Donald Trump, Bill Clinton : deux présidents face à la procédure de destitution

C’est aujourd’hui la fin du procès en destitution de Donald Trump. Aucun suspense, le président américain sera acquitté. D’autres présidents ont fait face à une procédure d’impeachment, Andrew Johnson en 1868 et surtout Bill Clinton en 1998.

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Bill Clinton fragilisé par un scandale sexuel au sein de la Maison Blanche

Il est intéressant de comparer 1998 et 2020. En ce qui concerne Donald Trump, l’affaire est grave mais ne mobilise pas vraiment les foules. Bill Clinton c’était le contraire : une histoire de fellation dans le bureau ovale entre adultes consentants, mais qui allaient passionner l’Amérique et le monde. Le 26 janvier 1998, Daniel Bilalian commence son journal de 20h sur France2 par ces mots:
« Réélu triomphalement il y a un an, le président américain Bill Clinton va-t-il être obligé de démissionner, ou sera-t-il destitué pour incitation à faux témoignage -pour mensonge, donc- ? La question est réellement posée ce soir. En effet, la presse américaine s’est emparée d’une nouvelle affaire : une liaison amoureuse entre le président et une stagiaire de la Maison Blanche. » La stagiaire en question s’appelle Monica Lewinsky. Bill Clinton, empêtré dans une affaire de harcèlement remontant à l’époque où il était gouverneur de l’Arkansas, demande à Monica de ne rien révéler de leur relation. Mais un procureur rêve de faire tomber le président des Etats-Unis : Kenneth Starr.

 

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Bill Clinton est accusé de parjure, de subornation de témoin et d’obstruction à la justice

Il va médiatiser cette affaire. En ce mois de janvier 1998, Bill Clinton nie en bloc toute relation avec miss Lewinsky. Alors qu’il négociait un plan de paix au Proche-Orient, le président américain lâche lors d’une conférence de presse : « Je n’ai pas eu de relations sexuelles avec Mademoiselle Lewinsky ». Le FBI met pourtant la pression sur Monica qui craque et qui avoue sa liaison avec le président américain. Bill Clinton est accusé de parjure, de subornation de témoin et d’obstruction à la justice, et il doit s’expliquer sous serment devant le procureur.

 

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Le 17 août 1998, les questions sont très directes sur les agissements du président. Bill Clinton humilié va confesser une conduite repréhensible mais aucun rapport sexuel. Le soir même il s’adresse aux américains et déclare avoir eu une « relation inappropriée avec mademoiselle Lewinsky, c’était une erreur, une défaillance personnelle ». Il ajoute en être le seul et l’unique responsable, et reconnaît avoir trahi les gens, et surtout son épouse Hillary. Durant tout l’été, la presse américaine s’intéressera au cigare de Bill et au string de Monica.

 

Bill Clinton défendu par Robert Badinter

Bill Clinton est soutenu par les dirigeants du monde entier, en France Robert Badinter, alors président du Conseil Constitutionnel ne mâche pas ses mots : « ce que j’ai vu est honteux humainement. N’importe quel homme serait outragé par ce type de questions, dans n’importe quelle juridiction, on aurait prononcé le huis clos ». Bill Clinton a été acquitté en février 1999, sa cote de popularité dépasse les 60%. Bill et sa femme Hillary qui durant cette année 98 l’a toujours soutenu en public. 20 ans après les faits, et en plein phénomène #metoo, Hillary Clinton est invitée lors d’une conférence à parler des droits des femmes. Une personne lui demande pourquoi elle n’a pas soutenu Paula Jones et Monica Lewinsky, elle répond que « tout le monde doit être cru en première intention, jusqu’à ce que des preuves conduisent à ne plus les croire ». Hillary Clinton qui, lors de ses face à face avec Donald Trump en 2016 avait dû s’expliquer sur le MonicaGate. Il n’imaginait pas que 3 ans et demi plus tard, il serait lui-même confronté à une procédure d’impeachment.

 

Renaud Blanc

 

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