Face aux feux extrêmes les Etats ne sont pas prêts, selon L’ONU

istock

Les feux de forêts vont devenir de plus en plus fréquents et de plus en plus violents. Leur nombre devrait augmenter de 50% d’ici la fin du siècle. C’est l’alerte lancée ce matin dans un rapport publié par le programme des Nations Unies pour l’environnement.

Au Canada, les feux de forêts déclenchés par la foudre représentent plus de 80% des superficies brûlées

Les feux extrêmes vont augmenter de 14% d’ici la fin de la décennie, de 30% en 2050 et de 50% d’ici la fin du siècle. Le changement climatique et ses impacts sont en cause. Selon Tim Christophersen, directeur de la branche Nature for Climate de l’UNEP, le programme des Nations Unies pour l’environnement, « on voit plus de sécheresses et on voit aussi plus de phénomènes extrêmes comme les orages violents et donc plus d’impacts de foudre. Cela peut déclencher des feux de forêts y compris dans des régions comme en Arctique, qui étaient jusque-là épargnées. Et puis à cause du réchauffement climatique, les forêts deviennent plus sensibles aux attaques des insectes. Elles sont affaiblies et plus vulnérables aux feux ».

A lire aussi

 

Au Canada par exemple, les feux de forêts déclenchés par la foudre représentent plus de 80% des superficies brûlées. Un changement climatique aggravé ici ou là, par la mauvaise gestion des écosystèmes. Aucune région du monde ne sera épargnée : « tout le Bassin méditerranéen va devenir un hotspot des feux de forêts. On voit aussi des feux en Arctique. Des incendies qui se déclenchent dans des petits écosystèmes mais qui deviennent ensuite hors de contrôle comme en Amérique du Sud ou en Afrique. Toute la planète sera affectée » affirme Tim Christophersen.

L’adaptation au changement climatique doit devenir un sujet politique majeur

Il y a donc des conséquences importantes, économiques évidemment, avec 10 milliards d’euros de dégâts en Californie en 2018, mais aussi sanitaires : les feux de forêts et leur fumée empoisonnent des millions d’habitants. C’est une aggravation du changement climatique avec le carbone relargué durant ces incendies : « le carbone dégagé par les feux constitue ce que l’on appelle une boucle de rétroaction très importante. Les méga feux peuvent aggraver le réchauffement climatique. Par exemple en 2015, l’Indonésie a connu une de ses pires saisons de feux de forêts. Le pays a émis cette année plus de carbone que les Etats-Unis ou la Chine ».

A lire aussi

 

Le programme des Nations Unies pour l’environnement estime aujourd’hui que les Etats ne sont pas préparés à ce risque d’incendies ou en tout cas trop peu. Ils misent trop sur les moyens dédiés à la lutte contre les flammes mais pas suffisamment sur l’adaptation et donc sur la prévention et la préparation comme par exemple sur la restauration des écosystèmes dégradés. Pour Tim Christophersen : « la restauration des écosystèmes peut aider à faire revivre le cycle hydrologique et quand le cycle de l’eau est en bonne santé, les écosystèmes sont moins vulnérables aux incendies. Il faut s’assurer que les forêts sont diverses et planter des espèces indigènes plus résilientes. Aujourd’hui, les Etats réagissent quand les feux de forêts arrivent mais il est souvent trop tard ». L’adaptation au changement climatique et à ses impacts et l’augmentation des feux de forêts doivent devenir un sujet politique majeur. Ce sera d’ailleurs l’objet du prochain rapport du GIEC, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, qui sera publié ce lundi 28 février.

Baptiste Gaborit

Retrouvez 3 minutes pour la planète