Ce matin, toute la presse internationale et française commente les bombardements de plusieurs villes ukrainiennes ce lundi 10 octobre. Si la plupart redoutent un embrasement du conflit, certains estiment que le régime Poutine avance inévitablement vers sa propre fin.
L’Ukraine va demander « un changement radical concernant l’aide occidentale », selon The Guardian
La Stampa en Italie titre « La vengeance de Poutine ». El Pais en Espagne se concentre sur les Ukrainiens visés avec sa une : « la peur revient dans les rues de Kiev ». En Allemagne, le Frankfurter Allgemeine Zeitung affiche « la solidarité allemande après les bombardements russes » et pour le Washington Post, « le conflit change de nature et de rythme ». A tel point que se pose aujourd’hui la question d’un possible changement de stratégie côté occidental, analyse Le Monde. Alors que « la guerre se trouve à un tournant […] certains se demandent si les Etats-Unis et leurs alliés ne devraient pas aller plus loin que d’aider Kiev à se défendre en contribuant plus énergiquement à faciliter une victoire ukrainienne », note encore le Washington Post. Selon The Guardian, l’Ukraine pourrait à l’occasion de la réunion d’urgence du G7 qui a lieu aujourd’hui « exiger un changement radical concernant l’aide apportée par l’Occident ».
Libération affirme que ces bombardements sont « un aveu de faiblesse »
La presse française n’est pas passée à côté de l’évènement non plus : « déluge de frappe russes » pour Le Monde, « la stratégie de la terreur » pour Le Figaro et « Poutine se venge » pour Les Echos. On constate que l’analyse des évènements diverge : « l’ours russe blessé dans son orgueil est plus dangereux que jamais. Sur les 80 missiles lancés par la Russie, la moitié a été interceptée », observe Gilles Sengès de L’Opinion. « L’Occident pourra difficilement résister à de nouvelles demandes de livraison d’armes [à l’Ukraine] ». Pour Libération, « ces bombardements sont un aveu de faiblesse, c’est la loi du Talion, une vengeance pure et en aucun cas une stratégie militaire ». Il n’empêche, conclut Alexandra Schwartzbrod, que « la situation est hautement inflammable ». Pour Yves Bourdillon des Echos, « si la riposte russe peut satisfaire les durs du régime, elle sera sans doute peu efficace, les destructions de cibles civiles affaiblissant rarement la détermination des peuples visés ».
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Enfin, dans Le Figaro, Philippe Gélie parle d’une fuite en avant pour le Kremlin. « La question centrale pour Poutine n’est pas la vengeance comme le titrent les journaux, mais de savoir comment inverser le cours de la guerre. Poutine se présente comme victime du terrorisme, ce qui pourrait prêter à sourire, mais dans la bouche de ce champion de l’antiterrorisme du Caucase à la Syrie, le mot envoie un message à la nation russe : il signifie qu’il n’y a pas de marche arrière possible. De quoi préoccuper les sponsors de la machine de guerre ukrainienne. Faut-il acculer le maître du Kremlin à la défaite ou préparer Kiev à lui laisser une porte de sortie ? » . Plus loin, Renaud Girard voit les choses plus positivement : « maintenant que le rapport de force est établi et qu’il y a un équilibre militaire sur le terrain, la négociation politique devient possible ».
David Abiker