Un été plus chaud et plus sec attend la France, notamment sur la partie Sud du pays, selon les services météorologiques. Dans ces conditions, faut-il se préparer à une nouvelle sécheresse, avec des restrictions d’usage de l’eau pour les agriculteurs ?
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En 2019, 88 départements français avaient été placés en alerte sécheresse
Un été chaud ne sera peut-être pas catastrophique cette année. Le niveau des eaux souterraines est qualifié aujourd’hui de satisfaisant. Grâce aux nombreuses pluies de cet hiver, la recharge des nappes phréatiques a été bonne. « On a eu une très bonne recharge en début d’hiver, confirme Jérôme Nicolas hydrogéologue au BRGM, le Bureau de recherche géologique et minière. On a eu moins de pluies en début du printemps, mais il y a eu une pluviométrie excellente, voire excédentaire, au mois de mai. Cela a conforté la situation de certains aquifères de certains secteurs ».
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La situation est bien meilleure donc, qu’à la même époque l’an dernier, où la recharge avait été très faible. La France avait alors connu un épisode de sécheresse exceptionnel, avec 88 départements en alerte ou soumis à des restrictions pour l’usage de l’eau. Mais des tensions persistent, notamment dans l’Est du pays. « A l’Est, sur la nappe de la plaine d’Alsace, la nappe des calcaires de Lorraines ou les nappes des couloirs de la Saône, on a une situation qui reste tendue, avec une recharge moins importante. On accuse encore un déficit dans ces aquifères-là. Ce seront des secteurs à surveiller ».
Le Rhône est déjà soumis à des restriction de 25% de l’usage de l’eau, même pour l’irrigation des cultures
Des restrictions pour l’usage de l’eau sont déjà en vigueur dans 12 départements, dont la Loire-Atlantique, la Vendée, la Côte-d’Or ou encore la Saône-et-Loire… Dans le Rhône, le préfet a décidé de placer le 20 avril dernier le département en alerte sécheresse, avec déjà une réduction de 25% des prélèvements d’eau, même pour l’irrigation des cultures.
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« Il a pas mal plu ces derniers temps. Les plantes n’ont pas soif. Par contre, la nappe phréatique n’est pas remontée cet hiver, ni les hivers passés, détaille Stéphane Peillet, céréalier à Saint-Priest et vice président de la FDSEA du Rhône. Cet été en juillet, s’il n’y a pas de fortes précipitations, on aura des difficultés à arroser toutes nos cultures, le tournesol, le soja, le maïs… S’il y a une restriction de 50% de l’usage de l’eau, ce sera très compliqué ».
L’Allier, le Puy-de-Dôme et l’Ardèche classés rouges, pour risque de sécheresse, par le ministère de l’Ecologie
Tout va se jouer dans les prochaines semaines et tout va dépendre de la pluviométrie. S’il ne pleut pas suffisamment, la situation pourrait se dégrader rapidement. Les agriculteurs tentent de s’adapter, avec plus de cultures d’hiver, comme le blé, et moins de maïs. Mais ce n’est pas toujours aussi simple. « Il faut 30% d’eau de plus pour faire une tonne de blé qu’une tonne de maïs. Sauf que le blé pousse en hiver, quand l’eau tombe de façon naturelle ».
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« Il pousse de mars-avril à octobre, en plein été. Cela semblait une bonne idée sauf que cette année, cela a eu un effet pervers puisque le mois de mars et avril ont été très secs. Il a fallu arroser beaucoup sur les blés ». Le Rhône fait partie des 11 départements classés rouges il y a 1 mois par le ministère de la Transition écologique. Rouge, pour un risque de sécheresse très probable cet été. C’est le cas également des départements de l’Allier, du Puy-de-Dôme ou encore de l’Ardèche.
Baptiste Gaborit