Pollution de l’air : Une étude révèle quelles sont les deux mesures essentielles pour faire chuter la mortalité

istock

Lutter contre la pollution de l’air peut faire chuter de deux tiers la mortalité associée à cette pollution tout en dégageant d’autres bénéfices sanitaires et des bénéfices économiques importants. Ce sont les résultats d’une étude menée par plusieurs chercheurs dans l’agglomération grenobloise.

L’objectif est de diviser par trois la mortalité liée à cette pollution

L’agglomération grenobloise est touchée par cette problématique de la pollution de l’air. Il y a environ chaque année, 150 personnes qui décèdent prématurément du fait de leur exposition aux particules fines. Partant de ce constat, les chercheurs ont rencontré les élus de l’agglomération grenobloise. Ils ont fixé un objectif : diviser par trois la mortalité liée à cette pollution et ont identifié deux mesures qui permettraient d’y arriver. Selon Sandrine Mathy, directrice de recherche au CNRS, économiste de l’environnement : « la première mesure est liée au chauffage à bois. Il faut remplacer tous les chauffages non performants, comme les cheminées avec un foyer ouvert, par des poêles à granulés qui eux, émettent beaucoup moins de particules. L’autre levier est celui des transports individuels et notamment sur les voitures individuelles. Les résultats montrent qu’il faut réduire d’un tiers le nombre de kilomètres parcours sur le territoire ».

A lire aussi

 

Cela représenterait 12 000 équipements de chauffage à changer. Pour les transports, il faut développer les transports en commun mais aussi les infrastructures dédiées au vélo ou à la marche à pied. Et les résultats sont là, Rémy Slama est épidémiologiste environnemental à l’INSERM : « on arrive à baisser d’environ 6 microgrammes par mètre cube les niveaux de pollution ce qui entraînerait un gain d’un point de vue sanitaire de 150 décès évités chaque année. 90 de ces décès sont liés aux particules fines et 60 aux gens qui utilisent leurs voitures ». Des co-bénéfices importants sur d’autres pathologies et dans les scénarios où une bonne partie des kilomètres parcourus en voiture sont remplacés par des kilomètres parcourus en mobilité active, la marche ou le vélo, les bénéfices sont encore plus importants. « On arrive à 250 décès évités chaque année ce qui n’est pas totalement étonnant puisqu’au-delà de la pollution atmosphérique, la sédentarité est un facteur majeur de risque dans nos sociétés » affirme Rémy Slama.

40 000 décès prématurés sont associés chaque année en France à la pollution de l’air

Les chercheurs se sont penchés également sur le rapport coût / bénéfices économiques de la mise en place de ces mesures. Il faudra certes subventionner le remplacement des équipements de chauffage et investir dans les infrastructures mais les bénéfices économiques seront largement supérieurs aux coûts selon Sandrine Mathy : « un chauffage plus performant nécessitera moins de combustibles, des modes de transports moins gourmands en énergie entraineront des économies. Dans les 30 années à venir, ce programme peut générer un bénéfice net de l’ordre de 9 milliards d’euros ».

A lire aussi

 

Cette étude est la première en France, à démontrer que les bénéfices sociétaux sont supérieurs aux coûts des mesures d’amélioration de la qualité de l’air. Pour Rémy Slama : « cela démontre qu’il n’y a pas d’excuses pour ne pas agir et que les sociétés ont tout à gagner à lutter contre cette pollution atmosphérique à l’échelle urbaine ». Selon Santé publique France, 40 000 décès prématurés sont associés chaque année en France à la pollution de l’air et à l’exposition aux particules fines.

Baptiste Gaborit 

Retrouvez 3 minutes pour la planète