Le congrès mondial de la nature s’est tenu en septembre 2021 à Marseille. Radio Classique est partenaire du comité français de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature. Connue désormais dans le monde entier pour sa liste rouge des espèces menacées il en existe également une autre : celle des écosystèmes. Le résultat, là aussi, est inquiétant notamment pour les écosystèmes forestiers.
Sur les 19 écosystèmes évalués, 4 sont considérés comme menacés 7 autres classés en « quasi menacés »
1/3 des espèces d’arbres sont actuellement menacées dans le monde selon les résultats d’une étude publiée la semaine dernière. Le comité français de l’UICN s’est intéressé aux écosystèmes forestiers français de la Méditerranée. Sur les 19 écosystèmes évalués, 4 sont considérés comme menacés et 7 autres classés en « quasi menacés ». Thierry Gauquelin, professeur à l’Institut Méditerranéen de Biodiversité et d’Ecologie marine et continentale l’explique par l’impact du réchauffement climatique : « puisque l’on on va avoir une hausse de la température plus importante en moyenne sur le globe, et une augmentation de la sécheresse estivale. Dans beaucoup de cas il y a une urbanisation des milieux littoraux qu’on appelle une littoralisation. Celle-ci est extrêmement importante et menace aussi cette forêt »
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Les forêts méditerranéennes jouent aussi le rôle de vigie du changement climatique comme un objet de recherche pour le devenir des forêts plus au Nord qui ne sont pas encore atteintes par des températures plus importantes. C’est pour cela que Thierry Gauquelin et son équipe ont installé un laboratoire à ciel ouvert sur une parcelle de 300 m2 de chênes pubescents, espèce phare de forêts méditerranéennes, à côté de Manosque dans le département des Alpes- de-Haute-Provence. Une bâche va être installée les jours de pluies sur une petite portion de la forêt entre les mois d’avril et de septembre/octobre. L’objectif est d’arrêter la totalité des pluies : « comme si on était dans un climat encore plus sec qu’à l’heure actuelle. »
Forêts d’Europe : les plus riches ne représentent plus que 1% de la surface.
Il s’agit donc de simuler les conditions climatiques attendues dans 20 ou 30 ans. Les scientifiques ont déjà prouvé que le processus de décomposition de la litière (les feuilles qui tombent puis qui deviennent des nutriments pour les arbres) est très ralenti dans des conditions plus sèches sauf si les essences sont variées. « Le mélange de plusieurs espèces dans une forêt prouve que celle-ci sera beaucoup plus résistante aux changements climatiques » analyse Thierry Gauquelin. Il s’agit de privilégier les essences variées et donc surtout pas de plantation monospécifique pour permettre aux forêts de s’adapter.
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L’UICN dans sa liste rouge s’est également intéressée aux écosystèmes littoraux et aux mangroves de Mayotte. Alix Sauve, en charge de cette liste rouge pour le comité français de l’UICN indique que sur 31 écosystèmes évalués, 13 sont classés menacés. Une liste qui permet de connaître les écosystèmes les plus menacés, les plus à risques mais également les types de changements que l’on peut observer. Les scientifiques peuvent ensuite bâtir des stratégies de conservation à l’échelle de ces écosystèmes.
L’UICN veut faire voter avant la fin du congrès une motion pour défendre les vieilles forêts européennes. Celles qui sont les plus riches en biodiversité, mais qui ne représentent plus que 1% de la surface des forêts en Europe.
Baptiste Gaborit