culturelle

Lang Lang naît le 14 juin 1982 à Shenyang, ville « moyenne » de 9 millions d’habitants. Il grandit dans une caserne. Son père est musicien de l’Orchestre de l’Armée de l’air et sa mère travaille comme standardiste, bien qu’elle aurait aimée devenir chanteuse. À un an et demi, l’enfant découvre la Rhapsodie n° 2 de Liszt dans un épisode du dessin animé Tom et Jerry à la télévision. Il en est à ce point bouleversé que sa mère lui achète un piano droit. À 3 ans, Lang Lang commence à étudier avec Zhu Yafen, une professeure très douce à laquelle il est toujours très attaché. En 1987, il remporte le premier prix du Concours de Shenyang et donne son premier concert public. La politique de l’enfant unique a mis 10 millions d’enfants chinois au piano. Grâce à Lang Lang, ce chiffre a été multiplié par quatre ou cinq.

 

La Méthode de Piano « Lang Lang » remporte un vif succès

À 9 ans, Lang Lang remporte le premier prix du Concours Xingxai à Pékin. Il s’installe dans la capitale chinoise avec son père pour suivre les cours de Zhao Pinguo au Conservatoire. Sa mère reste à Shenyang, ce qui le rend infiniment triste. À 11 ans, il gagne le premier prix du Concours d’Ettingen (Allemagne) et deux ans plus tard remporte le Concours Tchaïkovski pour les jeunes au Japon. En 1996, Lang Lang est le soliste à 14 ans d’un concert de l’Orchestre symphonique national de Chine. Devant la concrétisation d’un authentique talent, la famille déménage aux États-Unis. L’adolescent entre au Curtis Institute de Philadelphie, dans la classe de Gary Graffman qui se révèle une excellence influence : « Arrête de considérer la musique comme une compétition ! » lui répète-t-il. Son père assiste à tous ses cours et s’occupe de sa carrière. Découvrant les enregistrements de Rubinstein, Horowitz ou Cortot, le jeune pianiste affine son goût sans renier sa nature d’entertainer. En 2016, la Méthode de Piano « Lang Lang » est parue chez Faber Classic (Henry Lemoine en France), et remporte un grand succès

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Les années 2000 sont les années Lang Lang. En 2001, il triomphe au Carnegie Hall

Mais c’est la rencontre avec Daniel Barenboim, lors d’une masterclass autour des sonates de Beethoven, qui va accélérer son destin. Impressionné par ses dons, le pianiste argentin est aussi conscient de ses lacunes culturelles. Il va néanmoins miser sur son potentiel en lui offrant son premier enregistrement chez Deutsche Grammophon avec l’Orchestre de Chicago (Tchaïkovski et Mendelssohn) qui remporte le Prix Echo. Peu à peu, Lang Lang joue avec les meilleurs chefs du monde (Rattle, Temirkanov, Mehta, Dudamel, Dutoit…) et rattrape son retard. De nombreux critiques pointent son manque de goût. Pourtant lors d’une écoute à l’aveugle par des critiques, c’est son enregistrement du Concerto n° 4 de Beethoven avec Christoph Eschenbach qui remporte la confrontation. Sa collaboration avec Valery Gergiev et surtout Nikolaus Harnoncourt autour de Mozart lui valent le respect des connaisseurs autant que l’engouement du grand public. En 2007, il crée la Lang Lang Music Foundation pour les enfants : « Un jour que je voulais tout arrêter, c’est en jouant pour des enfants que j’ai retrouvé le goût de vivre. »

 

Lang Lang durant une Masterclass de Daniel Barenboim 

 

Lang Lang collabore avec Quincy Jones, Eminem, Bruno Mars, et Drake !

Lang Lang multiplie les rencontres avec le cinéma (Alexandre Desplat) et la musique pop en collaborant avec Mike Oldfield, Herbie Hancock, Quincy Jones, Diana Ross, Eminem, Bruno Mars, Drake, Kendrick Lamar, Pink Martini ou John Legend. Il est classique mais de son temps. Le 8 août 2008, Lang Lang participe à la cérémonie d’ouverture des JO de Pékin et joue devant quatre milliards de téléspectateurs. Adidas crée la chaussure Lang Lang. Il signe aussi un contrat avec la marque Montblanc. Désormais, c’est une vedette internationale et plus seulement un pianiste classique. Le Time le désigne parmi les 100 personnalités les plus influentes au monde en 2009. Sa carrière atteint des sommets. Il donne près de 150 concerts par an. Il joue à l’Exposition universelle de Shanghaï en 2010, pour le jubilé de diamant de la reine d’Angleterre à Buckingham Palace, pour la cérémonie du Prix Nobel de Barack Obama… Mais il n’en oublie pas pour autant les collaborations musicales les plus exigeantes comme avec les pianos Steinway ou la Fondation Louis-Vuitton.

 

Consolation n°3 de Liszt

 

Comme un coup de tonnerre, la carrière de Lang Lang s’arrête brusquement. Le dieu du piano se réveille mortel. Il doit faire attention à lui

A 35 ans, Lang Lang se blesse au poignet à l’occasion d’un concert où il était insuffisamment préparé pour jouer le Concerto pour la main gauche de Ravel. Il doit s’arrêter de jouer pendant deux ans. Le coup est rude pour l’artiste qui ne ménage ni sa peine ni son temps depuis l’âge de 3 ans. Il promet de réduire le nombre de ses concerts et d’être plus raisonnable. Cette convalescence est un mal pour un bien puisqu’il se marie avec Gina Redlinger, une jeune pianiste germano-coréenne de 25 ans rencontrée à Berlin six ans auparavant. Le voyage de noces a lieu à Paris et au château de Versailles les premiers jours de juin 2019. Comme tous les Chinois, Lang Lang est très lié à Paris ; il y a acheté un appartement où le couple aime séjourner. Comme le dernier CD de Lang est consacré à ses musiques d’enfance (Piano Book), on pourrait imaginer qu’un heureux événement viendrait à point nommé parachever ce retour au monde de la sagesse.

 

Olivier Bellamy

 

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