Nous ne sommes plus qu’à deux jours d’une échéance capitale pour la papeterie écolo de Chapelle Darblay près de Rouen, fermée depuis 1 an maintenant. Sans offre de reprise au 30 juin, le site aurait été démantelé. Des offres sont bien arrivées, mais l’avenir du site est encore flou…
30% des papiers à recycler des Français arrivent à la Chapelle Darblay
Un accord avait été conclu l’an dernier pour préserver l’outil industriel, maintenir le site en état et donc éviter son démantèlement jusqu’au 30 juin. L’usine avait été fermée en juin dernier par son propriétaire, le groupe finlandais UPM. Entre temps, 6 offres sont arrivées pour cette usine unique en France, puisque c’était le dernier site français de recyclage papier, le seul à faire du papier journal 100% recyclé. Depuis juin 2020 et la fermeture de l’usine, 3 employés -3 représentants syndicaux-, se battent pour sauver leur usine. Parmi eux, Cyril Briffault, délégué CGT, explique à quel point le site est crucial : « 30% des papiers à recycler des Français arrivent à la Chapelle Darblay ! Cela signifie que ces plus de 400 000 tonnes de papier à recycler partent pour le moment en Allemagne, ce qui représente plus de 2 millions de kilomètres supplémentaires en camion, c’est une vraie catastrophe ».
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Parmi les 6 offres, l’une prévoyait de poursuivre dans l’activité du carton, mais le repreneur s’est finalement tourné vers une autre papeterie dans l’Eure. Plusieurs offres portent également sur une poursuite de la papeterie, une autre sur un projet de production d’hydrogène… Les représentants syndicaux poussent pour l’activité papetière. Arnaud Dauxerre, représentant des cadres de Chapelle Darblay, souligne que si le groupe a choisi de fermer le site, c’est pour « adapter son marché à la production, car le papier journal recyclé n’est plus un débouché pérenne ». UPM travaille ainsi à conforter ce débouché au travers de nouvelles applications: l’emballage léger, l’emballage souple, les caisses cartons et la filière de l’isolation.
Anne Hidalgo et Edouard Philippe ont signé un appel à sauver l’usine de la Chapelle Darblay
Selon les représentants syndicaux, une offre réunissant plusieurs industriels pour un projet de reprise de l’activité papetière est en train de se construire. Cette solution est privilégiée également par le maire de Rouen, président de la métropole, Nicolas Mayer-Rossignol, qui avait envoyé en mars dernier un courrier à Emmanuel Macron. Il s’agissait d’un appel à sauver l’usine, cosigné par 67 élus, maires de grandes villes, dont Edouard Philippe ou Anne Hidalgo. « Cette entreprise est au cœur de ce qu’on veut pour ce siècle, c’est-à-dire l’économie circulaire », assure le maire de Rouen. La décision finale reviendra au propriétaire, le groupe UPM. 228 salariés avaient été licenciés l’an dernier.
Baptiste Gaborit